Chapitre 8 Tyler

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Encore habillé de ma tenue de mécanicien, je me laissai tomber sur mon lit. J'étais claqué !

À cause de mon heure de colle, j'étais arrivé avec plus d'une heure de retard à mon travail, ce qui m'avait valu une pénalité de six dollars l'heure. J'avais prévenu Dom, mais ce dernier n'en avait rien à faire. J'étais payé par heures travaillées et si j'étais collé, je n'avais qu'à m'en prendre à moi-même.

J'essayerais de faire des heures supplémentaires pendant le week-end pour récupérer l'argent perdu. À la maison, nous avions besoin jusqu'au moindre centime.

Il était tard et j'étais éreinté, mais en même temps j'étais affamé. Or grand-mère n'était pas encore rentrée.

Elle travaillait comme domestique pour une famille huppée de Dayton.

J'avais bossé pour eux un été, en tant que garçon à tout faire. La femme n'avait pas cessé de me draguer tout le long, en me faisant des propositions déplacées. Elle avait même été prête à me payer pour me chevaucher... Je n'exagère rien, je ne fais que réutiliser les mots qu'elle a employés. Mais je lui avais très vite fait comprendre que je ne coucherais jamais avec une femme pour de l'argent, j'étais peut-être pauvre, mais je ne m'abaisserais jamais à ce niveau, ayant ma dignité.

Bref, c'étaient vraiment des crétins, mais tant qu'ils traitaient bien ma grand-mère et lui payaient ce qu'ils lui devaient, je n'avais rien à dire. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je ne lui avais pas dit que sa patronne m'avait fait du rentre-dedans pendant tout l'été dernier.

Soudain, l'on toqua à ma porte.

— Entre ! dis-je en sachant qu'il s'agissait de Tanis.

Cette dernière ouvrit la porte et entra, pour ensuite aller s'asseoir sur le futon en face de mon lit. Je ne me relevais même pas, étant trop fatigué.

— Tu rentres tard, constata-t-elle.

J'avais essayé de faire des heures supplémentaires, mais Dom avait fermé le garage. Il avait cinq gosses et une femme très casse pieds qui le voulait avant vingt heures tous les soirs à la maison, sinon il passait la nuit sur le canapé. Alors... le pauvre homme fermait boutique toujours à vingt heures moins le quart.

— J'avais du travail. Et toi ? As-tu fait tes devoirs ?

— Oui, dès que je suis rentrée.

— C'est bien, dis-je en m'endormant presque.

Tanis devait sans aucun doute s'en vouloir de ce qu'elle avait fait aujourd'hui, alors elle voulait se faire toute petite. Mais le fait d'avoir fait ses devoirs ne la ferait pas échapper au sermon ainsi qu'à la punition de grand-mère.

Cette petite était bien meilleure que moi, ayant vraiment de bonnes capacités. Si elle se concentrait sur ses études et continuait d'avoir des bonnes notes comme jusqu'à maintenant, n'importe quelle bonne université lui ouvrirait ses portes.

Grand-mère allait lui en faire voir de toutes les couleurs, mais c'était pour son bien. Tanis ne pouvait pas me ressembler. Contrairement à moi, un brillant avenir s'offrait à elle, elle ne devait surtout pas gâcher ça en trainant avec les mauvaises personnes. Et malheureusement, être amie avec ces garçons ne ferait que lui causer du tort.

Je les observais et je m'y voyais, ces gamins finiraient par entrer dans un gang, comme moi et d'autres de mes amis. Alors ces fréquentations ne convenaient en aucun cas à ma sœur. Plus éloignée elle se tiendrait des personnes dans mon genre, mieux elle se porterait.

— Tu étais vraiment obligé de faire ça ce matin ? demanda ma sœur après quelques minutes de silence.

— De quoi tu parles ?

Paradis Secret (Tome 1) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant