~ Chapitre 16 ~

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Assise à la table de mon ancienne maison, en compagnie de ma famille, je les écoutes attentivement me raconter leur semaine. Je ne leurs ai pas rendu visite depuis un petit moment, ce qui m'a valu dix minutes de reproches à encaisser à mon arrivée...
J'ai pu rapidement remarquer que mon père et Angie ne sont pas en grande forme. Ils essaient de ne pas le montrer et parlent surtout de ce qu'ils font au travail ou de leur récente sortie à tel ou tel endroit, faisant bonne mine. Mais ils ne sont pas... Normales. Ludmila m'a affirmé, alors qu'ils étaient à la cuisine, qu'en ce moment, le morale n'y était pas. Autant pour l'un que pour l'autre. Elle pense qu'ils sont dans une sorte de "deuil"... Le "deuil de l'enfant biologique" comme elle dit. Elle trouve que mon père en ai particulièrement affecté. Angie aussi, mais d'une autre façon... Ils cherchent des solutions à ce problème et d'après Ludmila, ça ne donne rien de concluant et plusieurs disputes, même si elles sont minimes, ont éclaté à ce sujet... Je m'en veux soudain de ne pas avoir été plus présente malgré le fait que les répétitions me prenait beaucoup de mon temps... J'ai été une des premières à le savoir et je n'ai pas été capable de les soutenir et de me préoccuper d'eux ne serait ce que dix minutes. Je me sens coupable de ne pas avoir été là pour eux... Mais je compte bien me rattraper.
- Demain, tu fais ton grand retour sur scène !s'exclame justement Angie, sortant de la cuisine, un plat de cookies dans les mains.
- Oui... Vous viendrez ?
Mon père, posant une bouteille de jus d'orange sur la table vient m'embrasser la joue et me serrer dans ses bras.
- Bien évidemment ! On ne ratera ça pour rien au monde ! Ma princesse de nouveau sur scène !
- Papa...ronchonné je face à cette excès de tendresse.
Il me relâche pour aller s'installer à sa place. Ludmila et moi nous jetons sur les gâteaux comme des enfants.
- Comment va Leon au fait ?questionne Angie en nous servant du jus d'orange.
-  Il prépare sa tournée en ce moment et en fait la promotion...expliqué je. Il est invité sur tout les plateaux télé possible et inimaginable depuis l'annonce des premières dates, il y a à peine deux jours...
- Tout va bien alors ?
- Je crois... Son père est malade en ce moment et les mêmes histoire avec son frère qui lui plombe un peu le morale... J'ai essayé de l'aider en parlant à Juan mais... Rien ne se passe.déclaré je en haussant les épaules.
- Je pense que tu devrais rester en dehors de ça...me conseille Angie. Ça finira par se régler tout seul, laisse le temps aux choses...
- Mais je veux simplement l'aider...
- On le sait bien... Mais des fois, le mieux est encore de ne rien faire. Ludmila, qui jusque là, se montrait discrète, me défend :
- Franchement, je comprends que Tini ait voulu agir... Si German se sentait mal, tu n'aurais rien fait pour qu'il aille mieux ?
- Ça dépend dans quel contexte. Ça ne regarde pas Violetta ce qu'il s'est passé...
- Ils sont fiancées !s'écrit presque Ludmila.
- Ce n'ai pas une raison suffisant pour qu'elle se mêle de cette affaire, qui est peut être plus compliqué qu'elle ne le pense au regard de Leon et de son frère.
- Oh ! "Elle", elle est ici !objecté je. Et je sais que...
- Bon, et si on changeait de sujet ?coupe mon père, voyant que le ton commencer à s'élever. En parlant de fiançaille, vous avez réussi à vous mettre d'accord pour une date pour le mariage ?
- Papa...soupiré je. Non. On en a aucune idée et cette semaine, j'ai vraiment pas eu le temps d'y penser, tout comme lui.
Ludmila s'éclaircit la gorge.
- C'est donc pour cela que vous avez besoin d'une organisatrice ! Comme...  Moi !se désigne t-elle d'une voix magistrale, élevant élégamment une main. D'ailleurs, j'ai vu des robes qui étaient mais... Magnifiques ! Faut que je te montre !
