Chapitre 50 Tyler

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Tony soupira agacé, tout en me foudroyant du regard. Il était vraiment énervé à cause de ce que j'avais fait, mais ce n'était pas ça vraiment qui le mettait en colère, c'était le fait que je venais de le mettre dans la confidence et que par conséquent, il était obligé de garder le silence, même s'il savait que ce que j'étais en train de faire était mal.

Je n'étais pas particulièrement fier de ce que j'avais fait, mais... avais-je vraiment le choix ?

— Tu as osé la regarder en face et lui mentir ?!

— Que voulais-tu que je fasse ? Je ne veux pas la perdre !

Mon ami serra les mâchoires et commença à faire les cent pas devant moi, comme un lion en cage.

— Et qu'est-ce que tu attends de moi ? Que je t'accorde mon pardon pour lui avoir raconté un baratin ? Je ne suis pas un foutu prêtre, Tyler ! Pourquoi ne pas lui dire la vérité ? Peut-être bien qu'elle comprendrait si elle connaissait tes motivations...

Lui dire que j'étais endetté jusqu'au cou avec le gang ? Hors de question. C'étaient mes affaires, elle n'avait pas à savoir. C'était de mon ressort, je leur avais emprunté de l'argent, désormais je devais rembourser... avec des intérêts.

Les traitements de chimiothérapie de ma mère étaient vraiment chers. Bien évidemment, nous n'avions pas d'assurance, cette dernière étant beaucoup trop chère. Ma famille n'ayant pas l'argent nécessaire, j'avais tout simplement fait un deal avec un de mes amis plus âgé, lui-même faisant partie des Angeles de Calaca. On m'avait prêté cet argent dont j'avais tellement besoin afin d'essayer de sauver ma mère en contrepartie d'intégrer le gang et de dealer pour eux. Je faisais ça depuis près de trois ans, depuis la mort de ma génitrice, mais j'avais encore beaucoup d'argent à leur rembourser.

Je n'avais pas vu d'autre solution que d'intégrer le gang et Tony m'avait suivi, mais ce dernier ne leur devait absolument rien, il n'y avait que moi qui avait fait un prêt. Je pensais souvent que mon ami avait fait ça dans le but de me soutenir et de ne pas me laisser seul, pour pouvoir me surveiller au cas où je commencerais à déconner.

Désormais, il avait fait part à Alvaro – notre chef – de son envie de se retirer du monde du dealing, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il quittait le gang. Tant que j'en ferais partie, il y resterait.

Je mentirais si je disais que je ne me faisais pas de fric en dealant. Mais à partir de maintenant, ce serait terminé. Tout ce que je gagnerai, je leur donnerai afin de me débarrasser de cette dette le plus vite possible. Je me débrouillerai autrement, je ferai plus d'heures chez Dom ou je chercherai un travail pendant le week-end... je trouverai bien. L'argent que je gagnerai en vendant de la drogue, je ne le toucherai plus.

$20 000, voilà la somme que je leur avais empruntée. Mais je devais leur rembourser $25 000. $5 000 d'intérêts. Ils ne faisaient pas ça par charité, loin de là. C'étaient des hommes d'affaires après tout. Sur le moment, j'avais cru qu'ils pourraient me venir en aide. Venir en aide à ma mère. Le traitement avait été payé, mais ce dernier n'avait pas marché.

Je leur devais encore $10 000, c'était une somme considérable tout de même. Et si je décidais de ne plus dealer, ils me retrouveraient, me briseraient les deux jambes ou pire encore, me tueraient. Je faisais peut-être bien partie du gang, mais il n'y avait pas d'exceptions. Tu empruntais, tu remboursais, tout simplement.

J'étais vraiment un gosse à l'époque et je ne savais pas vraiment ce que je faisais. J'étais aveuglé par l'idée de sauver ma mère. C'était la seule chose qui m'importait vraiment.

Mais... le cancer était bien trop avancé et la chimio n'avait rien fait, mise à part peut-être la tuer plus vite. Un cancer du sein métastatique au stade 4. Voilà ce que les médecins lui avaient diagnostiqué. Les métastases avaient atteint le foie, tout de même, on l'avait traitée pour un cancer du sein.

Paradis Secret (Tome 1) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant