Chapitre 37

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Après le départ des unspiders, nous ne savions que faire. Nous étions tous sous le choc. Mino serrait les dents, Arellys et Antonin regardaient dans le vague. Une fille nommée Amandine pleurait et Kenzo la prit dans ses bras. C'est alors qu'une voix s'éleva des drones :

« Chers participants, veuillez nous excuser de ce léger incident. Cela ne se reproduira plus.

Je reconnus la voix de Lanster. Un léger incident. Quelle euphémisme !

-Les Outlast games se poursuivent ! Les nouvelles mesures de sécurité nous obligent à modifier nos plans. La porte d'arrivée ne se situe plus à quelques kilomètres mais exactement à 100 kilomètres au nord. Le terrain ne sera plus le même, faites attention. Cette mesure a également pour but de souligner que chaque rébellion sera écrasée, chaque geste contraire à nos lois pénalisé. Alors tenez-vous en aux règles.

Sa voix avait une teinte d'avertissement.

-Sur ce, je vous souhaite d'arriver le premier. Que votre instinct vous guide ».

Le mien m'aurait conseillé de faire exploser ce drone. Soudain Arellys s'écria :

-Nos montres ont été reprogrammées ! 4 jours 0 heure 0 minute.

Et moi qui pensais que tout serait bientôt finit. Le pire c'est que j'avais vu l'une des rares lueurs d'espoir mourir aussi vite qu'elle était apparue. Les autres se mirent à courir. Pour qui me battais-je ? Pour Mam, pour mes sœurs. Mais qu'étaient-elles devenues ?

Pour la première fois je doutais de ma détermination. L'image du rebelle en sang hantait mon esprit. Oui c'était bien plus que ça, il y avait Simon, d'autres rebelles viendraient et puis, je tournai la tête vers lui, Mino. Il me faisait signe d'avancer. Je courus le rejoindre.

~

Des gouttes de sueur perlaient sur son front. L'agent 01 ralluma son oreillette.

Agent 02 ?

Le micro grésilla.

J'appelle l'agent 02, répondez.

Ici l'agent 02... les agents de l'escouade A sont tous "out". C'est un échec.

Un silence de mort s'installa.

L'ennemi avait anticipé.

L'agent 01 prit une profonde inspiration.

Tu sais autant que moi que les choses empirent. Il faut élargir notre réseau.

Le concours va s'allonger, ça nous laisse plus de temps. Il nous faut un dirigeant.

Tu es...

Non je ne veux pas de cette charge. Je te nomme l'alpha.

L'alpha ?

L'alpha.

~

Trois jours passèrent. Les plus horribles que je n'ai jamais vécu, les plus fatigants physiquement. L'herbe était soudainement devenue aride. L'air froid. C'était une terre de désolation sans animaux. Mon expérience avec les indigènes permit tout de même de trouver juste de quoi survivre. Et nous continuions à courir pour atteindre la porte à temps. Si on avait montré cette course à une personne normale elle l'aurait dit, c'est physiquement impossible. Mais nous avions été formés pour ça. Je ne comptais plus les bleus que j'avais, mes courbatures me faisaient grimacer dès que je posai un pied devant l'autre. Mais le pire c'était le froid, oui, je ne comprenais pas comment on avait pu passer d'un extrême à l'autre. Il avait d'abord commencé à neiger, une couche de neige était apparue, fine et de plus en plus épaisse. La plupart d'entre nous n'avaient pas l'équipement pour. Mino m'avait convint de prendre son pull. Je savais que certains étaient à bouts, je craignais qu'à chaque minute l'un de nous s'effondre pour ne plus se relever. Mais ça n'arriva pas car on s'encourageait, on se poussait vers l'avant. Nous étions unis, le groupe de Célia vint se joindre aux nôtres et c'est ensemble que nous avancions. Si quelqu'un était en retrait, une personne la rejoignait et l'aider à retrouver la force d'avancer. Nos joues s'étaient creusées. C'est alors qu'un nouvel obstacle se présenta, un fleuve, gelé. Je m'approchai de la surface suivie de Mino et Arellys. On pouvait distinguer le courant fort du fleuve, la glace était fine. Mino posa sa main, puis son pied sur la glace. Elle tint bon. Mino me regarda de ses yeux plein de tendresse et interrogateurs. J'acquiesçai, nous savions l'un comme l'autre que nous n'aurions pas le courage de chercher un autre passage. La fatigue à ce stade avait créé une sorte d'inconscience. Nous voulions avancer, c'était tout.

–On va y aller un par un, conseilla Arellys, à la queue leu leu.

Sa jambe allait mieux mais je ne pouvais nier qu'elle ne ralentissait pas le groupe. Elle avait besoin de plus de pauses pour se reposer. C'est pourtant elle qui décida :

–J'y vais en première.

Elle se saisit de son bâton qu'elle avait depuis la clairière et commença à tâter la glace. Elle s'avança sur le fleuve. Antonin la suivait ainsi que les deux jumelles, moi, Mino derrière et le reste. Maé et Arthur fermaient la marche. De tous c'était Maé qui supportait le plus mal le froid. Arthur était toujours là avec elle cependant, ils s'étaient liés ensemble dès le début. Nous avancions à tâtons. Un vent froid du Nord s'était levé, nous fouettant le visage. Les flocons s'accumulaient sur mon visage. Je les essuyais d'un revers de main. Je faillis glisser, Mino me retint par la taille, je lui pris la main. Nous en étions à la moitié lorsqu' Amandine s'écroula fissurant la glace, elle essaya de se relever mais n'y parvins pas. Kenzo essaya de la soulever. Je n'entendis pas tout mais je compris l'essentiel.

–Laisse là où elle est. Tu ne peux plus rien pour elle, dit Baptiste à Kenzo.

–Je ne l'abandonnerai pas, dit-il entre ses dents.

–Aller viens, tu ne vas pas risquer ta vie pour elle.

Baptiste empoigna Kenzo par le bras mais celui-ci se dégagea. Je n'entendis pas la suite mais je les vis se battre. Antonin leur cria d'arrêter. Trop tard. La fissure s'élargit puis un craquement, la glace se cassa derrière Mino. La fissure continuait de s'agrandir, d'autres zones cassèrent. Des blocs de glace commencèrent à dériver. Kenzo glissa. Non, je pensais. Dans un dernier espoir il essaya de se rattraper à Victoire qui bascula avec elle. J'écarquillais les yeux d'horreur.

–Saute ! cria Mino à Cannelle l'autre jumelle, tétanisée par ce qui venait de se passer.

Elle sauta. Amandine cria. Je vis à peine les deux silhouettes se débattre dans l'eau. Il fallait rejoindre la rive. Le bloc où se tenait Célia et les autres s'éloignait. Tout se passa très vite. Arellys, Antonin et Cannelle se mirent à courir vers la rive. Je criai alors :

–Vos amulettes, vos amulettes, donnez-les-moi !

Célia hésita, ses yeux étaient remplis de terreur. Elle enleva pourtant son amulette et celle de Baptiste qui protestait. Maé et Arthur firent de même. Ils me les envoyèrent. J'en récupérais deux. Les deux autres atterrir sur la glace. Je me précipitai avant qu'elles ne glissent dans l'eau. C'est à ce moment que je vis Amandine écarquiller les yeux d'horreur en s'apercevant qu'elle n'avait pas son amulette. C'était Kenzo qu'il avait mais il n'était plus là...

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now