~ Chapitre 18 ~

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- Tu viens ? On va rejoindre les autres !
J'allais partir mais il me freine, m'attrapant fermement le poignet.
- Non, Tini...
Je me retourne vers lui et remarque rapidement que quelque chose ne va pas et le tracasse... Je cherche son regard mais celui ci fuit le mien. Sa façon d'être, froide et distante, fait alors disparaître toute trace de bonne humeur en moi.
- Qu'est ce qu'il se passe ?...fais je, inquiète.

J'attends patiemment, redoutant néanmoins la réponse qui va suivre.
- Violetta...commence t-il, hésitant.
Le simple fait qu'il ne m'appelle pas "Tini", suffit à me faire comprendre que ce qui va suivre ne vas pas forcément me plaire.
- Je ne repartirai pas avec toi...
Je le fixe avec incompréhension.
- Pourquoi ?
- Je ne peux pas... J'ai besoin d'être seul.
Sa phrase me laisse perplexe.
- Être seul ?
- Oui... Ma mère a besoin de moi et... Il faut que je réfléchisse à tout ce qu'il m'arrive en ce moment...
- Tu peux très bien y réfléchir à la maison et... Je suis là... Ça me touche que tu sois aussi mal... Et je sais que je ne devrais pas m'en mêler. Mais je ne peux pas rester les bras ballant...
- C'est ça le problème...
Dans un sens, ses paroles me vexent et m'irritent légèrement. La tournure que vient de prendre la conversation est bien loin de me plaire...
- Que je veuille t'aider ?
- Oui...soupire t-il, en se frottant l'avant bras, mal à l'aise.
- Excuse moi de m'inquiéter pour toi...m'enervé je.
Il passe une main dans ses cheveux et, comme dépité, lève les yeux au ciel. Celui ci s'est, d'ailleurs, nettement obscurcit... Le vent aussi s'est levé, prévenant d'une tempête.
Son regard, plutôt terne  et sans réel expression, vient à la rencontre du mien.
- Tini... Crois moi, je t'aime...  Mais j'ai besoin de prendre du recul par rapport à ce qu'il m'arrive...explique t-il, d'une voix calme. Et oui, c'est un problème pour moi que tu te préoccupe autant de ça. Je sais très bien que ça part d'une bonne intention. Mais je ne veux pas que ça t'affecte, dans le sens où tu travailles avec Juàn... Tu dois t'occuper de ta carrière avant tout.
Mon regard s'abaisse au sol, trouvant le sien trop insistant et perturbant.
- Je ne comprends pas...avoué je. En quoi cela pourrait me bouleverser autant que tu le dis ?
- Je sais que tu parles beaucoup avec mon frère... De moi et tout ce qui suit. Il suffit que ça dérape une fois dans une de vos conversation, pour que tu te retrouves sans producteur du jour au lendemain...
Je reste silencieuse, méditant sur le sujet, puis relève la tête. Il semble remarquer que je ne suis pas convaincu. Il ajoute :
- De toute façon, les choses ne vont pas au mieux entre nous ces temps ci... On ne se voyait presque pas et lorsque c'était le cas, la moindre chose qui dérangeait l'un ou l'autre pouvait aboutir à une dispute... Et ça risque d'aller en empirant...
Je sais où il veut en venir. Et je ne peux pas l'accepter.
- C'était juste la fatigue... J'avais des journées de fou, et toi aussi avec les répétitions pour ta tournée... Ça peut s'arranger...insisté je. Les choses ne vont pas mal au point de...
Je n'ose même pas continuer ma phrase. Le mot en lui même me donne des frissons et m'accable d'une profonde tristesse. J'entends quelqu'un l'interpeller malgré le bruit qui nous entoure. Lui aussi semble le percevoir puisqu'il cherche du regard, à travers les organisateur courants à gauche et droite, son interlocuteur. Son prénom est de nouveau prononcer et je peux enfin apercevoir sa mère, qui s'est arrêté à  quelques mètres de nous, du côté de l'escalier menant à la scène. Leon reporte tout de même son attention sur moi.
