Chapitre 15

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La deuxième semaine s'écoulait avec le même rythme. Je sentais que je progressais. Je pouvais désormais courir de longues heures sans m'essouffler. Les formes de mes muscles se dessinèrent plus distinctement et je perdis le peu de gras que j'avais. Simon me faisait travailler la force mais surtout mon agilité. Un point essentiel si je voulais survivre disait-il. Puis arrivèrent les "cours" indispensables à la survie. Mon coach travaillait ma réflexion et j'appris les notions vitales de survie. Cela se déroulait dans la pièce de droite du couloir central.

La première fois que j'entrai, je trouvai la pièce sombre et confinée. Simon s'avança dans la pièce et actionna un bouton. Aussitôt des volets automatiques laissèrent place à la lumière du jour. L'endroit était vide excepté une table ronde où était étalé le matériel de survie.

-Ne sous-estime jamais ces cours de survie Elea. Enregistre tout ce que je vais te dire. Ne pas savoir ces bases sera la cause de 90% des morts. Si tu ne les connais pas tu es déjà morte. Ce serait comme offrir un souriceau à un chat. Mort avant d'avoir fait un pas. Mais commençons par le matériel. Tu vois ces bracelets de cordes ? Ils te serviront pour réparer des vêtements comme pour lier du bois ensemble.

J'acquiesçai, fascinée par ce que j'apprenais. Je me concentrais afin de tout retenir. Simon me montra ensuite les différents couteaux dans le but de couper les branches, et la nourriture. Il y avait aussi une grosse corde et des mousquetons. Mon coach m'expliqua comment m'en servir et m'assurer seule en escalade comme une sorte de rappel.

-Ton sac contiendra en plus une gourde, de la viande séchée, des allumettes et un briquet, une boussole, ainsi qu'un kit pharmacie. C'est moi qui suis chargé de la composition de ton sac qui sera contrôlé par le système et divulgué aux spectateurs. Le but étant de donner plus de précision sur toi en vue des paris.

Je grimaçai et je demandai :

-Je n'aurais pas de corde ?

-Non, ton sac serait trop lourd et il faut que tu sois rapide, me répondit-il en effectuant un clin d'œil.

-Donc c'est tout ?

-Non Elea c'est là où je vais plus loin. Imagine que tu perdes ton sac. Tu dois pouvoir te débrouiller sans.

Durant les jours suivants j'appris comment faire un feu sans briquet, à fabriquer des pièges pour animaux et à les dépecer.

-Fais bien attention aux plantes et aux fruits. Certains sont mortels, vérifie toujours qu'ils soient comestibles. Par exemple si tu vois des animaux consommer une plante inconnue, tu peux faire de même, sinon évite.

-Et pour le kit pharmacie ?

-Alors c'est plus difficile mais si tu n'as pas le choix, tu dois utiliser les boyaux d'un animal comme fils et un os fin pour l'aiguille. Sinon tu peux toujours faire un garrot mais seulement en dernier recours. Et si une plaie est infectée, tu sais quoi faire ?

Je le fixai, pas très sûre de ma réponse.

-Le feu ?

-Exact, si tu laisses la plaie comme elle est, ton sang s'infectera à son tour et tu mourras.

Le dernier point sur lequel il insista fut le travail en équipe.

-Rappelle-toi qu'on est toujours plus fort à plusieurs.

Puis il ajouta :

-Il faut absolument que tu trouves un point d'eau avant la première nuit. De plus, déplace-toi toujours discrètement quand tu chasses. Et fais-en sorte de ne rien sentir.

-Comment ça ? Je ne dois pas sentir mauvais ?

Il rit doucement.

-Eh bien oui, ton odeur corporelle, et surtout celle du savon, sont repérables à des centaines de mètres pour les animaux.

Je hochai la tête et je souris à mon tour.

