Chapitre 12

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Deux sbires vinrent me secouer et me traînèrent alors que je pleurais encore. Je me laissai faire, toutes mes forces m'ayant abandonnées. Juste avant d'entrer dans une nouvelle voiture je crus distinguer entre mes larmes Arellys, qui me faisait un signe de la main en guise de réconfort. Cela me réchauffa un peu le cœur. Je m'allongeai sur la banquette arrière. Je n'avais aucune idée de là où ils m'emmenaient.  Arellys me rappelait que je n'étais pas seule. C'est ce que m'avait dit mon professeur d'histoire. 19 autres candidats étaient maintenant voués au même destin que moi. L'adrénaline de la sélection commençait à se dissiper. Je sentis soudain une douleur croître au niveau de mon mollet. Je regardai, ce n'était pas beau à voir. Quatre lignes droites parcouraient ma jambe. Du sang coulait encore de ces plaies auxquelles venait s'ajouter la poussière et la terre. Ce n'était heureusement pas profond. Il fallait arrêter le saignement et désinfecter. Je dû me contenter d'enrouler un bout de tissu trouvé dans la voiture. Je serrai les dents au moment d'achever le nœud. Je ne saignais pas au niveau du cou, c'était déjà ça. Je défis mon collier en pierre de lune, la chaîne en argent était à présent rouge par endroits. Malgré cela la pierre brillait toujours, de ces reflets bleus étoilés. Mam aurait honte de moi, comme moi-même en ce moment précis. Je m'étais donnée en spectacle, j'avais fondu en larmes. Les médias, les gens penseront que je suis faible, que je suis une fillette, incapable de participer au concours. C'est faux. Mam avait dit que je devais gagner, j'allais faire tout mon possible pour. Je mourrai peut-être mais pas sans m'être battue, jusqu'à mon dernier souffle. Je me promis que plus jamais je ne pleurerais, que plus jamais je ne serais faible, plus jamais.

Les deux officiers ayant remarqué que je m'étais calmée annoncèrent :

-Vous allez être transférée dans un centre militaire national spécialement conçu pour les candidats, pour "les outlast games". Là-bas commencera votre entraînement personnel durant 3 semaines. Vous y resterez jusqu'au premier jour du concours en direct. Le centre se compose de 2 pentagones.
A ce moment, la vitre me séparant des officiers afficha un plan. J'étais étonnée, le numérique avait bien évolué.

-Voici le plan, vous êtes située dans le pentagone 1, aile 5. Vous pouvez sélectionner cette partie.

Puis voyant mon incompréhension, son collègue ajouta :

-La vitre est tactile.

Ouah. Je touchai l'écran et je déplaçai l'angle de vue. Une autre chose m'intriguait, l'officier avait dit "un centre pour les outlast games". C'était la première fois que j'entendais ce terme. Qu'est-ce que cela signifiait ? Jeu de survie ? Cela me fit froid dans le dos. Je repris l'inspection du bâtiment que j'avais devant moi. Le plan était vu de haut. Il y avait deux bâtiments en forme de pentagone qui comprenait chacun 5 ailes ou couloirs intérieurs ; ce qui faisait 10 espaces d'entraînement pour 10 candidats. Où étaient situés les autres ? Les ailes avaient une forme particulière, en arc de cercle. Elles partaient du centre du bâtiment représenté par un cercle et rejoignaient chacune un sommet aux extrémités du pentagone. Cela ressemblait à un disque avec tranchants un peu, comme un boomerang. Je sélectionnai le pentagone 1, puis l'aile 5. Je vis avec plus de précision la composition de mon espace d'entraînement. L'aile était découpée en quatre partie : le dortoir, et 3 salles d'entraînement. A la gauche de chaque aile se trouvait un grand terrain qui ressemblait à un stade de rugby. Nous allions donc passer 3 semaines dans ce centre pour s'entraîner au concours. La peur et la frustration laissèrent rapidement place à l'excitation. J'étais prête à apprendre, apprendre pour pouvoir survivre. Et gagner.

Nous roulions depuis une heure lorsque nous arrivâmes au centre. Je restai bouche bée devant le bâtiment. Il était immense, sa façade était digne d'un château avec sa grande grille en pointes. La voiture s'arrêta et je sortis entourée de mes deux gardes du corps. Heureusement qu'ils étaient là car je n'aurais pas résisté au flot de journalistes qui bloquaient l'entrée, sans doute celle de l'aile 5. Les deux officiers les écartaient avec violence. Les journalistes criaient, essayant de me passer leur micro en main :

-Comment avez-vous vécu la 3e sélection ?

-Appréhendez-vous les jeux ? Avez-vous peur ?

-Quels sont vos objectifs ?

-Avez-vous dit adieu à votre famille ?

Cette question fit mouche. Une bouffée de tristesse me saisit. Voyant ma réaction leurs questions redoublèrent d'ardeur. Ils me faisaient penser à des aigles avec leurs yeux malicieux, cherchant le point faible de leur proie avant de l'achever. J'entrai enfin dans le bâtiment, les officiers saisirent un code complexe avant de refermer la porte.

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now