Chapitre 29 Tyler

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J'inhalai la fumée. J'avais au moins fumé un paquet de cigarettes depuis que j'étais sorti de la chambre où couchait Elena et depuis, je n'avais pas cessé de penser à ce qui s'était passé.

Une partie de moi était euphorique, tandis qu'une autre... n'arrêtait pas de se poser des questions. Je savais que dès le moment où elle se réveillerait, tout redeviendrait comme avant, je n'avais aucun doute là-dessus. A quoi pouvais-je m'attendre d'autre après tout ?

Cette fille... elle était beaucoup trop bien pour moi. J'étais un loser, je ne lui causerai que des problèmes. Je n'étais pas ce qu'il lui fallait. Non, elle méritait un garçon qui pourrait lui donner tout ce qu'elle désirerait. Et je n'étais pas ce garçon. Je ne pouvais lui offrir qu'un avenir sans savoir ce que le lendemain nous réserverait.

J'avais adoré l'embrasser. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien, mais lorsqu'elle m'avait demandé de l'embrasser j'avais paniqué. Jamais jusque-là je n'avais été aussi intimidé par une fille.

Je l'avais dans la peau, j'en avais bien conscience. Je sentais encore ses lèvres sur les miennes et j'avais du mal à contrôler les réactions de mon corps, ce dernier s'emballant tout seul. Elle m'avait mis dans tous mes états, elle n'était pas consciente à quel point elle me rendait dingue. Et elle ignorait à quel point il m'avait été difficile de me contrôler pour ne pas aller plus loin, mais pour moi... Elena n'était pas comme les autres, elle méritait plus que deux minutes de baise sur un matelas miteux.

Lorsque je l'avais entendu dire qu'elle voulait que je l'embrasse, mon cœur avait cessé de battre et j'avais eu du mal à reprendre ma respiration. Elena O'Neal m'avait demandé de l'embrasser. Et quel baiser ! J'en aurais redemandé, mais je ne voulais pas être trop gourmand, car lorsque la réalité me frapperait de plein fouet, je n'avais pas envie de prendre une baffe magistrale en pleine gueule.

Je savais à quoi m'attendre. Ce qui s'était produit cette nuit, ne se reproduirait plus.

Généralement, je ne fumais pas plus de quatre ou cinq cigarettes par jour, mais là, c'était la seule chose qui puisse me calmer. J'avais volé le paquet de Tony. Ce dernier ayant laissé sa chambre à Mayim tandis que lui, il était resté dormir sur le canapé.

Soudain, la porte de l'appartement s'ouvrit et mon ami vint me rejoindre. Lorsqu'il prit le paquet et qu'il ne restait plus une seule cigarette, il me foudroya du regard. Après tout, il était à peine neuf heures du matin et j'avais déjà fumé un paquet entier.

— T'as intérêt à m'en racheter un, bougonna-t-il.

— Je suis gentil, alors je t'en achèterai deux.

Il me contempla et finalement se tourna vers la porte.

— Il s'est passé quelque chose avec Elena ?

J'étais encore torse nu, je n'avais pas pu récupérer mon t-shirt pour l'instant.

— Non, rien du tout, mentis-je.

— Elle s'est réveillée pendant la nuit ?

— Oui, vers quatre heures.

— Tout va bien ? Tu as l'air nerveux.

A Tony rien ne lui échappait. Parfois je me disais qu'il lisait dans l'esprit des gens, tellement il était observateur et se rendait compte des petits détails.

— Oui, très bien.

— Elle t'a dit quelque chose ? Par rapport à la rave ?

— Non.

— Maintenant tu vas te contenter de me répondre par « oui » ou par « non » ? s'énerva-t-il.

— Je n'ai rien d'autre à dire.

Agacé, il soupira bruyamment et partit, en me laissant seul. Ce que j'appréciai, ayant besoin de réfléchir.

***

Peu de temps après, la porte de l'appartement s'ouvrit derechef et cette fois, je sus qu'il ne s'agissait pas de Tony.

Elena vint s'asseoir à mes côtés et elle m'admira avec attention, comme en essayant de lire dans mes pensées. Je tournai mon regard vers elle et remarquai qu'elle s'était changée, ayantremis sa robe rose poudrée, mais ses pieds étaient toujours nus. Elle me tendit mon t-shirt et je l'enfilai.

— Tu vas bien ? me demanda-t-elle.

— Parfaitement, répondis-je sèchement.

Je me levai et m'apprêtai à rentrer dans l'appartement, quand elle me saisit du bras, tout en me regardant de ses beaux yeux bleu azur.

— Tyler... pour ce qui s'est passé plus tôt...

Je fermai les yeux. Je savais ce qu'elle allait dire, alors j'allais lui rendre la tâche la plus simple possible.

— Il ne s'est rien passé plus tôt. On s'est juste embrassés, il n'y a pas de quoi en faire toute une histoire.

Alors que je ne rêvais que d'une chose : plaquer à nouveau ma bouche sur la sienne. Sa si jolie petite bouche qui me faisait perdre la tête depuis le jour où j'avais croisé les premiers mots avec elle.

Son expression changea, je n'aurais su comment la décrire à dire vrai. Mais elle se reprit rapidement et s'efforça de me sourire.

— Je suis contente que nous soyons sur la même longueur d'ondes.

Je la foudroyai du regard.

— Rien n'a changé entre nous, ajouta-t-elle.

Ce qui voulait dire que nous nous en tenions aux mêmes règles que quelques heures auparavant. Je ne lui parlais pas en-dehors de nos cours en commun, je faisais comme si elle était invisible. Si c'était ce qu'elle voulait, c'était ce qu'elle aurait.

— Voilà qui est clair !

Puis je rentrai à nouveau dans l'appartement en faisant claquer la porte derrière moi.

J'avais envie de cogner quelque chose ou quelqu'un, alors il fallait que je me calme. Ou plutôt que je me casse d'ici !

Mayim et Tony étaient dans la cuisine, tous deux rigolaient ouvertement sans se soucier de ma présence. Ils étaient en train de préparer le petit-déjeuner et d'après ce que je constatai, Tony se fichait de la tête de Mayim parce qu'elle était une véritable catastrophe ambulante, ce qu'elle répondait par une grimace et en tapant mon ami au niveau du bras.

— Je vais y aller, dis-je à Tony en prenant mes clés de moto.

— Tu ne déjeunes pas avec nous ? s'étonna-t-il. Je suis en train de faire du bacon !

— Et moi du jus d'orange ! continua Mayim en me montrant deux oranges.

La scène aurait pu me paraître comique si je n'avais pas été aussi énervé. J'avais l'impression de faire face à un vieux couple qui préparait le petit déjeuner pour ses petits-enfants.

— Sans façons, je rentre !

Je sortis donc de l'appartement et retrouvai Elena appuyée contre la rambarde, le vent secouant ses cheveux châtain clair.

— Tu t'en vas ?

— Ouais.

Puis je descendis quelques marches sans même lui accorder un regard. C'était bien trop difficile.

— On se voit toujours chez-toi lundi pour les cours de soutien ? me demanda-t-elle lorsque je fus sur ma moto.

Mais je ne lui répondis pas, même si je l'avais parfaitement entendue. Elle aurait pu me demander n'importe quelle autre chose, pourtant elle ramenait tout aux cours de soutien. Et ça, ça me mettait en rogne, parce que cela voulait dire que nous en serions toujours au même point.

J'allumai le moteur et rentrai chez-moi. 

Paradis Secret (Tome 1) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant