Chapitre 2

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Au lycée, tout le monde ne parlait plus que du concours. Même les professeurs s'enthousiasmaient à cette idée. La sélection comme ils l'appelaient se déroulait en trois épreuves. Nous n'avions aucune idée de ce qui nous attendait. Certains lançaient des paris. La première épreuve arriva bien vite. Ce jour-là, une atmosphère particulière était palpable. Les élèves étaient appelés par classe. Nous étions contents de louper les cours, ne serait-ce que pour une heure. Ce fut notre tour, les premières J. On nous mena devant une grande salle où se déroulait les tests. J'étais curieuse de savoir ce qui se déroulait derrière et je me laissai gagner par l'excitation générale. Apparemment selon les résultats, certains élèves étaient écartés de la sélection. Un des sbires d'Aldrick nous ordonna de nous mettre en ordre alphabétique. Je le remarquai au symbole de la toile en feu sur son uniforme noir qui me fit grimacer de mépris. Je m'écartais à contrecœur d'Alixe qui me fit un clin d'œil rassurant. 

-Elea Vinot, appela l'homme en uniforme noir. 

Dernière de la liste, j'entrai dans la salle. La porte se referma derrière moi. La pièce était vide, les murs réfléchissaient mon reflet comme des miroirs. Une porte que je n'avais pas vue s'ouvrit et une femme aux longs cheveux noirs s'approcha de moi. Elle me fixa machinalement des électrodes sur chaque membre, puis un sur chaque tempe. Je grimaçai lorsqu'elle posa le dernier sur ma cicatrice mais je me laissai faire. 

-Tends ton bras, dit-elle. 

Je m'exécutai et la femme sortit une seringue remplie d'un liquide bleuâtre. Instinctivement je reculai et demandai : 

- C'est quoi ? 

- Rien d'important, détends-toi veux-tu.

Je n'avais pas confiance et j'insistai. La femme me dévisagea et finit par dire :

- C'est un hallucinogène indispensable à la simulation.

J'écarquillai les yeux, une simulation ! Le gouvernement avait pris ces tests très au sérieux car mettre en place ce genre de technologies demandait des moyens techniques développés qui n'existaient pas à l'époque de ma mère et étaient coûteux de nos jours. 

Je sentis une légère piqûre puis la pièce devint noire. La lumière revint. J'étais dans un champ de blé qui s'élevait jusqu'à ma taille. Je sentis un vent frais soulever mes cheveux bruns. Un cri me parvint, je ne vis d'abord rien. Je plissai les yeux, une petite fille à peine plus grande que les brins de maïs courait, une peluche à la main. Derrière elle deux hommes la poursuivaient. Mon estomac se noua d'angoisse et je restai clouée sur place. La fille arriva à ma hauteur, apeurée. Je repris mes esprits, la pris par la main et courus. Les herbes s'agitaient comme prises de folie, elles grandissaient, grandissaient. Je ne savais plus où aller. Soudain je vis une petite maison. Je pouvais cacher la fille à l'intérieur mais je ne voulais pas prendre ce risque. Un pistolet était posé sur le porche. Je m'en emparai et nous continuâmes à courir. Le sol se craquelait sous nos jambes. J'étais essoufflée, la fille tremblait. Nous arrivâmes au bord d'une falaise. L'eau en bas montait à une allure folle. Les deux hommes apparurent dans mon champ de vision. Je fixai la fille dans les yeux, je n'avais plus peur. Je levai le bras. Ce n'était qu'un test après tout. Je tirai, deux coups, deux détonations qui me vrillèrent les tympans. 

Je repris mes esprits. Je transpirais. La femme aux longs cheveux noirs me retira les électrodes d'un air surpris. Elle ne dit rien. C'est alors que je remarquai du mouvement derrière une des glaces. Je compris, c'était donc ici qu'ils nous observaient, prenaient des notes. Je me surpris à leur lancer un regard noir. 

~Salle d'observation

De l'autre côté de la pièce, tous les techniciens, les ingénieurs s'étaient figés. Un écran permettait de retranscrire exactement ce que voyait l'individu de la simulation. La fille avait tiré, deux fois. Le responsable de l'opération M. Choral jeta un regard impressionné à M. Bourgeau le directeur du lycée. Il pensait que c'était bien la première fois que ça arrivait. La plupart du temps les autres élèves fuyaient en courant et se cachaient dans la maison avec ou sans la fille. Les plus téméraires s'étaient jetés dans la mer ou avaient menacés les hommes du pistolet. Mais aucun d'entre eux n'avait tiré. La fille se réveilla. Les ingénieurs s'activèrent de finir leurs notes. Le dirigeant scruta la jeune fille, elle tourna la tête et jeta un regard noir en leur direction. Elle fera une candidate parfaite, le colonel sera content, se dit-il. 

-Candidat suivant ! cria quelqu'un. 

~

Ma Pierre de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant