Chapitre 40/Fin(du 1er tome)

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Je haletai. Je me revoyais le premier jour de l'entraînement, courir autour du stade jusqu'à ce que Simon me dise d'arrêter. Mes genoux touchèrent la neige, je frappai le sol de mes poings et je me relevai. Je marchais, je m'enfonçais dans la neige qui m'arrivait jusqu'aux genoux. Je ne pensais plus au froid. Je ne pensais plus à rien. Je n'étais qu'une ombre qui avançait dans l'immaculée blanc. Vidée. Je ne savais plus pourquoi j'avançais. Je savais seulement que si je m'arrêtais je ne me relèverai pas. Peut-être était-ce la meilleure solution. J'avais encore le poing serré autour des amulettes. Malgré mes doigts engourdis je réussis à les mettre autour de mon cou. 12 amulettes, 13 avec la mienne. Le poids était lourd. Jusque-là, c'était la haine qui m'avait poussé vers l'avant. La vengeance, je voulais qu'Aldrick meurt. Mais je n'en pouvais plus de toute cette haine, elle laissait place au désespoir. Qu'avais-je pensé quand j'avais été sélectionné ? Je changerai le système, je rétablirai la justice. Je ris. Quelle illusion de gamine. J'étais quoi ? Un vulgaire pion. Toute la motivation que j'avais fait entendre aux autres je l'avais perdu. Je ne pouvais rien faire. J'avais perdu tous mes principes ici. Qu'étais-je devenue ? Une épave. Meurtrie.

J'avais l'impression que le ciel bougeait. Je pris ma tête entre mes mains. C'est alors qu'une énorme araignée velue apparue. Je criai, je frappai l'air de ma dague. Je fermai les yeux et je les rouvris. J'hallucinais. Je vis alors une branche d'un arbuste. Encore une hallucination ? Non. Je m'approchai, une branche couverte de feuilles vertes dépassait de la neige. Je grattai jusqu'à déterrer la plante. J'arrachai les quelques feuilles qu'il possédait et les mangeai. Je m'allongeai, j'écartai les bras et les jambes en étoile. Le soleil s'était couché, j'avais mal partout. Les étoiles scintillaient dans le ciel, la lune dessinait un croissant parfait. Je levai un bras et avec une main j'essayais de faire un cercle parfait avec la lune. Mam. Elle me manquait horriblement. Elle m'avait demandé de réussir. Je l'avais promis à mes sœurs. C'est alors qu'au milieu de ce cercle parfait passa une ombre. Non, c'était un papillon bleu. Je le fixai, il vint se déposer sur l'arbuste. Je me redressai. Une lueur d'espoir illumina mon regard. Je m'emparai de l'animal ou plutôt de l'objet qu'il était. Je cachai l'objet dans mes mains et dépliai ses ailes. Le même déclic et puis ce même mot : l'Axe Lunarikos. Le nom donné au groupe de rebelles, pensai-je. D'autres mots s'affichèrent :  « You're not alone Moonstone ». Pierre de lune. Mon cœur se serra, c'est ainsi que m'appelait Simon. Je n'étais pas seule. Simon faisait-il partie des rebelles ? Puis une autre phrase s'afficha « Montre leur que tu es là et que tu n'abandonneras pas ». Les lettres restèrent affichées. Je réfléchis, une cascade de questions m'assaillit. Pourquoi moi ? Pourquoi était-ce moi qui avait reçu le revolver ? Que signifiait le symbole de mon pendentif ? Et l'Axe Lunarikos ? Pierre de lune. Je compris, ils m'avaient pris en symbole. Et ce symbole mourait sous leurs yeux, allongé dans la neige. Je me levai. Ils voulaient que je montre que j'étais encore là ? Ou que les rebelles résistaient toujours ? Le papillon afficha alors « Follow the moon ». « Suis la lune ». De l'anglais ? Ça me faisait penser un slogan mais peut-être était-ce ça justement. L'anglais, la langue universelle. Mon désespoir s'envola, j'avais une cause pour laquelle me battre. Et puis j'avais promis. Mino était derrière, les autres aussi. Je pouvais les sauver. Je voulais aider les rebelles. Je voulais mettre un terme à ce système. J'enlevai mon collier Pierre de lune. Avec ma dague, j'aiguisai les bouts de la lune. Quand ils furent devenus tranchants, je jetai la dague derrière moi et me fit une profonde entaille dans la main. Je serrai les dents pour ne pas crier. Du sang jaillit de ma paume. Alors j'entrepris de tracer des lettres dans la neige avec mon sang. Il ne s'arrêta pas même quand j'eus fini décrire. J'appliquai alors de la neige sur ma main et je déchirai mon pantalon pour me faire un bandage. J'avais fini. Le voilà mon symbole. « Follow the Moon », le slogan de l'axe se détachait sur le blanc.

