Chapitre 8: partie 2

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   Ils débouchèrent enfin sur la salle de bal. Cette pièce gigantesque mesurait 150 mètres de long pour 60 mètres de large. A l'origine, une dépendance, la salle avait été cependant raccordée au bâtiment principal après la création des appartements ministériaux d'été. Satty resta stupéfaite devant tant de beauté, les lieux étaient tout simplement splendides. Le sol de marbre étincelait tel un miroir. Sur le côté gauche deux grands escaliers symétriques légèrement courbés permettaient de se rendre à l'étage supérieur, l'étage des quartiers présidentiels. Entre les deux escaliers se trouvaient des tables rondes recouvertes de nappes blanches et immaculées sur lesquelles on avait posé services et argenteries. Au centre de chaque table se trouvaient de jolis bouquets de fleurs exotiques, mais que l'on avait choisi blanches afin de s'accorder au thème. De grands miroirs avaient été fixés dans le fond pour donner l'impression que les lieux s'étendaient à l'infini et des bougies parfumées flottaient dans les airs sous l'effet d'un sortilège. Pour finir, on avait pris soin d'accrocher de longues voilures blanches autour de l'alcôve, ce qui donnait un aspect orientalisant.

   Il y a 60 années de cela, le président Jean le Bon avait fait construire cette pièce pour en faire une loggia. La galerie était alors ouverte côté cour et côté jardin, mais à la mort du précédent président, son actuel successeur avait décidé de fermer la pièce pour en faire une salle de bal. De l'architecture originale étaient restées de grandes arcades vitrées sur le côté droit qui s'ouvrait sur une terrasse, propice les soirs de bals aux complots et aux intrigues amoureuses. Au-dessus des fenêtres se trouvait une grande loge où l'orchestre philharmonique jouait. On pouvait s'y rendre grâce à un petit balcon intérieur d'un mètre de large qui faisait tout le tour de la salle de bal jusqu'à rejoindre les grands escaliers de marbre au premier étage. L'endroit était idéal pour épier et se faire voir. D'ailleurs bon nombre d'invités s'y trouvant arboraient les costumes les plus extravagants de la soirée ou avaient sorti leurs jumelles d'opéra pour observer les gens en contrebas !

    Pour une jeune fille gourmande comme Satty, un autre point l'impressionna fortement : le buffet. Sur les petites tables aux nappes blanches immaculées, se trouvaient des mets des plus raffinés. Certaines tables accueillaient les produits de la mer, d'autres les desserts, d'autres encore de petites entrées. Jamais, Satty n'aurait pensé avoir la chance un jour de pouvoir goûter à certains de ses produits ! Des toasts de caviar sur lit de menthe, de saumon fumé des mers de l'ouest avec une noisette de beurre, de perles de merlan sur pain grillé, de coquilles de Saint-Jervis surmontées de quelques herbes aromatiques baignant dans une sauce au champagne, d'huîtres fraîches (de la journée !) et leur filet de citron ! Et que dire du foie gras poêlé sur brioche avec sa compotée de poires caramélisées, des crevettes Arhold (les plus prisées du pays) dans un petit ramequin rempli de mousse d'asperges et de poivrons caramélisés ?! Ce n'était pas seulement un bonheur pour les yeux de voir tout ce mélange de couleurs et de formes mais aussi pour les papilles !! Un serveur proposa à Satty un petit four qu'elle accepta avec joie. Les invités ne se servaient pas eux-mêmes. Ils pouvaient se faire servir à table, être servis au cours de leur déambulation par les domestiques qui se déplaçaient avec des plateaux garnis, ou bien s'ils le souhaitaient (et c'était là l'occasion parfaite d'échanger des commérages et de nouer des intrigues) se diriger vers la table qui les intéressait pour se faire servir. Les produits les plus raffinés et les plus sophistiqués du pays étaient réunis sur une dizaine de tables. Les vins et boissons qui accompagnaient les mets étaient de même très prisés. Des vins de hauts crus, rouges, blancs, bleus ou rosés, chacun y trouvait son compte, tel des champagnes grandioses et des cocktails savoureux qui pétillaient étrangement (sûrement sous l'effet d'un sortilège) et qui une fois en bouche révélaient des arômes exquis et incomparables. Bien que Satty évitait l'alcool, notamment après avoir vu les ravages qu'il engendrait sur sa mère, dans l'euphorie du moment elle prit tout de même une coupe de vin bleu qu'elle dégusta avec délice.

La sorcière détective !  /  Tome 1: Le manoir aux deux dragonsWhere stories live. Discover now