Chapitre 22

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Une immense forêt s'étendait à perte de vue. Un ciel bleu pâle surplombait cette immensité verte. "La forêt amazonienne", pensai-je.

Je n'en revenais pas. La voix reprit :

-Avant que tous cela débute il est nécessaire que vous sachiez ces ultimes informations.

Je vis les caméras de l'appareil bouger, zoomant probablement sur nos visages ahuris.

- Voyez-vous les tiroirs au-dessus de vos sièges? Ouvrez-les.

Nous nous exécutâmes.

-Il y a un plan pour chacun de vous. La croix rouge est votre point de départ, la croix noire, celui d'arrivée.

C'était plutôt simple vu comme ça, pensai-je.

-Vous avez une semaine, une semaine pour rejoindre ce point, à environ 250 kilomètres. Ne croyez pas cela facile. Le parcours est semé d'embûches, difficiles à contourner. Chacun de vous détient également un chronomètre. Qui décompte le temps qu'il vous reste, pour l'instant non enclenché.

En effet l'objet affichait 7 jours 0 heure 0 minute 0 seconde.

-Nous arrivons ensuite au plus important : les amulettes. Vous en possédez chacun une, qui vous est propre, avec votre numéro inscrit au centre.

Je saisis la mienne. La chaîne était en métal, ainsi que le pendentif. Celui-ci était en forme de toile d'araignée, un polygone à six sommets d'où partait pour chacun une ligne noire. Elles rejoignaient un cercle où étaient inscrit au centre les chiffres 3 et 7. Pour 37. La voix continua :

-Le principe est simple, ce sont vos clés d'accès à la porte. La porte au niveau de la croix noire, la porte finale. Si vous arrivez à cette porte sans l'amulette, vous ne pourrez pas rentrer, vous ne pourrez pas finir le parcours. Ce serait dommage. Et au contraire, tous ceux qui n'auront pas réussi à atteindre la porte, pourrons terminer le parcours si votre amulette est passé dans le décodeur de la porte par une autre personne. À méditer n'est-ce pas ? Ah je crois que nous sommes arrivés au point de départ. Bonne chance chers candidats. "Que votre instinct vous guide".

Toujours cette même phrase.

-Qu'entendait-il par "nous sommes arrivés" ? demandai-je.

-Aucune idée, me répondit Mino le garçon asiatique.

-Ça sert à quoi ça ? demanda une fille en sortant le dernier sac de son tiroir. Elle l'ouvrit et nous découvrîmes un parachute. Avant que quiconque eu le temps de réfléchir une alarme annonça :

"Fin du pilotage automatique dans 10 secondes".

"10"

Shit. Les connards.

"9"

-Quelqu'un sait piloter un avion ici ?! criai-je.

Je ne reçus aucune réponse, des visages apeurés se tournèrent vers moi.

"8"

-Ok, lança Arellys. Il y a bien quelqu'un qui peut le faire !

-Je tente ! répondis un gars blond prénommé Antonin.

"7"

-Prenez tous vos parachutes. Il faut sauter ! dis-je.

Tout le monde s'exécuta. Je saisis le mien et le positionna sur mon dos.

"6"

Le type prénommé Baptiste lança :

-Faut ouvrir la porte !

-Hors de question de sauter ! cria une fille, Maé. On peut contrôler l'hélico. Vous êtes fou !

Les autres candidats étaient terrifiés. C'était la panique générale.

Arellys répondit :

-Tu crois vraiment qu'il va réussir à maîtriser cet engin, non. On va finir écrasés si on reste à bord de ce truc !

"3"

J'observai mon parachute. Il y avait une languette rouge sur le côté gauche. Sans aucun doute pour l'actionner.

-Faut actionner la languette rouge sur votre gauche. Quand vous serez à environ 500 mètres du sol. Compris ?! leur dis-je.

"2"

Je soufflai.

"1"

La porte s'ouvrit enfin actionnée par Mino. Une bouffée d'air glacial s'engouffra dans l'appareil.

"0"

L'hélico piqua net vers le sol nous entraînant tous au sol. Je roulai sur le métal et je me heurtai violemment à une paroi de l'appareil. Soudain l'hélico se redressa quelque peu, zigzagant. Antonin essayait de piloter l'appareil.

