Chapitre 10/11

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Chapitre 10

Je revins vers le centre du stade. Un autre animal arrivait vers moi en se dandinant. Je décidai de faire la même chose que la fille rousse, zigzaguer. J'attendis le cœur palpitant que la bête s'approche assez pour m'élancer vers la droite. Puis je piquai un sprint, encore heureux que les bêtes soient lentes. Alors que je courais, je vis devant moi un garçon typé asiatique aider l'enfant de 10 ans à se cacher derrière les énormes caméras plantées au sol près de la porte en métal. L'adolescent s'engouffra ensuite par la porte qui le sélectionna. Le chiffre 4 laissa place au chiffre 3. Il ne me restait plus que quelques mètres avant d'avoir passé le "barrage" de monstres. En effet aucune bête ne s'aventurait près de la grande porte. La bataille faisait rage ici, une fille tomba par terre à quelques mètres de moi les mains en sang. La bête se déchaînant sur elle. La plupart des candidats n'avaient pas réussi à avancer plus loin et avaient reculer. Soudain une créature pivota vers moi me bloquant le passage. Je ralentis ma course. Je dû mal anticiper son déplacement car je me heurtai en plein fouet contre son flanc. Quelque peu sonnée, je reculai épouvantée, la bête se rapprochant. J'eus alors une idée insensée, je me jetai en avant par terre. Au moment où je dépassais la bête, un coup de griffe m'effleura le cou. Je crus mourir mais la douleur lorsque je touchai le sol me prouva le contraire. Je roulai plusieurs fois et je me relevai aussitôt et je courus sans me retourner. Je touchai instinctivement l'éraflure à mon cou. J'avais failli y passer. Raison de plus pour ne pas franchir cette foutue porte. Je dépassai la barrière de monstres et je me stoppai net devant la porte. Je fixai cette entrée vers l'enfer. Le chiffre 1 était inscrit. Plus qu'une personne, une place pour le concours. Je ne bougeais plus puis fis un pas sur le côté puis un autre. J'entendis haleter derrière moi. Un garçon brun aux yeux bleus avançait en boitillant. Il me lança un regard inquisiteur, puis il passa la porte. 

« Je t'en prie », pensai-je avec ironie. La porte se referma, le chiffre zéro trônant sur sa partie supérieure. Je me retournai faisant face au reste de l'arène. Les bêtes avaient subitement arrêté le carnage et rentraient par une interstice dans le mur du stade, comme appelé par quelqu'un. Je poussai un long soupir de soulagement. C'était finit. C'est alors que Aldrick annonça les sélectionnés. Je regardai dans leur direction alors qu'il s'apprêtait à parler. Il avait le même regard qui m'avait surpris. Un mélange d'envie et de délectation. Ce regard qui avait contemplé avec joie ce qui s'était déroulé, ce carnage. C'est alors que je compris la vraie nature de ce personnage sombre. Plus que pour contrôler la population, plus que pour l'argent des paris, ce concours c'était pour lui. Il aimait ça, les jeux de survie. Il est sadique, pensai-je estomaquée. 

J'observai ensuite le visage de Lanster qui me souriait d'un air malin. Je ne compris pas sur le coup. 

-Elea Vinot, première sélectionnée. 

Je sentis le monde ralentir autour de moi. MOI. C'était impossible ! Comment avait-il pu faire ça. Mes jambes tremblaient, j'étais secouée de sanglots. Je me fichais de ce qui m'entourait, les caméras et les spectateurs. J'imaginai mon père, ma mère, mes sœurs, derrière l'écran de la tablette. Je n'avais même pas pu leur dire adieu. Ce qui contait le plus pour moi m'avait été arraché. Mes genoux touchèrent la poussière et je laissai libre cours à mes larmes. 

Chapitre 11 : En haut des tribunes

-Vous avez bien condamné toutes les issues, lieutenant ? demanda Aldrick. 

-Oui mon général.

-Bien. 

Les spectateurs se ruaient vers les portes. Les cris devenaient presque insupportables. Aldrick et Lanster était assis à côté, surplombant l'arène. Aldrick débattait d'un projet sur le nucléaire avec le dirigeant Coréen et italien. Lanster, lui, observait les candidats. Alors que tous étaient arrivés au niveau des animaux génétiquement modifiés, une fille restait en retrait. Non par peur, par volonté. Elle était grande et élancée. Ses cheveux bruns étaient détachés et lui arrivaient au-dessus des épaules. Son visage était marqué par la détermination, puis il lui sembla reconnaître cette cicatrice en forme de croissant de lune. Il se souvenait à présent d'elle. "Elea Vinot". Soudain elle vint en aide à la petite fille de l'ancien ministre. Puis elle s'approcha des tribunes où une femme se tenait. Il comprit ce qu'elle avait en tête. Il se leva précipitamment de son dossier. La fille tourna la tête au même moment. Ils se défièrent du regard. Et elle fit le geste qu'elle n'aurait pas dû faire, elle tendit la fille à sa mère, comme par provocation. 

-Charles, regarde par là, interpella Lanster. 

Aldrik interrompit sa discussion et il fronça les sourcils. 

-Elle remet en cause notre autorité, dit-il agacé. 

La jeune fille réussit à passer parmi les animaux avec succès et se tenait devant la porte en métal. 

-Pourquoi elle n'entre pas, c'est de l'insolence ! laissa échapper le général. 

-Parce qu'elle savait pour les bêtes, elle savait que le concours n'était pas celui que l'on voulait faire croire. 

-Comment est-ce possible ? Nous seuls sommes au courant. Arrêtez-la et tuez-la. 

-Non, général, je pense en tant que conseiller qu'il serait plus judicieux de la sélectionner. Donnez-lui ce qu'elle ne veut pas, expliqua Lanster. 

Quelque chose perturbait cependant Charles Aldrick. La jeune fille lui rappelait quelqu'un sans qu'il sache exactement qui. Sa détermination, son insolence, cette assurance faisaient resurgir des souvenirs qu'il croyait oubliés. "Impossible" pensa-t-il. 

-Très bien, déclara-t-il.

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now