Chapitre 39

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On me réveilla violemment.

–Ça fait deux minutes que j'essaye de te réveiller Elea ! 

Mes membres étaient ankylosés. Je n'avais pas impression d'avoir récupéré. Je me levai lentement et je me débarrassai de l'amas de neige sur moi. Arellys tremblait.

–Tu es sûr que ça va ?

–Oui ne t'inquiète pas. 

Elle remonta la capuche de son sweat sur sa tête. J'avais l'impression d'être ralentie, il fallait que je me réveille. Nous prîmes les dernières réserves de viande séchée d'Antonin. Mes idées s'éclaircirent quelques peu.

–Il nous reste six heures normalement, dit Arellys. 

Nous nous remîmes à marcher. Il neigeait toujours. Nos respirations formaient de petits nuages de fumée. Ce fut Cannelle qui les vit arriver en premier. Nous les remarquâmes arriver de loin, du Nord. Des tâches noires qui se mouvaient à la façon d'un homme. Qui était-ce ? Nous dégainâmes tous nos armes. Antonin son arc, Arellys et Cannelle des lances, Mino et moi des poignards. Les formes se déplaçaient à une allure effrayante. Ce ne pouvait être des hommes, c'était pourtant si ressemblant. Je pensai alors aux animaux mutants génétiquement modifiés du troisième test de la sélection. Non, pas ça. La peur me cloua au sol. Mes mains tremblaient mais ce n'était pas le froid. J'essayais de respirer lentement. Ils étaient à peu près dix. Dix contre cinq. Ils approchaient, alors je pus les observer. Je ne pus qu'écarquiller les yeux d'horreur. Cannelle ne put retenir un cri. Ils avaient brisé les lois de la nature. Comment cela était-il possible ? Un nouveau sentiment de haine me submergea envers Aldrick et Lanster. C'était inhumain, inhumain. Les créateurs de ces choses ne méritaient pas de vivre. Les créatures avaient les jambes d'un chien, le torse d'un homme. Elles avaient des yeux d'homme mais un museau avec de fines moustaches et des dents aiguisés.  Elles s'alignèrent formant un barrage. Je retins mon souffle. Les étranges créatures avaient des yeux si humains. Leur carrure était impressionnante, leurs muscles saillants. Elles étaient debout sur leurs pattes arrière puis subitement se mirent à quatre pattes. Des animaux, ce n'était que des animaux. Il le fallait sinon aurions-nous le courage de tuer des humains ? Ça m'étonnerait cependant qu'ils soient venus jusqu'ici pour faire ami-ami. Je regardai mes camarades, ils étaient aussi déconcertés que moi.

–Tenez-vous prêts ! cria Arellys.

Je ne voulais pas qu'ils meurent non pas encore. Mino n'avait jamais fait de corps à corps. Fera-t-il le poids ? Arellys et sa jambe ? Et Cannelle ? Je savais qu'Antonin pouvait s'en sortir. Mais à quel prix ? Nous n'étions pas en état de combattre. Je pensai au revolver dans ma veste. Je l'utiliserai en dernier recours. Soudain la neige se fit plus dense, le vent doubla d'intensité. Les créatures disparurent de notre champ de vision. Mon cœur cognait dans ma poitrine.

–En cercle ! je criai, en cercle ! 

Nous nous regroupâmes serrés les uns contre les autres. La tension était palpable. Une première bête avança vers moi, babines retroussées. Ses yeux bleus humains me fixaient. Je tendis le bras. Je ne me décidai pas. Mes doigts se crispèrent sur mon couteau. Ses yeux étaient si... innocents. La bête avançait toujours. Tout se passa très vite. Mino cria :

–Elea ! 

