Chapitre 25

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Je m'éveillai lentement d'un sommeil sans rêve. Je mis du temps avant de me souvenir où j'étais. Je regardai à côté de moi, Arellys dormait toujours. Je l'observai avec attendrissement, elle avait un visage si paisible en cet instant. J'entrouvris la tente, le soleil se levait à peine, quelques personnes étaient dehors, à marcher ou simplement assises, n'ayant pu trouver le sommeil. Je réveillai doucement Arellys, elle me regarda de ces yeux endormis :

-Oh déjà ? se plaignit-elle. 

Je souris et je sortis de la tente. Il faisait toujours aussi chaud mais moins qu'à l'intérieur. L'endroit était calme et je le regardais avec des yeux différents maintenant qu'il faisait jour. Aucune trace d'Alexandre. J'espérais toujours même si je savais que plus le temps passait, plus ses chances de nous rejoindre s'amenuisaient. La rivière devant moi s'écoulait avec toujours autant d'énergie. Il fallait trouver un moyen de la traverser. Arellys me rejoint :

-Tu ne penses pas qu'il faudrait réveiller les autres ?

-Si, combien de personnes voulaient venir avec nous ?

-Euh 10...

-Tu sais qui exactement ?

-Non.

-Bah on a qu'à réveiller tout le monde, dis-je en rigolant.

Arellys s'approcha de la tente de Mino et Antonin avant de donner un coup de pied dans leur tente et de crier :

-Allez on se bouge là-dedans !

On entendit des grommellements et des bâillements avant de les voir surgirent de leur tente. Ils étaient drôles à voir, surtout Mino, plutôt mignon avec ses cheveux en bataille. Apparemment Arellys avait réveillé plus que deux personnes. D'autres sélectionnés vinrent nous rejoindre. Au final nous étions une douzaine. Pas de trace de Célia, tant mieux.

-Bon il faut qu'une partie aille chasser, une autre doit trouver un moyen de traverser cette rivière avant cet après-midi.

Tous m'écoutaient avec attention.

-Qui part chercher un passage ?

5 personnes s'écartèrent signifiant qu'elles acceptaient la mission.

-On va se séparer en deux groupes et marcher le long de la rive jusqu'à un passage, précisa un jeune garçon blond nommé Arthur. 

Maé le suivait de près.

-Bien les autres on y va. Vous avez vos armes ?

-Lances, arc, oui, répondit Antonin.

-Quelqu'un à des pièges ici ?

- Oui, répondirent en cœur les deux jumelles.

-Ça nous sera utile, ajoutai-je. Tu sais manier l'arc Antonin ?

-Yes comme un pro.

-Moi je préfère les couteaux, sortit Mino en faisant tourner une dague entre ses doigts. 

Je souris, pour ma part Simon ne m'avait pas donné d'arc mais des dagues comme Mino. J'en sortis une que je fis moi aussi tourner entre mes doigts. Mino me regardait étonné.

-J'ai une concurrente on dirait.

-T'imagines même pas, répondis-je avec un clin d'œil.

Arellys s'empara de deux lances, les autres se préparèrent aussi et nous partîmes vers la forêt à l'opposé de la rivière, de là où nous venions. Nous nous séparâmes en petits groupes. C'était notre première expérience de chasse. Nous allions bien voir ce que ça allait donner. Arellys était partit avec Antonin. Moi j'étais avec Mino pour ma plus grande joie. Nous marchions à pas de loup, à l'écoute du moindre bruit. Nous ne devions pas être très discrets car les oiseaux s'envolaient sur notre passage. Je repérais de nombreux fruits plutôt comestibles. Dommage que Simon ne m'ait pas fait exclusivement fait apprendre la végétation de l'Amazonie. Mino s'approcha d'un buisson parsemé de petits fruits orangés.

-Ce sont des physalis, déclara-t-il. 

Et il en mangea une. Je le regardai effrayée.

-Tu es sûr que c'est comestible ?

-Mais oui ! N'ai pas peur, mon coach me l'a bien appris. Certaines variétés peuvent être toxiques. Les fruits comestibles font la taille d'une cerise et sont orangés, dit-il en déposant le baie dans sa main. Tu sais comment on les appelle ?

Je secouai la tête.

-Amours en cage. La baie est enveloppée par des feuilles orange vif semblables à une cage ou à une lanterne. 

Il cueillit une seconde baie qu'il me donna dans la main. Il me fixa d'une façon insistante. Je lui retournai son regard, il sourit et nous détournâmes les yeux. Je mangeai le fruit, je fus étonnée de son goût particulièrement sucré.

-Alors ?

-Je t'accorde que c'est plutôt bon.

Nous remplîmes plusieurs sacoches avec ce fruit avant de continuer notre excursion. Nous voyions principalement des oiseaux de multiples couleurs vives et intrigantes. Mais il nous était impossible de les atteindre. Nous étions là à les regarder lorsque nous entendîmes un craquement. Nous nous immobilisâmes les yeux rivés vers la source du bruit. Dans un espace quelque peu dégagé, broutait un tapir. Il était énorme, moi qui n'en avais jamais vu et il ressemblait à un cochon en plus sauvage. Mino lança le même regard intrigué que le mien. De ce que j'avais pu lire sur cet animal c'était un très bon nageur et il avait un régime de baies et de feuilles. Soudain nous vîmes une flèche fendre les airs et se figer dans le crâne de l'animal. Il tomba raide mort sur le côté. Antonin et Arellys apparurent en face de nous. Nous les rejoignîmes près de l'animal.

-Bon tir mon pote, tu l'as eu en plein dans le mille, s'écria Mino.

-Ça va être lourd à transporter par contre, ajouta Arellys.

-On peut toujours l'attacher à un bâton par les pieds, proposai-je.

-Je pense c'est la meilleure chose à faire, répondit Mino.

C'est ce que nous fîmes avec plus ou moins de mal lorsque j'aperçus un animal de la même taille qu'un faisan avec une tête presque nue et les yeux rouges courir droit dans notre direction. Un hoatzin, me rappelai-je. Je saisis une dague et la lança en direction de l'animal, je n'étais pas la seule à avoir eu cette idée. Mino avait fait de même et nos couteaux se percutèrent dans les airs retombant au pied de l'animal, qui nous dépassa en courant.

-Ah bah Bravo ! m'écriai-je dans un sourire.

-C'est ta faute ! s'indigna Mino en me donnant un coup de coude dans les côtes. 

Je ripostai par un autre coup et une mini bagarre s'engagea.

-Pourquoi se dirigeait-il vers nous ? questionna Arellys.

Au même moment une volée d'oiseaux s'envolèrent et se dirigèrent vers le nord. Je crus sentir le sol trembler pendant quelques secondes puis tout s'arrêta.

-Vous avez sentis ? demandai-je.

-Oui c'est louche, allez venez, répondit Arellys. Ne restons pas ici.

Nous partîmes et grâce à la boussole nous retrouvâmes rapidement le campement. Le soleil était haut dans le ciel, midi. Les autres partis chasser étaient déjà de retour. Les jumelles avaient pris deux hoatzins et quelques autres candidats des fruits et plantes comestibles.

Maé et Arthur avait découvert un passage en amont où le courant était plus faible et permettait de traverser. C'était une bonne nouvelle. Nous étions tous rassemblés devant un feu où nous fîmes griller les animaux. Baptiste et Kenzo nous aidèrent à dépecer le tapir. Lorsque nous eûmes finit de manger, je sentis que le groupe commençait à s'impatienter. Ils voulaient partir. Alexandre n'était toujours pas là. C'est fini, pensai-je. Il avait dû mal atterrir.

C'est alors que le sol se remit à trembler. Plus intensément cette fois...

Ma Pierre de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant