-Eh oh ! je criai.

Toutes les têtes convergèrent dans ma direction. Certains se dirigèrent en courant vers moi notamment Arellys.

-Mais où étais-tu ? Je te croyais morte !

-Un problème... Atterrissage, haletai-je en essayant de reprendre mon souffle et en indiquant la fille sur mon dos.

Je reconnus Mino et Antonin qui se saisirent de la fillette. Puis je distinguai également Maé, la petite rousse, restée en retrait, discrète. D'autres visages que je ne connaissais pas s'approchèrent.

-Tout le monde est là ? questionnai-je.

-Non, répondit une voix.

-Il manque un garçon prénommé Alexandre apparemment, ajouta Mino. Personne ne sait ce qui lui est arrivé. Sinon on s'en est tous sortis à peu près indemnes.

-Parfait.

J'étais soulagée de savoir que presque tous avaient survécu à l'atterrissage.

-Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Arellys en désignant Manon à terre.

-Il va falloir lui fabriquer un brancard pour la transporter, on n'a pas le choix.

-Ouais, répondit-elle.

Puis elle me prit par le bras et dit :

-Viens le reste du groupe s'est réuni autour d'un feu. C'est un peu le bordel comme tu le vois. Personne ne sait quoi faire. Et puis y a cette Célia qui commande tout, je ne l'apprécie pas trop... chuchota-t-elle.

D'autres s'occupèrent de Manon et nous nous dirigeâmes vers ce feu d'où s'élevait une odeur âcre et rassurante, celle du bois qui brûlait. C'est vrai qu'à part ce feu cet endroit n'avait rien de rassurant. Il faisait noir tout autour de nous. Et on ne savait pas ce que recelait cette forêt si inquiétante. Mais l'effet de groupe avait un côté apaisant. On était tous dans la même galère. Soudain Mino me toucha le bras :

-Tu t'es fait quoi ici ?

Je tressailli, je l'avais presque oublié cette plaie.

-C'est vrai t'as plein d'égratignures. On est en forêt mais quand même.

-Ah il se trouve que j'ai dû sauter en parachute avec Manon. Et l'atterrissage n'a pas été très contrôlé, dis-je avec ironie. J'ai atterri dans un arbre.

Arellys et Antonin me regardaient avec de gros yeux. Quant à Mino il souriait.

-Ouah respect dis donc.

Les quelques personnes que je ne connaissais pas nous suivaient et nous nous intégrâmes au cercle formé autour du feu. Une fille plutôt grande, blonde vénitienne me toisa de haut en bas. Célia. D'instinct je sus que ça n'irait pas. Elle ne m'inspirait pas confiance. Ses longs cheveux ondulés encadraient un visage de poupée. Elle aurait pu être jolie sans ce sourire mauvais et ces yeux... ces grands yeux verts effrayants. Car oui elle inspirait la peur, ça se voyait autour d'elle. Les personnes la regardaient avec crainte voire respect. Mais ça ne marchait pas avec moi. Je lui souris, d'un sourire faux bien sûr, provocateur. À côté d'elle se tenait un garçon que je reconnus que trop bien, Baptiste. Il avait sa main posée sur sa cuisse. Tiens, ils faisaient la paire tous les deux. Bien sûr son acolyte Kenzo n'était pas loin. Je continuai à faire le tour du cercle avant de m'arrêter sur deux filles parfaitement identiques, les deux jumelles. Voyant mon regard posé sur elle, Arellys précisa :

-Ça s'est Cannelle et Victoire, elles sont inséparables. Tu vois elles ont même échangé leur amulette. Leurs amulettes... Je touchai la mienne puis ma pierre de lune. Une émotion que je n'expliquais pas s'empara de moi. Je fixai le ciel à la recherche de la lune. Elle n'était pas là, c'était un de ces soirs où se trouvant alignée avec la terre, le soleil ne l'illuminait plus.

-Elles ont préféré échanger, tu vois au cas où une d'elles n'arriverait pas à la porte.

Pour ma part jamais je ne donnerai mon amulette, j'avais plus confiance en moi qu'en n'importe qui.

Tout le monde parlait autour du feu, certains mangeaient quelques réserves de leurs bagages, d'autres simplement regardaient dans le vide sans trop savoir ce qu'il leur arrivait. Une tension était pourtant palpable, causée par la peur. Soudain Célia se leva. Tout le monde se tut.

-Alors c'est toi Elea ? Tu as sauvé cette fille c'est ça ?

Les nouvelles vont vite on dirait, pensai-je.

-Oui c'est ça.

Je me levai.

-Apparemment tout le monde est ici maintenant sauf un garçon, Alexandre je crois ? Il va falloir l'attendre. Après il faudra partir vite le temps nous est compté.

Et j'ajoutai en me tournant vers les autres.

-Il faut éviter de manger vos réserves, elles vont seront bien plus utiles dans d'autre termes. Ce n'est que le début.

Tous me fixèrent en retenant leur souffle. Puis Célia répondit :

-C'est stupide, tu ne vois pas. On part demain à l'aube. On ne va pas risquer d'attendre un gamin peut être mort. Ça nous ralentirait.

J'étais indignée, comment pouvait-elle dire ça.

-C'est comme ça que tu raisonnes en fait ? Et bien pas moi, tu vois ici on est tous dans la même galère, alors il va falloir se serrer les coudes. On est un groupe, oui concurrents peut-être. Moi je n'ai pas choisi d'être ici et pour l'instant on essaye de survivre et on est plus fort à plusieurs.

Célia s'approcha de moi menaçante. C'était elle qui commandait jusqu'à présent apparemment, ça allait changer. Ce n'est pas le fait que je voulais commander non pas du tout. Mais c'était dans ma nature de gérer les choses, de commander un groupe sans aucun intérêt personnel.

-Je maintiens qu'on parte à l'aube.

Baptiste se leva. Ok j'avoue qu'il était plutôt impressionnant. Mais je n'en démordrais pas.

-Alors tu es prête à l'abandonner ? Je ne suis pas d'accord. S'il n'est pas revenu demain en début d'après-midi on lève le camp.

Je me tournai à nouveau vers les autres.

-Qui est avec moi ?

Immédiatement Arellys, Mino et Antonin se levèrent. Puis ils furent suivis de deux, cinq, dix, quinze autres personnes.

-Je crois que le choix est fait, conclu-je.

Le reste de la soirée se passa dans le calme. Avec Mino, Arellys et Antonin nous décidâmes que nous devrions allez chasser demain matin pour nourrir le reste du groupe. Beaucoup de personnes se joignirent à nous pour y participer. Avec Arellys nous choisîmes de dormir dans sa tente déjà montée. Ça ne servirait à rien de déplier la mienne alors qu'il y avait assez de place pour deux. Installée dans mon duvet je pensais à cette journée qui venait de se dérouler. J'avais agi par pur instinct sans réfléchir, de l'hélicoptère à ici. J'avais eu peur oui mais je ne l'avais pas montré, parce qu'il y avait Manon puis après les autres. Il y a quelques mois dans la même situation j'aurais pleuré oui je l'aurais fait. Mais c'était différent maintenant j'avais promis de réussir, parce que je savais que mes sœurs étaient là à me regarder derrière un écran. D'ailleurs comment pouvaient-elles nous voir ? Bref j'avais promis de ne plus jamais pleurer et puis il y avait eu Simon. Mon cœur se serra, je m'étais habituée à sa présence. Il m'avait formée pour ce qui allait arriver. Alors j'étais confiante et je m'endormis apaisée.

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now