Chapitre 9

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Chapitre 9

Soudain la détonation retentit et tous s'élancèrent en courant vers la porte. Malgré la fumée soulevée par le piétinement des candidats, je distinguai des formes que j'avais pris pour des rochers se mouvoir vers le centre de l'arène. Je n'avais pas dépassé la ligne rouge. Je me mis alors à marcher lentement dévisageant la foule lorsque je me sentis observer. Je tournai la tête et je les vis enfin : Charles Aldrik et Lanster, assis confortablement parmi de grands chefs d'États dont le dirigeant coréen. Tous les officiers présents affichaient un brassard avec le symbole de la toile en feu. Le plus imposant restait Charles Aldrik, son regard et sa façon d'observer l'arène me surpris. Il avait revêtu un uniforme noir et gris. Une broche représentant une toile d'araignée en feu était accrochée à sa chemise grise avec cravate. Sa veste noire était ornée de nombreuses médailles rappelant son statut de général et de chef de l'armée. Il portait également un képi qui renforçait cette puissance militaire. Quant au colonel sa chemise blanche contrastait avec sa veste et son pantalon bleu foncé. Ses épaulettes, ses manches couleur or ainsi que son insigne sur sa veste soulignait également son statut de colonel. Il avait fière allure, pensai-je. J'eus l'impression qu'il me jeta un regard glacial et je souris en retour. Ça ne lui plaisait pas que je prenne mon temps ? Mais mon attention retomba bien vite au centre de l'arène où j'entendis des cris. Les formes que j'avais vu bouger étaient en réalité des animaux ! Énormes, difformes, avec de longues griffes coupantes. J'avais entendu parler des modifications génétiques et du brassage de gène. Mais toutes expériences à ce sujet avaient été stoppées, l'État jugeant qu'on ne pouvait contrôler la vie. Cette loi n'était plus en vigueur apparemment. J'entendis des cris d'épouvantes dans les tribunes. On aurait dit que ces monstres étaient un mélange entre une panthère et un paresseux de par leurs longs museaux et leurs moustaches. En effet les bêtes étaient lentes mais plus que tout avaient d'énormes griffes. On nous avait dit de réfléchir alors j'observai. Les bêtes n'attaquaient pas, on avait l'impression qu'elles voulaient jouer. Plutôt difficile avec ces griffes. A ce moment je vis un garçon planter une lance dans le dos l'animal. J'eus l'impression que les yeux de l'animal devinrent rouges et il se jeta sur l'adolescent. Une petite fille rousse cependant réussit à esquiver ces grands animaux en zigzagant entre eux. La foule maintenant paniquait et criait en tous sens. Certains essayèrent de s'enfuir mais les portes avaient été fermées, les obligeant à observer l'horrible spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. J'étais toujours en arrière, je n'avais pas encore atteint les bêtes. Certains candidats coururent en arrière et firent demi-tour. 

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Je ne sais que faire, je ne veux pas entrer par la porte mais je ne peux pas rester ainsi à ne rien faire. C'est alors que je vois la petite fille de 8 ans, couchée à terre, pleurant, l'énorme bête au-dessus d'elle. Celle-ci essaye de jouer mais griffe la fille par la même occasion. Mon cœur s'accélère, c'est alors que j'imagine ma sœur à sa place. Je m'élance alors en sprintant vers la créature. Elle se retourne à mon approche, ses yeux globuleux me fixant. J'attrape la fille esquivant au même moment un coup de griffe. La petite fille s'accroche à mon cou et je cours alors du plus vite que je peux. Mais un coup de griffe me lacère la jambe et je sens le sang couler le long de mon mollet. Je continue de courir malgré la douleur. J'entends la respiration bruyante de la bête derrière moi à quelques mètres. Des cris, des pleurs, il n'y a que ça, partout. Je n'y arriverai pas, pas avec la petite fille en plus qui me ralentis. Je dois tuer l'animal. Je dépose l'enfant par terre, dégaine mon poignard et d'un bond me retourne au moment où la bête se jette sur moi. J'essaye de diriger la lame vers son cœur, en espérant qu'il soit toujours à gauche. Son poids m'entraîne dans sa chute et je tombe avec elle. Je sens la lame s'enfoncer, j'entends son cri d'agonie puis elle ne bouge plus. Je dégage le corps, je ne peux pas m'attarder. C'est alors que j'entends un cri plus fort que les autres, sur ma droite. C'est une femme qui tend ses bras au-dessus de l'arène à travers les barreaux de protection.

-Mon enfant, mon enfant ! crie-t-elle. 

J'empoigne l'enfant et cours vers la femme. Avant de tendre la fille, je me retourne et je vois le colonel Lanster se lever précipitamment de son dossier les yeux rivés sur la scène qui se déroule. Je vois très bien que c'est interdit à son regard qui signifie "Ne fais pas ça". Mais j'en ai cure. Comme par défi, je tends la jeune fille à des hommes qui viennent aider la mère à récupérer son enfant. 

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Ma Pierre de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant