Quelque chose d'horrible est sur le point de se produire ! C'est ce dont est persuadée Satty, hantée par l'horrible cauchemar qu'elle fait de plus en plus souvent. Celui-ci est toujours annonciateur d'une journée pleine de malchance. Tout le monde s...
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Satty se trouvait maintenant sur une chaise en face du bureau du directeur. L'immense pièce était uniquement éclairée par une lampe de table. L'atmosphère rappelait à la jeune fille une séance d'interrogatoire. Toutes les vitres, à l'exception d'une des fenêtres du fond, étaient closes et avaient leurs volets fermés. Deux bâtons d'encens brûlaient de part et d'autre de la table, rendant l'atmosphère si lourde que Satty avait du mal à respirer. Monsieur Smitche faisait les cent pas et n'avait prononcé aucun mot depuis cinq bonnes minutes, si bien que Satty attendait impatiemment de savoir la raison de sa convocation. Au fur et à mesure que le temps passait son angoisse augmentait, si bien qu'elle sursautait toujours à chaque fois qu'il passait à côté d'elle. Pour ne rien arranger à son stress, un métronome battait les secondes. Elle se triturait à présent les cheveux frénétiquement et espérait de tout cœur que son supplice s'arrête au plus vite. N'y tenant plus elle exhorta Monsieur Smitche à parler. Il eut apparemment l'air satisfait de sa réaction, car il sourit et vint s'asseoir sur le fauteuil en face d'elle.
Monsieur Smitche avait toujours bien aimé Satty : elle faisait en effet partie de ses élèves préférés car elle était toujours vive et enjouée. Il aimait aussi son côté téméraire et les fortes convictions que Satty était prête à défendre contre tous. Avec elle on ne s'ennuyait jamais. Il avait toujours envie de rire à chacune de ses lubies ou de ses bêtises (comme la fois où elle s'était teint les cheveux en vert pour ressembler à une héroïne d'un de ses livres préférés, ou encore ses séances de théâtre dans les bois, sans oublier le jour où elle avait manqué de faire exploser le labo de chimie en confondant les doses...). Il y en avait eu des bêtises et des idées farfelues avec elle ! Elle allait même lui manquer car l'animation de l'école reposait pour l'essentiel sur ses frasques ! Mais bien qu'il eût à chaque fois une forte envie de rire, prenant son rôle de sous-directeur très au sérieux, il avait dû souvent se mordre la lèvre pour ne rien en faire, ce qui lui donnait un air encore plus crispé qu'à l'accoutumer ! Aujourd'hui n'avait pas fait exception et il avait dû attendre cinq bonnes minutes avant de retrouver son calme et pouvoir lui parler normalement car Satty avait l'air si effrayée que ça en devenait comique ! Quand elle le supplia de lui dire quelque chose, il parvint enfin à se contrôler et vint s'asseoir en face d'elle.
-Mademoiselle Satty Williams Parkers, savez-vous pourquoi je vous ai fait venir dans mon bureau ?
-Non, dit-elle d'une voix tremblante. Enfin, si ... ce n'est pas parce que je traînais dans le couloir ?
-En effet, vous traîniez dans les couloirs, mais nous y reviendrons plus tard ; il y a beaucoup plus urgent. Vous ne voyez toujours pas ? dit-il surpris en voyant le visage déconfit de son interlocutrice ? Réfléchissez bien !
Satty prit un air paniqué, machinalement elle porta le bout de sa natte à sa bouche et commença à la mordiller, quand elle n'y tint plus, elle recracha le tout et se mit à crier.
-J'avoue, j'avoue tout, c'est vrai je suis arrivée en retard aujourd'hui et j'ai oublié de nourrir les poissons quand c'était mon tour le mois dernier !!