- Oui, les choses ne vont pas mal au point de rompre...repete t-il, sans flanché. Pas encore du moins... Je suis néanmoins dans une mauvaise période et tu risques d'en pâtir. Je ne veux pas te faire souffrir... Et je ne veux pas souffrir non plus...
Mes yeux s'embue et je me remet à fixer mes pieds, pour éviter qu'il ne le remarque.
- Alors... C'est décidé ?lui demandé je, amèrement. C'est vraiment ce que tu veux ?
- Tini...souffle t-il, la voix brisée.
Il prend doucement mon menton et le relève mais je me dégage de son emprise. Je retiens autant que je le peux mes larmes, qui menacent grandement de tomber, tout comme la pluie.
- Dans notre intérêt à tout les deux, je préfère qu'on en arrête là avant que les choses ne s'enveniment...Et... Et que tout deviennent presque ingerable, au point d'en arriver à une rupture qui serait encore plus désagréable que celle d'aujourd'hui...finit il, d'une traite.
Mais qui lui a dit que nous allions forcément rompre ? Qui lui a dit que la situation allait devenir ingerable ? J'ai le coeur lourd et me sens... Froissé... Froissé du fait qu'il ne croit pas plus que ça en notre relation...
- Je n'en ai pas envie...dis je en gardant les yeux baissé.
- C'est difficile pour moi aussi... Mais essaie de me comprendre... Je... J'ai besoin de m'éloigner un peu de mon quotidien...begaye t-il. Ne m'en veux pas... Tu...
Il est coupé par sa mère qui tousse légèrement. Sûrement une manière de l'appeler discrètement... Si elle aussi veut m'enlever son fils, je suis pas rendue.
- Tini...interpelle t-il à nouveau.
Je ne réagis pas, trouvant un plus grand intérêt à mes chaussures.
Sa main se pose délicatement sur ma joue, caressant du pouce mes lèvres au passage. Je finis par me blottir  volontairement contre sa paume, chaude, réconfortante, et ferme les yeux, laissant s'échapper une larme. Il me force à la regarder, et je finis par le faire.
- Je suis désolé...dit il d'un ton à la fois sincère et abattu.
Sa main quitte ma joue et retombe le long de son corps. Il hésite puis commence à tourner les talons. Je l'arrête et vais le prendre dans mes bras.
- Reste...le supplié je dans un murmure.
Il me rend mon étreinte, me serrant fortement à lui et enfouissant sa tête dans mon cou. Il s'écarte de quelques centimètres puis vient m'embrasser tendrement. Un baiser haineux, triste, mais rempli d'amour s'ensuit. Mes larmes viennent s'y mêler. Je profite de la douceur de ses lèvres, du contact de son corps contre le mien, de ses mains sur mes courbes et des miennes dans sa chevelure, jusqu'à essoufflement... Je tremble, mon front contre le sien, fermant les yeux, la mine défaite, ne pouvant croire qu'il était prêt à rompre. Mais c'était bien un baiser d'adieu. Il s'éloigna de moi, beaucoup trop tôt à mon goût. 

~~~~~~

Le lendemain, je me réveille vers dix heures et demie, la tête dans le coussin de mon ex-fiancé, respirant son odeur, si particulière à mes yeux.  J'émets un bâillement en m'asseyant. La nuit a été longue... Je l'ai passé à fixer mon réveil lumineux et regarder les minutes défilées, les yeux humectés de larmes, en pensant à lui, et en  me repassant cette rupture, que je trouve injustifiée _ ou pas assez à mon goût_ dans ma tête. Mon regard s'abaisse à ma main qui porte toujours ma bague de fiançaille. Il y a une semaine encore, je pensais que ma vie allait s'achever à ses côtés... Je retire délicatement le bijou et l'observe, en même temps que ma poitrine se sert d'un sentiment désagréable, d'une émotions rude et presque insoutenable. Je me retiens de pleurer, ça ne servirait à rien et ce serait ridicule... Ça ne le fera pas revenir. Je pose la bague sur la table de nuit, qui était la sienne, et finit par me lever.
Une matinée d'un dimanche comme les autres m'attend... À une chose près: la présence de Leon... Et en réalité, ça change tout.
Je nourris Moufle et me prend un simple yaourt en guise de déjeuner, mon morale étant au plus bas ce matin. Je vais ensuite à la salle de bain, me doucher, me brosser les dents puis les cheveux... Tant de gestes mécaniques et habituels... Sauf que cette fois, je ne m'habille pas et reste en pyjama et peignoir. Je pensais sortir pour essayer de me changer les idées mais le temps ne s'y prête pas... La pluie ne cesse de tomber depuis ce matin, sans parler des orages qui l'accompagne.
Une fois ma routine matinale achevée, je vais m'installer au piano, étant donné que je dois avancer mes compositions. Je n'ai pourtant pas le coeur à ça. Ça pourrait pourtant me faire du bien... Peaufiner "Losing the love" ne serait pas du luxe... Et ma situation correspond plutôt bien aux paroles de celle ci pour le coup... Je pose mon cahier avec mes chansons au support prévu à cette effet sur le piano. Je vais prendre un stylo mais en revenant, il m'échappe des mains. Je me baisse pour le ramasser, m'appuyant à l'instrument et c'est alors qu'en dessous de celui ci , j'aperçois un papier écrasé, roulé en boule. Je le prend, me redresse, et m'installe sur le banc de piano avant de le defroissé. Je reconnais presque instantanément l'écriture de Leon. C'est une composition à première vue. Pourquoi l'avoir jeter ? Je commence à lire et reconnais aussitôt le refrain de la chanson. Je me met face au piano pour jouer. La mélodie correspond exactement à celle que je m'étais imaginer... En Italie... Alors que lui était encore à Los Angeles. Je ne lui en ai pas parlé, je ne le lui ai pas chanté et pourtant, elle est bien là. Je m'arrête de jouer et fouille rapidement dans mon cahier. Je trouve la feuille que je cherchais et la place à côté de celle de Leon. Comme deux ans auparavant avec "abrazame y verras", les deux parties s'unissent pour ne former qu'une chansons, absolument parfaite... Un sourire inattendu se forme sur mon visage.
Je reste encore une fois éberluée devant... Ça. Je ne sais pas comment le qualifier... C'est juste dingue cette connexion que nous avons, ça tient presque du miracle... Je ne sais pas comment c'est possible mais... On le fait. Mon sourire disparaît bien vite. Il n'est sûrement pas au courant de ça. Et cette chanson que nous avons composer ensemble, en quelque sorte, nous ne pourrons la chanter tout les deux... Cette pensée me refroidit.
Moufle, traînant une chaussure derrière elle, s'approche et vient se coucher à mes pieds, continuant à mordiller par à-coup la basket. Depuis ce matin, elle tourne un peu en rond, s'installant sur le canapé, à la place qu'occupait Leon. Je crois qu'elle sait... Je me penche pour la caresser. Elle s'arrête et tourne la tête vers moi.
- Tu n'auras plus personne pour te crier dessus maintenant...
Elle regarde la chaussure, bien abîmé désormais, et la repousse, doucement, posant sa tête sur ses deux pattes avant en couinant. Elle prenait ça pour un jeu. Que Leon la gronde et lui court après pour récupérer ses affaires l'amusait plus qu'autre chose... Elle s'ennuie de lui.
- À moi aussi il me manque...soufflé je, le coeur lourd.
Et pourtant, ça ne fait que deux jours qu'il n'habite plus avec nous. Tout est trop calme... Et chaque pièce de cette endroit me rappelle un moment passé avec lui... C'est là que je me rend compte à quel point sa présence est importante pour moi... A quel point j'en suis dépendante. Mais c'est fini... Je ne suis pas du genre à me laisser abattre par les événements, même si celui ci me blesse particulièrement, ce qui est normal... Je range les deux feuilles au fond de mon cahier.
La fin d'un chapitre de ma vie se ferme, beaucoup moins joyeux que les autres... Mais je dois continuer à en écrire la suite... Sans lui. Même si pour l'instant, cela me paraît juste... Inconcevable.

Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2Onde as histórias ganham vida. Descobre agora