~ Chapitre 29 ~ Leon ~

930 45 3
                                    


Après avoir durement négocié avec mr. Holden, il a bien voulu faire sortir Tini de l'hôpital. On a bien cru ne pas y parvenir avec Ludmila, mais il a fini par céder. Ainsi, nous avons, dès le lendemain, remballé toute les affaires de la patiente en question et avons quitté les lieux, après que le médecin nous ai donné encore quelques instructions. J'ai tout d'abord déposé Ludmila chez les Castillo, puis, j'ai pris la direction de mon ancienne demeure. Le silence qui règne alors dans la voiture est lourd et pesant... L'absence de Ludmila pour déblatérer sur n'importe quel sujet se fait grandement sentir. Je regarde, de temps à autre Tini, du coin de l'oeil. Elle semble pensive, caché derrière les lunettes de soleil qu'on lui a donné à l'hôpital. Je me demande ce qu'elle doit ressentir... La voir dans cette état me chagrine, surtout que je suis en grande parti coupable de ce qui lui arrive.
Nous arrivons à destination. Je gare la voiture devant la maison et annonce :
- On y est.
Elle hoche simplement la tête. Je descends de la voiture et vais lui ouvrir la portière. Elle en sort à tâtons, peu sûr d'elle. Je referme l'auto puis vais lui prend la main et passe un bras autour de sa taille pour la guider. Elle se laisse faire, muette. À peine ai je entrouvert la porte que nous sommes accueilli par de joyeux aboiements. La belle Moufle, poils au vent, accourt vers nous. Je referme la porte. Tini sourit en sentant la chienne lui bondir à plusieurs reprises dessus. Je prend la boule de poiles dans mes bras... Je dois bien reconnaître que cette grignoteuse de chaussures m'avait manqué ! Je ris lorsqu'elle se blottit contre mon cou mais se tourne bien vite vers Tini.
- Tu veux la prendre ?demandé je à celle ci. Je crois que tu lui as manqué !
Son sourire s'efface lentement.
- Je ne préfère pas... Je suis plutôt maladroite en ce moment...
J'aquiesce sans un mot et pose Moufle. Tini s'accroupit tout de même et appelle la chienne qui, automatiquement, vient se blottir contre les mains de sa maîtresse.
- Alors ma belle ? Tu as été sage ?
Pour réponse, elle lance un nouveau glapissement. Pendant ce temps, je regarde autour de moi, comme si je redecouvrai l'endroit. En fait, rien a changé. On dirait presque que rien ne s'est vraiment passé entre temps. Tini se redresse. Sans un bruit, nous allons jusqu'à la chambre où je la laisse s'installer sur le lit. Pendant ce temps, je m'occupe de fermer les rideaux.
- Bon, d'après le médecin, tu dois absolument éviter la lumière du jour...
- Qu'est ce que ça peut changer ?...se moque t-elle, d'un air à la fois désinvolte et abattu.
- Tout, sûrement... Si il l'a conseillé, c'est que c'est bien pour quelque chose.dis je en venant m'asseoir à ses côtés. J'ai promis que je veillerai sur toi et fasse ce qu'il demande jusqu'à ton rétablissement... Maintenant que tu es là, tout ira peut être mieux. Tu verras, tu vas vite t'en remettre...tenté je de la rassurer.
- Et si jamais je ne m'en remet pas ? Et si je ne retrouvais pas ma vue ?s'inquiète t-elle.
- Elle reviendra...chuchoté je en posant une main sur son avant bras. Maintenant, repose toi...
Elle s'allonge et je remonte la couverture sur son corps avec douceur. Moufle, qui nous avait suivie, prend son élan et saute sur le lit pour aller se blottir au pied de Tini. Je reste à ses côtés jusqu'à ce qu'elle s'endorme et prend le temps de l'observer, chose que je n'avais pas fait depuis longtemps. Ses cheveux, bien plus court désormais, lui donne un côté plus mâture et féminin. Les paupières clauses, elle semble plongée dans un sommeil profond et paisible, la respiration régulière. Ses lèvres pulpeuses m'attirent irresistiblement, comme avant... Je me demande comment est ce que j'ai pu faire pour la repousser comme je l'ai fait... J'ai pu remarquer aussi qu'elle s'était faite tatouée. Elle a changé... Ou plutôt, je l'ai changé. Mais elle est toujours aussi belle... Cette fille pourrait se teindre les cheveux de n'importe quel couleur ou se faire toute les coupes qu'elle veut, tout lui irait parfaitement... Je me décide à bouger un peu, non pas que la regardais me déplaîs, au contraire,  je pourrais y rester des heures... Mais je ressemble vraiment à un psychopathe à force de baver devant elle... Je me désole...
Je vais à la cuisine,  me servir à boire puis vais m'asseoir à table, face à la baie-vitré et réfléchis à ce que je comptais faire par rapport à mon producteur et ce départ en Espagne que j'avais reculé... Il en est devenu fou. La seule chose qui me freine encore à couper les ponts avec lui et donc, toute les histoires qui vont avec, y compris Julia, est la peur que Tini m'en veuille toujours et me demande de lui laisser un peu de temps... Malgré tout ce que Tini m'a dit la dernière fois, je crains de n'être qu'une source de mauvais souvenirs pour elle, même si elle ne veut pas l'avouer...
On frappe à la porte, me tirant de mes pensées. Je me lève de ma chaise et vais ouvrir.
- German !fais je, surpris. Tu ne travailles pas ?
- Non. Je voulais venir voir Tini...
Je le fais entrer.
- Elle dort pour l'instant... Mais si tu veux attendre ici, pas de soucis. Je te sers quelque chose ?
- Non merci.refuse t-il poliment en s'asseyant sur une chaise. En fait, je suis content d'être seul avec toi, parce que, j'aimerais aussi te parler.
Je vais m'installer en face de lui.
- Je t'écoute.
- D'accord... Le docteur Holden, m'a bien précisé que tu avais promis de veiller sur Tini... Je n'y vois pas d'inconvénient... Seulement... Je voudrais juste savoir une chose: est ce que tu fais tout ça simplement par culpabilité de l'avoir mise dans ce pétrin ? Parce que si c'est le cas, je préférerais que tu t'en éloigne tout de suite avant de la faire souffrir à nouveau en lui annonçant que tu étais juste ici pour qu'elle se rétablisse et que tu comptes repartir.
Ses paroles m'offusquent même si je peux comprendre qu'il y ai pensé...
- Je ne vais pas vous mentir, je suis là par culpabilité mais pas que.... Je l'aime, malgré tout ce que j'ai pu lui faire ces derniers mois. Je sais que ça l'a affecté, et je ne cesserai jamais de lui dire que j'en suis désolé s'il le faut. Moi, je n'ai pas l'intention de la quitter, plus maintenant. Mais je suis plus inquiet que ce soit elle qui me demande de partir...soufflé je.
German affiche un air comprehensif mais me questionne:
- Et pourquoi crois tu qu'elle te demanderai de partir ?
- Parce que je me suis mal comporté avec elle.reponds je, comme si cela me paraissait logique.
Il sourit, d'un air moqueur.
- Donc tu doutes de son amour envers toi ?
Je secoue négativement la tête.
- Non... Enfin... J'ai juste peur qu'il se soit fragilisé. Et qu'elle ait besoin de temps.
- Ça, ça se pourrait.m'avoue t-il, ce qui ne me rassure pas vraiment. Mais, je vais te dire... Si déjà, tu doutes d'elle, et ne lui fais pas confiance, comment veux tu qu'elle ne doute pas de toi ? Comment veux tu que ton couple se ressoude ? Tout est basé sur la confiance de l'un envers l'autre. La votre est, en effet, fragilisée, tout comme votre relation qui en a pris un sacré coup... Mais ce n'est pas en pensant comme tu le fais qu'elle va se renforcer et se reconstruire.
Je hoche simplement la tête et attend patiemment qu'il continue.
Il soupire face à mon manque de réaction et vient poser ses coudes sur la table pour ce rapprocher de moi.
- Tu dis que tu ne cesseras jamais de t'excuser s'il le faut... Mais en faisant cela, tu feras toujours référence aux actions que tu as effectué et dont tu n'es pas fier. A quoi est ce que cela va servir ? A part te rendre, et la rendre mal à l'aise. Tu vas ressasser le passé, ce qui ne vous fera pas plus avancer... Vous avez perdu beaucoup de temps et vous vous devez de le rattraper. La vie est déjà assez courte comme ça pour rester sur des actes passés qui nous auraient déplu. Tini l'a bien compris d'ailleurs... C'est pour ça qu'elle t'a pardonné aussi facilement...et aussi parce qu'elle t'aime sincèrement, bien sûr.se rattrape t-il.  Te chasser d'ici est la dernière chose qu'elle serait prête à faire, tu peux me croire. Il faut que tu ailles de l'avant, comme elle est prête à le faire...
- Tu as sûrement raison... Moi aussi je l'aime sincèrement mais...
Il me coupe d'un geste de la main.
- Si tu l'aimes, prouve lui. Elle a besoin justement d'être soutenue, rassurée, en ce moment... Je compte sur toi pour l'aider du mieux que tu le peux.
- C'est ce que je comptais faire.opiné je.
- Non, c'est ce que tu comptes et vas faire. Vous avez traversé beaucoup de chose, mais le plus dur est passé à mon avis, et vous ne ressortirez que plus fort de ces épreuves. Il faut que vous vous souteniez mutuellement, que vous vous parliez... Laissez le passé là où il est, mais apprenez de vos erreurs et ne les reproduisez pas.  Si je te dis tout ça c'est parce que j'ai confiance en toi, et en votre couple. Et parce que je sais qu'elle t'aime encore plus que ce qu'il ne faudrait. Tu as de la marge avant qu'elle ne te rejette complètement... Mais c'est vite fait. Et crois moi par contre: tu lui refais ton petit cinéma, je t'assure que je m'occuperai personnellement de ton cas.me menace t-il.
Je déglutis légèrement sous son regard meurtrier et m'enfonce dans ma chaise.
- Je crois que tu n'auras pas à le faire German...tenté je de sourire. Le truc, c'est que... Pour l'instant, il y a toujours une certaine distance entre nous... Et je ne sais pas vraiment comment faire pour briser la glace.
- Elle se brisera quand vous vous y attendrai le moins. Ne t'inquiète pas... Tu ne dois pas être le seul à le vouloir. Je connais Tini, et vu comme tu lui as manqué, elle doit aussi en mourir d'envie. Mais je sais aussi qu'elle n'osera jamais faire le premier pas. Laissez vous un peu de temps... Tout rentrera dans l'ordre...
Il jette un coup d'oeil anxieux à sa montre.
- Bon, on m'attend...déclare t-il en se levant.
Je le raccompagne jusqu'à la porte et alors qu'il partait, l'interpelle.
- Merci... De toujours croire en moi...
- Oui... Tu n'as pas intérêt de me décevoir encore une fois Leon.sourit il d'un air narquois.
Je hoche la tête et fais un signe de la main qu'il me rend avant de disparaître derrière le portail du jardin, qu'il referme derrière lui. Je rentre à nouveau et retourne voir Tini. Celle ci dort encore profondément. Une vrai marmotte... J'adorais l'appeler comme ça pour l'embêter. Elle a toujours détesté les marmottes pour une raison qui m'échappe. Elle devenait rouge de colère quand je l'appelais comme ça. C'est mignon pourtant une marmotte...
Je m'assois sur le lit face à elle et la contemple.
Grâce à German je savais exactement ce qu'il me restait à faire....Soit appeler mon producteur et tout arrêter ici... Je préviendrai Julia en premier. Nous n'avons jamais vraiment été ensemble de toute façon.
Tini cogite légèrement, me tirant de mes pensées. Les sourcils froncés, les dents serrées, elle gémit, et souffle mon prénom. Je lui prend la main et m'avance pour lui embrasser le front.
- Je suis là...murmuré je.
De ma main libre, je lui caresse doucement la joue. Elle se calme, les traits de son visage se détendent.
J'ai assez foiré ces derniers temps sur notre relation... Il est peut-être temps que moi même je passe à autre chose, pour qu'elle puisse faire de même...
Je suis là aujourd'hui et je me promet de rester à ces côtés jusqu'à la fin de ma vie.

Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2Where stories live. Discover now