Quatre heures. Je me remis à marcher avec une nouvelle détermination, sauver ceux que j'aime, prouver au monde que oui je suis encore là. Je ne suis pas morte. Mon cœur n'a pas cessé de battre. Je savais que je m'étais mise en danger pour la suite. Mais ils n'auront pas le droit de me tuer. Je raconterai que j'avais perdu la tête. Alors à ce moment précis je me sentis libre. Le vent froid et chargé de flocons soulevait mes cheveux. J'avais l'impression de m'être débarrassé de liens qui me retenaient depuis trop longtemps. Je me sentais fière, libre comme l'air, sans loi, sans frontière. Je retirai mon chrono et je le balançai dans la neige. Deux heures. J'y arriverai. Coûte que coûte. Je perdis la notion du temps. Je ne sentais plus mes doigts. Mes cils avaient gelé, mes lèvres bleuit. J'avançais lentement et c'est alors que je la vis, la porte d'arrivée. Grande, rouge et noire, aux couleurs du système. Mais à ce moment mes jambes ne me portèrent plus. Je m'effondrai au sol. Je pensai à ce que Mam m'avait un jour dit. Nous étions en forêt elle et moi. Je devais avoir six ans et je n'en pouvais plus de marcher. Je lui avais alors déclaré:

-Je ne peux plus marcher. J'ai trop mal aux jambes.

-Si tu ne peux plus marcher alors cours !

-Et si je ne peux ni marcher, ni courir ? 

-Alors tu rampes Elea, avait-elle dit dans un sourire.

Ce que je fis, je me mis à ramper. J'utilisais mes coudes pour avancer et mes genoux. J'avançais par saccades mais j'avançais. J'étais si près ! La neige pénétrait mon manteau et me brûlait la peau. Enfin je la sentis, ma tête cogna sur de la pierre. Je me tournai sur le dos. Ok. Je poussai un long soupir. J'essayai de bouger mes doigts. Sans résultat. Je poussai contre la porte, elle ne bougea pas. Je levai les yeux. Là. Le lecteur d'amulettes. J'arrivai non sans peine à enlever les amulettes. Je m'efforçai alors de les passer chacune dans le lecteur selon la consigne. Je n'étais pas folle. Je passai le mien en premier, un voyant vert s'alluma. 10 secondes et il repassa au rouge. Mino: numéro 6. Arellys: numéro 8. Antonin: numéro 25. Je ne me souvenais plus des autres que je passais au hasard. Je passai la dernière amulette, le voyant passa au vert. Je me jetai contre la porte qui s'ouvrit dans un fracas. Je basculai à l'intérieur d'une pièce. La chaleur me fit pousser un soupir de soulagement. Je tournai la tête vers la porte qui se refermait sur l'étendue de neige, sur l'enfer que je venais de traverser. Ce fut la dernière vision que j'eus.

Hello, alors voici la fin de ce premier tome ! Je suis tellement fière d'avoir réussi à le finir et plus que tout, je suis fière que des lecteurs aient lus mon histoire jusqu'au bout.^^

Alors j'aimerais avoir vos impressions en guise de conclusion : Avez-vous aimé cette première partie ? Êtes-vous prêt pour le deuxième tome? 😏Encore merci❤️

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now