Un autre événement vint marquer cette deuxième semaine. Mon premier cours de combat. Je m'y connaissais très mal dans ce domaine. J'avais seulement essayé une année de self-défense avec une amie. Mais je doutais que ce que j'avais appris soit efficace face à Simon. Il avait dessiné plusieurs cercles par terre. Un très grand puis un autre plus petit à l'intérieur, qui contenait aussi un troisième, un quatrième puis un cinquième cercle. C'est alors que je vis un croissant de lune dans le dernier cercle. Je fixai Simon d'un air inquisiteur. Il rit devant mon air perdu.

-Tu as 5 cercles Elea. Au début tu te situes à l'extérieur. Plus tu progresses, plus tu te rapproches du centre. Plus tu te rapproches de ton but.

J'aimais beaucoup le concept. Je me plaçai donc à l'extrémité du grand cercle. Simon m'interpella et secoua la tête.

-Non non, places toi pour le début au milieu, au centre.

-D'accord.

Je me positionnai donc sur le croissant. Simon me jeta un regard amusé.

-Montre-moi ce que tu sais faire. Je vais t'attaquer et tu dois seulement t'enfuir pour l'instant. Si tu quittes le grand cercle, tu gagnes. Mais je parie que tu ne dépasses pas le premier.

Je le regardai indignée.

-Tu le penses vraiment ? Ne me sous-estime pas, répondis-je amusée à mon tour.

Mon coach s'approcha de moi.

-Top ! cria-t-il.

Je ne bougeai pas, j'attendais qu'il s'élance pour l'esquiver. Ce qu'il ne fit pas. Il fit semblant de s'élancer sur moi, je reculai par instinct. Et à ce moment il me saisit et me plaqua au sol avec une rapidité étonnante. J'étais à terre et me débattais comme jamais mais je ne bougeais pas d'un pouce.

-Allez fais-moi mal !

Je n'y arrivai pas. J'avais l'impression que j'avais mes pieds et mes mains comme attachées, encrées au sol.

-C'est bon t'as gagné, lâchai-je faignant d'être contrariée.

Je me relevai et Simon expliqua d'un air sérieux :

-Alors règle numéro 1, ne te laisse jamais impressionner par un adversaire. Reste forte sur tes appuis. Sinon c'est bien, tu as voulu jouer sur ta rapidité. Maintenant n'essaye pas de fuir, mais combat. Tu vois tu peux te déplacer sur l'ensemble du grand cercle. Essaye de minimiser les chutes au sol.

-Quoi ?? Je n'avais pas prononcé ce mot que Simon me fit valser à terre. Je n'étais pas préparée et l'impact fit surgir une douleur dans mon avant-bras.

-Relève toi !

Je me relevai, sur mes appuis. Il me saisit et essaya de me faucher le pied. Je résistai quelques secondes avant de me retrouver une nouvelle fois au sol. Je me remis debout immédiatement et j'esquivai l'attaque de Simon.

-Bien.

Je me déplaçais sur l'ensemble du grand cercle. Je reculais, il avançait. Cela dura un certain temps. J'arrivais cependant à esquiver certaines de ces attaques. Et lorsque je tombais, je me réceptionnais sans douleur.

-Maintenant attaque moi ! Ne fuis plus.

Je le laissai donc s'approcher et donnai un coup de genou dans l'entrejambe qu'il réussit à esquiver. Au moment où je touchai terre, j'agrippai ses jambes et réussis à le déséquilibrer. Nous roulâmes à terre et il m'immobilisa comme la première fois. Je haletai, j'avais sans doute des bleus sur tout le corps. Simon se releva, je restai allongée à terre.

-C'est bien. Il reste beaucoup de boulot mais je suis optimiste. Je ne te demande pas de me mettre à terre par la force. Niveau corpulence tu n'y arriveras jamais. Il faut que tu tires profit de tes avantages. Tu es rapide, et aussi intelligente. Laisse un adversaire lourd être entraîné par son poids. Cherche les points sensibles, frappe au visage, à la gorge, au ventre.

-Je ne crois pas être en capacité de bouger Simon.

Il secoua la tête et me tendit sa main.

-Allez, relève toi Pierre de Lune.

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now