Elle se lève toute excitée et me prend le bras pour me traîner dans mon ancienne chambres, sous le regard amusée de Angie et de mon père. Une fois la porte refermée derrière elle, elle prend son téléphone et va s'affaler dans le lit. Je regarde attentivement autour de moi. Ça me faisait bizarre de me retrouver dans cette chambre... J'y avais passé tellement de temps. Rien n'avait changé. Les photos, mon piano, ma guitare... Tout était là, comme si je ne l'avais jamais quitté. Je m'approche doucement de mon tiroir ou j'avais l'habitude de ranger mon journal et le retrouve, toujours à la même place. Je l'attrape et commence à le feuilleter, faisant remonter quelques souvenirs. Ludmila m'interpelle et voyant que je ne réagis pas, me rejoins.
- Quand je pense que je vais me marier...murmuré je. Tu sais... Ça me fait peur en réalité... J'ai l'impression que le temps passe beaucoup trop vite. J'aimerais retourner au Studio...
- Moi aussi...
J'arrive à une page où le nom "Francesca" est écrit en grande lettre majuscule.
- Je n'ai plus de nouvelles d'elle... Diego m'a dit qu'elle était très occupée en ce moment et que même lui avait du mal à la joindre... On s'est tous dispersés et presque perdus de vue en quelques années seulement.dis je, un point nostalgique.
Ludmila acquiesce, l'air triste elle aussi.
- Tu savez que Federico sortez avec une fille en ce moment...
Je referme le journal et le range puis vais m'asseoir sur le lit, fronçant les sourcils
- Non...Qui ?
- Tu ne devineras jamais...
- Bah aller... Raconte.
Elle inspire profondément, puis, de façon désenchantée, balance:
- Camilla.
Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.
- Quoi ?! Depuis quand ?
- Pas longtemps...soupire t-elle en jouant nerveusement avec les bracelets qu'elle porte.
Elle a presque un air dépité.
- Mais je suis contente pour lui.
- Tu mens.
- Pourquoi je mentirais ?
- Parce que tu l'aimes toujours.
Elle lève les yeux au ciel.
- Tini, si je l'aimais toujours, j'aurais essayé d'arranger les choses, j'aurais répondu à ses appels pour en discuter. Choses que je n'ai pas faite. Je ne l'aime plus.
- Tu essaies juste de t'en persuader... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous deux, personnes ne le sait et je comprends pas pourquoi tu n'en parles pas, même pas à moi...
Elle reste silencieuse quelques secondes.
- Je n'en ai simplement pas envie.
Je me rembrunis légèrement, puis me lève.
- Très bien... Tu le feras quand tu seras prête. Mais si tu m'as parlé de lui aujourd'hui, alors que tu ne le fais jamais, c'est bien parce que tu as appris qu'il avait une petite amie, et parce que ça te touche... Et que tu avais besoin de le partager. Même si tu ne veux pas te l'avouer, ça se voit, c'est même flagrant que cette nouvelle te blesse. Et ça te blesse pourquoi ? Je te laisse réfléchir et en déduire la réponse...
Elle secoue négativement la tête, exaspéré. Elle sait que j'ai raison au fond, et c'est ça qui l'agace.
- Je dois y aller...annoncé je.
Elle se lève à son tour sans bruit et nous sortons de la chambre pour descendre au rez-de-chaussé. Mon père et Angie sont installé devant la télévision.  Nous voyant arriver, mon père m'interroge :
- Tu ne reste pas manger ?
- Non... Je suis fatiguée, je vais rentrer... On se voit demain de toute façon ? Et je promets de venir plus souvent...
- T'as intérêt ! Auquel cas on te bottera les fesses!sourit Ludmila, feignant une bonne humeur.
J'embrasse tout le monde à tour de rôle. Ludmila me prend doucement dans ses bras.
- Tu as raison...chuchote elle.
Je m'écarte et lui lance un sourire réconfortant.
- On s'appelle ?
Elle opine. Je vais prendre mes affaires et lance un " à demain !" avant de sortir définitivement de la maison pour, enfin, retrouver mon chez moi.

En ouvrant la porte pour entrer dans mon havre de paix, je suis heureuse de découvrir Moufle en train de courir dans ma direction sa queue toute frétillante.
- Coucou toi, dis-je soudainement joyeuse. Moi aussi je suis contente de te voir.
En guise de réponse, cette dernière aboie et pose ses deux petites pattes avant toute velue sur mes genoux. Je m'accroupie alors pour être d'avantage à sa taille et la caresser tendrement.
- Tu as encore manger les chaussures à Papa aujourd'hui ? la questionné je.
Ses oreilles s'abaissent lentement à l'entente de ma phrase, je devine alors facilement la réponse.
- Tu sais que tu vas te faire gronder ?
