Quelque chose d'horrible est sur le point de se produire ! C'est ce dont est persuadée Satty, hantée par l'horrible cauchemar qu'elle fait de plus en plus souvent. Celui-ci est toujours annonciateur d'une journée pleine de malchance. Tout le monde s...
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-Vous promettez qu'il ne s'agit en aucun cas d'un vase magique, qu'il n'est pas collé au sol par je ne sais quel procédé !?
-C'est un vase, tout ce qu'il y a de plus normal je vous l'assure !
Au bout de quelques minutes d'hésitation elle se décida enfin à franchir la barrière. Elle passa devant la porte d'entrée et eut presque envie de l'ouvrir en grand et de partir en courant, mais elle n'en fit rien. Au lieu de cela, elle se dirigea d'un pas vif vers l'énorme vase que Monsieur Smitche lui avait indiqué. Le vase faisait environ deux mètres de haut.
De facture délicate, ce vase de porcelaine d'un blanc immaculé était finement décoré par de jolis motifs bleus, peints à la main, représentant des grues sous des branches de cerisiers en fleur. Vu la taille du vase et la précision des détails, cela avait dû demander des heures de travail aux artisans, mais le résultat en valait vraiment la peine. Satty avait presque l'impression de pouvoir sentir le doux parfum des fleurs, de pouvoir se perdre sous l'étendue du paysage et les oiseaux étaient si réels avec leurs yeux expressifs qu'elle porta la main à son visage là où moins d'une heure plus tôt le stupide corbeau d'Anatole l'avait attaquée. Le souvenir ne lui en parut que plus vif !
Elle s'arracha enfin de sa contemplation après que Monsieur Smitche se soit rappelé à elle en déplaçant sa chaise bruyamment pour mieux voir. Elle prit donc une grande bouffée d'air, gonflant ses poumons et remontant ses épaules, puis elle enlaça le vase. Cependant, ses bras n'arrivaient même pas à en faire le tour ! Elle réussit tant bien que mal à le maintenir et tout en s'encourageant à haute voix, elle entreprit de le soulever de toutes ses forces. Au bout d'une minute, elle dut bien se résigner à admettre qu'elle n'y arriverait jamais car malgré tous ses efforts, le vase n'avait pas bougé d'un pouce. Quelque peu découragée, elle regarda autour d'elle de manière à trouver quelque chose qui pourrait l'aider dans sa quête. Elle ne pouvait tout de même pas se résigner à perdre si facilement !
Après avoir passé les environs au peigne fin, elle se dirigea à pas vifs vers la grande cheminée de marbre qui se trouvait plus à sa droite. Monsieur Smitche la regardait amusé, se demandant ce qu'elle allait bien encore pouvoir inventer. Elle prit un long tisonnier en fer forgé qui servait à retourner les bûches en hiver et s'en empara. Revenant alors sur ses pas, elle surprit le regard du sous-directeur qui avait l'air tout d'un coup quelque peu inquiet ! Elle glissa tant bien que mal le tisonnier sous la jointure du vase. L'entreprise fut quelque peu laborieuse, mais elle y parvint tout de même. Le tisonnier était maintenant coincé et tenait en diagonale. Un côté sous le vase, l'autre en lévitation à environs trente centimètres du sol. Elle recula autant qu'elle put et se mit à courir de toutes ses forces. Quand Monsieur Smitche comprit ce qu'elle avait en tête il était trop tard ! Elle venait déjà de sauter à pieds joints de tout son poids sur le tisonnier. Malheureusement, le résultat ne fut pas celui escompté, car le vase ne se souleva qu'à peine ! Il fallait qu'elle pense à quelque chose qui lui permettrait de le soulever encore plus, à un système de poulies ! Mais il n'y avait pas de cordes.