Il lança une dague dans le cœur de la chose. Elle s'effondra avant de se relever. La lance de Cannelle transperça alors son crâne. La jeune fille était sans arme à présent. La créature poussa un cri si humain qu'il me fendit le cœur. Elle s'effondra alors pour de bon. C'est alors que les neuf autres créatures arrivèrent en courant. Mino et moi lancèrent nos couteaux. J'en tua deux, Mino en toucha un. Il tourna la tête vers moi terrorisé, il avait épuisé toutes ses dagues. J'entendis Cannelle crier. Je lançai un couteau à Mino, garde-le ! criai-je. Je courus vers Cannelle. La chose était sur elle, je sautai sur la créature et lui trancha la gorge. Cannelle était couverte de sang, elle ne bougeait plus. Je criai. Je ne voyais plus Antonin ni Arellys. Je sortis alors mon flingue, et le chargea. Je ne savais pas combien de balles il possédait. Je levai le bras sur la chose qui se dirigeait vers moi. Je l'avais déjà fait lors du deuxième test de la sélection. Oui mais ce n'était qu'une simulation. Les yeux de la bête se levèrent vers moi. Si je tirais, je ne pourrais sûrement plus me regarder dans une glace. Qu'importe c'était déjà trop tard. Je m'obligeai à fixer la bête lorsque je tirai. Elle s'effondra dans un couinement. Je crois qu'à ce moment je ne me contrôlais plus. J'étais une tueuse et rien d'autre. Je tirai sur deux autres bêtes qui se jetaient sur Mino. Les coups de feu me vrillèrent les tympans. Les créatures s'arrêtèrent subitement. Mino disparut ou alors était-ce la neige encore plus dense ? Le sang à mes pieds contrastait avec le blanc pur de la neige. Je n'entendais plus aucun bruit. Avais-je fait fuir les créatures ou attisé leur colère ? La réponse me vint bien vite. Les trois créatures restantes ce dressèrent devant moi sur leurs jambes arrières. Je pointai le revolver devant moi. Mes doigts se crispèrent sur la détente.

–Ne bougez pas ou je tire, criai-je.

Elles comprirent et s'arrêtèrent. C'en était encore plus effrayant, elles me suivirent des yeux lorsque je les contournai. Soudain je sentis une main sur mon épaule. Je me retournai pointant l'arme sur l'individu derrière moi. Arellys.

–J'ai failli te tirer dessus ! 

Elle ne répondit pas. Je regardai sa jambe en sang. Elle me prit la main et y glissa les quatre amulettes. Elle murmura :

–J'ai retrouvé celles de Mino, Cannelle et Antonin tombées à terre. 

Je savais ce que ça voulait dire.

–Ne m'oblige pas à le faire seule. On va y arriver ensemble ! On peut t'aider ! répondis-je d'une voix implorante.

Arellys regarda sa jambe et secoua la tête :

–Mon combat est terminé Elea, accepte-le. J'ai toujours su que c'était toi qui y arriverais. Tue-les. 

Et elle s'éloigna en boitillant. Je tirais deux fois, la troisième fois, aucune balle ne sortit. Je blêmis. La dernière bête compris. J'étais à court de munitions. Il ne me restait plus qu'un couteau dans ma main gauche. Pourtant la créature s'effondra, une lance plantée dans le dos, elle commença à ramper vers moi. J'aurais dû partir, courir sans me retourner. Au lieu de quoi je l'observais avancer. Elle arriva à mes pieds et leva des yeux implorant vers moi. Je m'accroupis et je murmurai : 

-Mega Omere.

Je sentis la lame du couteau s'enfoncer dans sa chair, sa respiration ralentir puis s'arrêter. Elle ferma les yeux. 

Je me levai j'étais seule. Je criai de toutes mes forces. Le désespoir s'empara de moi. Une nausée me prit. Je voulus m'éloigner au plus vite de cet endroit couvert de sang. Je me mis à courir vers le Nord comme je ne l'avais jamais fait. Je survolai la neige. Je voulais mettre le plus de distance  possible entre moi et ce qui venait de se passer.

La fin arrive bientôt hihi. Il ne reste plus qu'un chapitre avant le fin de ce premier tome! Elea arrivera-t-elle au bout du concours?

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now