-Allez sautez ! criai-je à nouveau.

Kenzo et Baptiste furent les premiers à se lancer dans le vide. Les autres suivirent ensuite. Nous perdions de l'altitude. Je m'approchai d'Antonin, il essayait tant bien que mal de redresser l'appareil, sans résultat. Il se mit ensuite à toucher les boutons au hasard. Mauvaise idée. Une explosion se fit entendre. Une odeur de brûlée vint confirmer les faits. Le système avait explosé. Les quelques candidats restants furent de nouveau projetés au sol qui tanguait dangereusement.

-Il faut sortir ! cria Mino.

Je me traînai jusqu'à la porte. Je regardai en bas. Oh mon dieu, c'était tellement haut. Arellys passa devant moi me demandant si ça allait. J'acquiesçai et elle sauta. Non ça n'allait pas. J'avais la phobie du vide, la phobie de tomber. Mino empoigna Antonin qui ne servait plus à grand-chose au poste de pilotage. Ils atteignirent la porte et sautèrent. J'étais paralysée. Il fallait que je saute. Je regardai autour de moi lorsque j'aperçus la jeune fille qui avait refusé de monter à bord de l'hélico recroquevillée sur elle-même. Merde. Je me traînai jusqu'à elle, l'empoignai. Elle se laissa faire. Je regardai de nouveau par-dessus la plate-forme. Bon nous n'étions plus très haut, plutôt inquiétant en fait. La fille portait son parachute mais je doutai qu'elle puisse l'actionner. Il fallait que je la porte. Je lui retirai son sac.

-Tu t'accroches à moi lui criai-je. Elle enroula ses bras autour de mon cou. Allez ! pensai-je. Je repensais à Simon, pour lui j'allais le faire. Je fermais les yeux, je sentais le vent me gifler le visage. Et je me laissai glisser. Mes genoux ne touchèrent plus le sol. J'agrippai de toute mes forces la fille collée contre mon torse. Elle enroula ses pieds autour de ma taille. Je me sentis chuter, je n'osai pas ouvrir les yeux. Je détestais la sensation de tomber, cette sensation de ne plus rien pouvoir contrôler. On aurait dit que j'étais dans un autre univers, loin de tout l'horreur de ce monde. Mais il fallait faire face à la réalité alors j'ouvris les yeux. Je ne vis rien au début tout était flou, puis je vis les arbres se rapprocher à une vitesse effrayante. Je paniquai, ma main gauche cherchant désespéramment la languette pour actionner le parachute. Mes oreilles sifflaient. Ça ne pouvait pas se terminer comme ça. Puis mes doigts saisirent enfin l'objet. Je tirai dessus de toute mes forces. Un choc suivit et faillit nous séparer, la fille et moi. Elle s'agrippa plus fort à moi. Le parachute s'était déployé. Mon cœur battait la chamade. Il restait l'atterrissage. J'avais de plus en plus de mal à maintenir la fille. Elle glissait. J'observai là où nous nous dirigions. Rien ne permettait de distinguer où nous étions. J'eus à peine le temps de voir deux autres parachutes un peu plus sur ma gauche s'enfoncer entre les arbres. Je n'en pouvais plus. Nous approchions dangereusement des arbres. Il n'y avait pas de plaine ni de champ où atterrir. Et là tout se passa très vite. Je perdis le contrôle de la descente, je sentis la fille glisser, glisser...des branches se casser son notre poids, la fille m'échappa. C'était comme dans mes pires cauchemars. Je pensai toucher le sol. Mais il ne vint pas. Je m'immobilisai pourtant. Quelque chose me retenait par le haut et me lacerait les épaules. Mon parachute. Je poussai un cri de douleur.Je cherchais un couteau dans une de mes poches et je m'efforçai de couper les fils qui me retenaient. Je tombai à nouveau et cette fois j'atterris sur le sol. Je roulai sur le dos, les larmes aux yeux. Je serrai la mâchoire, ils n'auront pas cette satisfaction de me voir pleurer. J'avais mal partout, mais je ne voulais pas voir les dégâts.

Je crois que cette fois c'était officiel les "outlast games" avait commencé.

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now