Cette dernière couine et frotte sa tête contre ma main. Comment ne pas pardonner à cette boule de poils ? Je lui embrasse le museau et me relève pour déposer mon manteau. Je découvre alors avec surprise celui de mon fiancé.
- Léon est rentré ?
Moufle contente tourne autour d'elle même, je sais alors qu'il est à la maison.
- Il est où Papa ? Dis-je dans une voix plus aigue.
Cette petite boule de poils me fait perdre toute part de maturité. La bouille légèrement incliné, Moufle me regarde avec interrogation.
- Léon ?
Cette dernière sautille à l'entente de ce prénom et court jusqu'aux escaliers où elle manque de tomber. Je rigole bêtement et la rejoint.
Dans notre chambre, je suis étonnée de découvrir Léon dans une position étrange. La tête entre les mains il rumine dans son coin. Moufle prend les devants et gratte les jambes de son maître pour lui demander toute attention possible.
- Pas maintenant, Moufle !gronde celui ci.
- Wouaf !
- Je crois que tu ne vas pas avoir le choix, lui dis-je dans un sourire.
- Tini !
- Moi même ! Tu as passés une bonne journée ? Je demande en m'asseyant à ses côtés.
Il me regarde furtivement et secoue la tête exaspéré. Moufle saute sur l'occasion pour grimper sur le lit et s'installer confortablement sur Monsieur. Léon soupir fortement mais la caresse tout de même. Je suis sur qu'il aime ce chien autant que moi.
-J'ai vu Jùan tout à l'heure ! Me dit Léon d'une voix froide.
Je caresse Moufle la tête baissée.
- Oh ! Fais-je pour simple réponse.
- Je ne comprend pas pourquoi tu as été l'inciter à venir me parler... Je n'avais pas besoin de ça en ce moment. Et ça ne te regarde absolument pas Tini !
- Je voulais t'aider...Je ne supporte plus de te voir aussi mal. Je t'aime Léon, j'ai simplement voulu t'apaiser un minimum.
- En me rajoutant plus de problème ? Quoi que tu fasses rien ne sera jamais comme avant.
- Mais c'est ton frère !!
- Je n'ai pas de frère, Tini !
Moufle relève la tête inquiète devant la tournure de la conversation. Elle se lève et s'interpose entre nous en guise d'arbitre, je la prend dans mes bras et regarde Léon avec froideur.
- Il a changé ! Il a une famille, une femme et un enfant. Tu es Tonton d'un petit garçon de deux ans et tu oses le renier.
- Tini arrête. Ne te mêle pas de cette histoire.
- Tu te comportes vraiment comme un idiot !  Pourquoi tu refuses de tourner la page ?
- Je ne refuse pas de tourner la page !s'énerve t-il. Je suis bien conscient qu'il a changé. Mais je n'ai pas forcément envie de rétablir un lien direct avec lui. Pas après tout ce qu'il nous a fait ! Et ça, je pensais que tu le comprendrais... C'est toi qui veut que je renoue les liens... Tu ne m'écoutes même pas,  tu dis vouloir m'aider mais tu n'en fais rien Tini !
- Mais je...
- Je ne veux plus t'entendre parler de cette histoire !me coupe t-il d'une voix glaciale.
- Bien...
- Bien !
Leon se lève et se dirige vers la porte. Il me regarde tristement, la main sur la poignée.
- Une dernière chose... Il s'appelle comment ? Mon neveu ?
- Ivan ! Ivan Léon Vargas.
Ses traits s'adoucissent légèrement
- Il porte mon nom ? Me questionne t-il.
J'hoche la tête en guise de réponse. Il reprend son sérieux et ouvre la porte.
- Tu vas où ?
- J'ai besoin de prendre l'air... Ne m'attend pas pour dormir.
Mon coeur rate un battement.
- Léon ?
- Oui ? Me demande t-il le corps déjà hors de la chambre.
- Pourquoi ai-je l'impression de te dire aurevoir ?
- Parce que je pars...
Je reste stupéfaite. Sur cette simple réponse, Léon quitte la maison sans même me laisser le temps de réagir, ni même me dire quand il comptait revenir... Moufle encore dans mes bras couine à l'entente de la porte qui claque.
- Je crois que l'on va dormir que toutes les deux ce soir, ma belle.
Cette dernière me lèche le nez et quitte mes bras pour s'allonger sur l'oreiller de Monsieur. Bon et bien je sais qu'elle sera ma place ce soir.

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Merci black-wood (/macaron) pour ton aide <3

Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant