Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2

Tome 2 ~ Chapitre 32 _ Leon

Trois semaines se sont écoulées depuis l'enterrement de notre fille, je peine à croire qu'elle est vraiment partie. Assis par terre dans sa chambre, je profite de ce moment pour souffler. Tini est actuellement chez son père, il a longuement insisté pour qu'on vienne déjeuner. Depuis le départ de Léana, nous nous sommes enfermés dans notre cocon. Tini a tenu deux semaines avant d'accepter sa proposition. J'étais également invité mais j'ai préféré décliner. Elle a besoin de se retrouver seule avec German et j'ai également besoin de me retrouver. Je ne quitte pas du regard les lettres qui composent son prénom sur le mur. Un léger sourire s'affiche sur mon visage quand je repense à ce fameux moment. Tini avait sagement décidé où les placer et comment. J'en avais fait les frais. Une larme finit par couler le long de ma joue, je la chasse rapidement. Moufle qui était affalée sur mes jambes, relève la tête les oreilles baissées. Une caresse plus tard, elle retourne dans les bras de Morphée.

Je me sens aussi épuisé qu'elle. Tant physiquement que psychologiquement. Les journées se succèdent et se ressemblent en monotonie.

Violetta pleure, s'agace, crit, ne mange pas, dort, s'enferme... Et je la canalise. Du moins, j'essaie. J'ai tenté de lui parler, mais elle s'est complètement plongé dans un mutisme impénétrable. J'aimerai l'aider, mais je n'y arrive pas. J'ai même voulu l'emmener voir quelqu'un qui pourrait faire en sorte qu'elle se confie davantage, mais elle a catégoriquement refusé. Encore une fois en si peu de temps, je me sens largué, complètement impuissant. Et j'en ai des remords. Je n'ai pas pu aider Léana, et c'est à peine si j'arrive désormais à aider ma propre femme dans cette épreuve.

Je plonge mon visage entre mes mains en lâchant un soupire. Des heures que je réfléchis à un moyen de nous faire aller mieux, pour finalement n'avoir trouvé aucune solution... Seul le temps pourrait nous sortir de notre douleur... Mais combien de temps ? Est ce que nous tiendrons jusque là ? Je n'ose pas me l'avouer à voix haute mais depuis la mort de Léana, je vois très bien que mon couple bat de l'aile, malgré tous mes efforts... Là est justement le problème: je suis le seul à en faire pour le moment. J'espère simplement que ça changera. On est sur la bonne voie, je pense. Qu'elle accepte d'aller voir sa famille, de sortir d'ici est déjà un grand pas en avant, quand on voit qu'il y a une semaine encore, elle refusait de quitter notre chambre, ou celle de Léana, dans laquelle elle a également passé des journées entières...
Pendant ce temps, j'ai préféré me donner contenance du mieux que je pouvais... J'ai surtout fait attention à elle, et ses besoins, puis je me suis occupé de certains papiers, ou documents, et j'ai pratiqué diverses activités... Très certainement pour oublier, je ne le nie pas vraiment. Je me suis remis à aller courir, très tôt le matin, j'ai joué, tenté de composer... Même si ça ne donne rien, je préfère m'occuper l'esprit, me concentrer sur ma musique, pour ensuite pouvoir mieux la soutenir, elle, pour l'instant.

Aujourd'hui, c'est bien la première fois depuis longtemps que je m'autorise à entrer dans cette pièce pour moi... Que je m'autorise à repenser à Léana, et à ce que je ressens. Je pensais depuis quelques jours avoir réussi à me détacher de la souffrance que je ressentais. Mais je ne faisais que la cacher. Et elle me revient maintenant fortement et en pleine figure, accompagné de tous ces souvenirs...

Ses yeux verts, sa petite main, serrant la mienne, juste avant qu'elle ne parte. Elle s'était battu jusqu'à la fin. J'étais, je suis et je resterai toujours impressionné par la force de caractère dont elle a fait preuve, malgré la finesse et la fragilité qu'elle représentait.

On toque à la porte me tirant de mes pensées. Moufle sursaute à son tour, avant d'aller dévaler les escaliers en aboyant. Je me lève péniblement et emprunte le même chemin jusqu'à la porte d'entrée, ordonnant à la chienne de se taire. Je sais très bien que ça ne pouvait pas être Tini, son père ne la déposait que ce soir, aux alentours de dix neuf heures. Alors je reconstruis mon mur, prend un air des plus égal et ouvre la porte. Angie fait son apparition derrière celle-ci. Je ne suis pas plus surpris que ça de sa venue. Elle s'est régulièrement montré ici ces dernières semaines. Pour Tini, la majeur partie du temps. Nous échangions seulement quelques mots, sans excès. Elle a essayé à plusieurs reprises d'entamer des discussions plus profondes avec moi mais je n'ai jamais vraiment cherché à coopérer disons... Après avoir échangé un bref "salut", je le fais entrer.