Chapitre 29

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Je m'effondrai sur le sol, Mino à côté de moi. Jamais je n'avais été aussi contente de me retrouver dans la boue.

Je restai interdite puis je m'assis. J'observai les visages crispés encore tendus de crainte et de stress. Je soupirai en secouant la tête et je criai :

-Ils ne nous ont pas eu ! Vous entendez ! On est encore là. On l'a traversé ce foutu pont ! Arellys pleurait de soulagement. Je me tournai vers Mino. Son visage était marqué par l'effort. Alors je n'eus même pas besoin de parler. Mon regard traduisit mon remerciement et je me jetai contre lui pour le prendre dans mes bras. Surpris d'abord il me serra contre lui et nous nous mîmes à rire comme pour évacuer le stress trop important.

3 jours 2 heures

J'avais fait un garrot à mon bras. Mais il fallait qu'on trouve un endroit où se poser pour que je puisse recoudre la plaie, qui s'était agrandie. Le seul problème c'est que nous étions morts de soif et qu'il fallait absolument trouver un lac ou une rivière. Pour une fois nous fûmes chanceux. Peu de temps après nous tombâmes sur une petite cascade. Nous nous installâmes en aval un peu plus loin. Je pris du fil et une aiguille dans ma trousse de secours. Arellys et Antonin étudiaient la carte et cherchaient le chemin le plus rapide. Je plantai l'aiguille dans ma peau, je serrai les dents. J'essayai de faire le plus vite possible mais c'était difficile à une main. Soudain Maé s'approcha de moi.

-Laisse-moi faire. Tu fais n'importe quoi.

Étonnée, je la laissais faire. D'un geste habile, elle recousut ma plaie plus solidement qu'avant.

-Fais attention que ça ne s'infecte pas.

-Oui ne t'inquiètes pas, merci.

-De rien, s'il y a bien une personne à qui je suis redevable c'est toi.

Je lui souris, j'eus un pincement au cœur, elle ressemblait tant à ma sœur. Cette pause faisait du bien à tout le monde. Il y avait longtemps qu'on ne s'était pas réellement assis et détendus. J'avais envie de me laver, de me sentir propre. Le problème c'était les drones toujours présents à tourner autour de nous. Je ne souhaitais pas m'exhiber devant le monde entier. Alors, pendant que personne ne m'observait je m'éclipsai entre les arbres. Je courus de toutes mes forces, voulant semer des chasseurs inexistants. C'était si bon de se sentir aussi libre. Mon collier se balançait contre ma poitrine. Puis je reconnus la petite cascade. Je m'approchai, parfait. Je me déshabillai ne laissant sur moi que mon pendentif pierre de lune et les cinq amulettes. L'eau était froide. J'y plongeais les pieds, puis mes jambes, ma peau se couvrit de chair de poule. Je continuai d'avancer jusqu'à plonger la tête sous l'eau. J'ouvris les yeux sous la rivière, elle était légèrement opaque. Je me mis à brasser l'eau de mes bras et je remontai à la surface. Que c'était agréable. Soudain j'entendis un craquement de feuilles sur la rive. Je tournai la tête dans cette direction, aux aguets et inquiète. C'était Mino. J'éclatai de rire. Lui aussi.

-Depuis quand es-tu là ? dis-je un sourire aux coins des lèvres.

-Je viens d'arriver. Je t'ai suivie quand je t'ai vue partir.

Des fossettes se formèrent sur son visage illuminé.

Puis il ajouta :

-Comment réagirais-tu si je partais avec tes vêtements ?

-Quoi ! N'essaye même pas !

-Je pense que j'ai deux options.

Il s'empara de mes vêtements posés à terre. Je me rapprochai de la rive en nageant.

-Repose les !

-Soit je pars en courant, soit...

-Mino ! dis-je sur un ton plaintif et amusé.

C'est alors qu'il prit de l'élan avant de se jeter dans le ruisseau en bombe, provoquant une vague que j'évitais en plongeant sous l'eau. Je refis surface. Il se tenait debout, l'eau dégoulinant le long de son tee-shirt moulant. Il secoua la tête, ses cheveux bruns mouillés m'éclaboussant. Je me levai face à lui et fit de même. Il râla en riant, puis retira son tee-shirt qu'il envoya sur la rive. On se fixa intensément. Ses yeux brun foncé, légèrement plissés me fascinaient. Puis, doucement, je m'approchai. J'effleurai ses lèvres des miennes et je le fis tomber à l'eau. Il cria puis m'éclaboussa jusqu'à ce que je tombe à mon tour. Une bataille s'engagea alors. Il gagnait, je riais et mon cœur palpitait.

2 jours 22 heures

Lorsque nous rentrâmes au camp la nuit tombait. Arellys s'approcha :

-Eh où étiez-vous ?

-On se baladait simplement, répondit Mino en me faisant un clin d'œil.

Arellys enchaîna, feignant n'avoir rien vu:

-Il nous reste à peu près 120 km à parcourir. C'est pas mal donc il ne faut pas traîner, dit-elle en tapotant son chrono.

-Demain on part à l'aube.

J'acquiesçai. Antonin avait réussi à pêcher quelques poissons avec sa lance. La nuit s'installait, nous fîmes un feu et nous assîmes autour. Au moment où je pensai aller me coucher, Mino me prit par la main et me chuchota :

-Suis-moi, j'ai un endroit à te montrer.

Je le suivis ne sachant à quoi m'attendre. Nous marchâmes un moment avant de rencontrer un énorme rocher, tel une mini montagne.

-Il faut grimper, me murmura-t-il dans un sourire.

Je le regardai étonnée. Puis nous grimpâmes, et arrivâmes sur une petite plate-forme. C'était magnifique, des fleurs violettes, bleues semblaient illuminées par la lumière des étoiles. Des petits insectes luminescents volaient dans tous les sens. On se serait cru dans un conte de fées. Je m'assis par terre, Mino m'imita.

-C'est magnifique.

Je levai les yeux au ciel. La lune. Elle était pleine et illuminait la nuit d'ordinaire si sombre. Sans savoir pourquoi je fus remplie d'une profonde tristesse. Ils me manquaient. Tous. Qu'étaient-ils devenus ? J'espérais seulement que ma famille n'était pas tombée chez les Exclus. Et Simon, que devait-il penser ? Lui si révolté contre ce concours... Essayait-il de faire quelque chose ? Je serrais mon pendentif contre ma paume, c'était un geste qui me réconfortait. Mino me caressa la joue et observa lui aussi mon pendentif d'une autre main.

-C'est une lune avec la terre à l'intérieur ? D'où vient-il ?

- Oui, il représente Mam, ma grand-mère. C'est elle qui me l'a donné.

-Je trouve que cette lune te correspond surtout à toi.

-Tu trouves ?

Mino plongea son regard dans le mien.

-Tu es juste comme elle, tellement solitaire, tellement lointaine parfois ; mais comme elle, tu nous éclaires dans le noir, tu brilles au milieu du chaos.

Je le fixai avec des yeux remplis d'amour et je l'embrassai, doucement. Le temps parut se suspendre. Tous deux nous trouvions en l'autre la raison de vivre, la force de se battre

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now