~ Chapitre 9 ~

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- Vous vous connaissez?!s'exclame Leon, surpris.
- Je pourrais te poser la même question. C'est le producteur dont je t'ai parlé.lui expliqué je furtivement.
Il arque un sourcil, arborant un air ironique, comme si ce que je venais de lui dire n'était qu'une énorme et simple blague.
- Lui ? Ton producteur ?!s'esclaffe t-il.
- Oui, ça te pose un problème ?rétorque le concerné.
Les deux garçons se lancent des regards noirs.
- Oui, ça me pose un problème. Tu es en train de te servir d'elle Juàn.
Je reste muette face à la déclaration de Leon. Se servir de moi ?
Mon mentor se passe une main dans les cheveux, et soupire, frôlant l'exaspération.
- Tu fais tout ça pour moi. Ça fait des années que tu nous cherches. C'est qu'un alibi ? T'es pas producteur, je n'y crois pas une seconde.
Mon regard passe de Juan à Leon tentant de comprendre ce qui est en train de se dérouler sous mes yeux, totalement perdue. Alibi ? Il les cherche...?  Mes neurones surchauffe et de bon matin, c'est pas facile à suivre leur discussion... Alors que je commence _à peine_ à faire certains liens, Juan secoue la tête et persifle:
- Grandit un peu Leon ! Je...
- Dit moi ce dont tu as besoin,l'arrête celui ci. Je te le donnerai mais fou nous la paix ! On en parlera plus tard, par téléphone. Maintenant, je ne veux tout simplement plus que tu viennes chez moi, et encore moins que tu utilises Violetta pour m'approcher. 
Juàn allait répliquer mais je le devance en grommelant:
- Quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe?!
Les deux hommes qui n'arrêtaient pas de se fusiller du regard se tourne vers moi. Je m'adresse à Leon.
-  De quoi tu parles ? C'est lui ? Le gars qui te rend si irritable ses derniers temps ?deviné je calmement.
Je me surprend moi même de ne pas rouspéter un minimum.
- Violetta...
- Quoi Violetta ? J'ai le droit à des explications !
Juan se met à rire, me coupant dans la morale que j'allais balancer à Leon. Un rire sans joie, presque triste.
- Elle sait rien pas vrai ? Vous avez plus parlé de moi à personne après que je sois parti ?fait il, dégoûté.
- Où en était l'intérêt ?vocifère Leon. Tu avais disparu de nos vie... Jusqu'à maintenant.
Juàn l'ignore et se tourne vers moi.
- Et bien, je vais me présenter tout seul alors. Tini, hormis le fait que je sois bel et bien ton producteur...dit il en insistant bien sur chaques mots à l'intention de Leon. Je suis également "lié" à l'abruti qui te sert de petit copain.
Je vois Leon serrer les poings à côté de moi et s'avancer vers Juàn, tendu, menaçant, n'ayant pas du tout apprécier l'insulte de celui ci. Jamais je ne l'ai vu ainsi. Je vais rapidement poser ma main sur son torse et le fait reculer.
- Arrête. Ignore le.chuchoté je.
Je refixe mon attention sur Juàn.
- Lié ? Comment ça ?
- Demande lui. Je ne pense pas que ce soit à moi de le faire, même si je suis concerné. Je dois y aller de toute façon. Je passais dans le coin et je voulais te voir pour discuter de certains points... Mais de toute façon, on se voit demain. 
- Oui...
Il se retourne et s'en va sans rajouter un mot. Je referme la porte alors que Leon s'est déjà rendu sur le canapé. Je vais le rejoindre et m'installe en face de lui. Nous nous regardons quelques instants fixement.
- Je t'écoute.commencé je.
- Tu veux savoir quoi ?
Je lève les yeux au ciel, gardant mon sang froid et le questionne donc :
- Qui est il ?
- À part le premier des idiots ?ricane t-il. Personne.
- Oh je t'en prie Leon ! Arrête, je suis sérieuse! fulminé je.
Ma patience a des limites, et il commence vraiment à me taper sur le système... Je sais pas si je pourrais continuer à garder ce "calme" si exemplaire encore bien longtemps...
- Mais moi aussi...
J'inspire profondément, refoulant ma colère.
- Très bien. Alors pourquoi est il le premier des idiots ?
Il se frotte l'arrière de la tête avec anxiété puis s'affale dans un soupire au fond du fauteuil, voyant très bien que je ne lâcherai pas l'affaire.
- Ce mec se drogue.lache t-il comme si cela était tout à fait normal.
- Pardon ? D'où tu sors ça ?
- Il te l'a dit: on est lié.
Moufle débarque soudainement de derrière l'îlot centrale, me surprenant légèrement et prend de l'élan pour sauter sur le canapé. Je ne lui prête pas plus  attention.
- Je te suis pas...avoué je, troublée.
- C'est un drogué. Qu'est ce que tu comprends pas là-dedans ?
- Non, ça je l'ai compris, merci bien, je ne suis pas sourde !maugréé je. Pourquoi tu le connaissais ?
Mon rythme cardiaque s'accélère soudainement alors que je pense comprendre.
- Non ?! Tu te droguais ?
Il renverse la tête en arrière, passant une main sur sa tête puis reviens se pencher vers moi, l'air désabusé.
- Sincèrement Tini ?! Tu crois vraiment que j'en serai capable ?!
Je hausse les épaules.
- Parle alors ! Dis moi ce que vous aviez en commun, pourquoi vous vous connaissez ?! Et ce qu'il s'est passé pour que tu le détestes autant.
Il soupire, agacé.
- C'est mon frère.finit il par lancer.
Sa déclaration me fige. J'en reste scotché.
- Quoi ? Depuis quand tu as un frère ?!
- Depuis que je suis né.dit il, railleur.
- Ah ah... Très drôle. Tu te montres très humoristique en ce moment... Pourquoi tu ne m'en a jamais parlé ? Qui d'autre le sait ?
- À part ma mère, mon père et moi, maintenant toi... Personne. Si je ne t'en ai jamais parlé comme je n'en ai jamais parlé à personne, c'est parce que... Parce qu'il est... Juàn.
Je secoue la tête face à l'incompréhension de ce qu'il me raconte.
- Et si tu me racontais tout, au lieu de tâtonner autant.
Il se tortille légèrement avant de prendre une grande inspiration. Il allait parler mais finit par se résigner.
- C'est pas si simple. Ça fait des années que je n'ai pas parlé de lui et je ne comptais pas le revoir non plus. J'avais tiré un trait sur... Lui et tout ce qui le concernait. Je ne m'attendais pas à ce qu'il débarque à nouveau. Je ne veux plus le revoir. Comme je ne veux pas qu'il t'approche... C'est un aimant à problème ce gars.
- Mais... C'est ton frère... Pourquoi tu lui en veux autant ?
- Il buvait et se droguait Tini.dit il comme si cette aveux allait suffir.
- Tu me l'as déjà dit...Developpe...lui demandé je, presque désespéré de devoir autant insisté pour le faire parler.
Il souffle bruyamment, passant une main sur sa nuque, agacé.
- Ça risque d'être un peu long.
- J'ai tout mon temps.dit je du tac au tac.
Je ponctue mes paroles en m'allongeant plus confortablement dans le fauteuil, les mains posé sur mes genoux croisés l'un en dessous de l'autre. Je vois qu'il n'est pas à l'aise. Son regard est sévère à mon égard. Je sais qu'il est déçu du fait que je sois aussi têtu sur ce coup. Les coudes en appuie sur les cuisses, les doigts entrecroisées, il se lance, d'une voix lasse :
- Très bien... Je vais être bref. Au début, le fait qu'il boit ou consomme certaines choses n'avait pas de grand impact sur nous.  Lors de sa dernière année à la maison, j'avais 10 ans. Il en avait 17. Je l'admirai beaucoup et on s'entendait vraiment bien.
Je crois apercevoir rapidement un demi sourire se dessiner sur ses lèvres, mais il reprend rapidement son sérieux et poursuit :
- Mais ça a vite dégénéré... Il a commencé à côtoyer des personnes pas vraiment fréquentable... Il a... Changé. Physiquement. Mais mentalement aussi. Surtout mentalement. Mes parents essayaient de le surveiller, le ramener à la raison, le contrôler, l'empêcher d'aller voir ces personnes en question... Tu ne peux pas savoir tout les moyens qu'ils y ont mis. Mais ils s'y sont prit trop tard peut être. La situation leur a rapidement échappé. Comme à mon frère.
Le visage de Leon se décompose au fur et à mesure de son récit, ce qui finit directement par m'affecter...
- Il est devenu chaques jours plus agressif. A cause de cette consommation excessive,  mais aussi sur le fait que mes parents ne voulait plus le laisser sortir. Il faisait le mur chaques nuits du coup. Au fur et à mesure, il a commencé à nous blesser... Avec des mots, pour commencer... Il suffisait qu'on le vexe, ou qu'on lui fasse une remarque négative pour qu'il se mettent aussitôt en rogne. Il en est vite venu au main. J'en ai fait les frais à plusieurs reprises.
Ses yeux sont presque larmoyant. Il se frotte les main, signe d'inconfort. Mon coeur se sert. Le voir ainsi me fait mal. Je m'en veux soudainement de l'avoir forcé à m'en parler. Je suis tellement contradictoire par moment... Ça doit déjà être assez dur pour lui de revoir son frère, faire remonter tout ces souvenirs ne doit pas être chose simple à faire...
Je me lève et vais m'installer à ses côtés, faisant descendre Moufle qui grogne d'avoir étant dérangé.
- Je suis désolée Leon...Je...
Il m'interrompt en continuant son récit :
- Mon père, qui m'a retrouvé un jour bien amoché, à posé un "ultimatum" à mon frère: nous ou ses drogues et autres cochonneries. Et il ne nous a pas choisi. Il est parti. Les deux seuls fois où il est venu nous voir après ça, soit un an après environ, c'était juste pour nous soutirer de l'argent. Il a menti, disant qu'il avait changé. Alors que pas du tout. Dès qu'il a eu se qu'il voulait, il est reparti.  Ma mère, qui avait déjà eu du mal à se remettre de son premier départ, à encore encaisser ce coup mais est tombé en dépression. Elle s'est aussi mise à boire... Mais s'en est remis, heureusement. Je crois que ces trois années ont été les plus dures et les plus longues de ma vie. Je lui en veux pour ce qu'il a fait à notre mère, à notre famille. Si on en a jamais parlé, c'est parce que cette période a été douloureuse pour nous et qu'on ne pensait plus le revoir... Ses deux départs nous ont tous touché d'une façon plus ou moins évidente. Je ne lui fais en aucun cas confiance. Je ne lui fais plus confiance. Tini, promets moi que tu trouveras une solution pour t'eloigner de lui ? Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose par sa faute d'accord ? Je ne sais pas ce qu'il veut et qu'il revienne après tant de temps me fait peur. Leon me regarde d'un air suppliant.
- Je... Et si il avait changé mais pour de vrai cette fois ?
Il lève les yeux au ciel, lâchant un soupire.
- Oui, comme deux fois auparavant...
- C'est Pablo qui me la conseillait... Tu crois vraiment qu'il l'aurait fait si il pensait que ce mec n'était pas compétant ? Ça remonte à... Sept ou huit ans... Et si il vous cherchait simplement pour renouer les liens ?
- Et si c'était pour les mêmes raisons qu'avant ? rétorque t-il.
- C'est du passé... Je pense vraiment que vous devriez discuter tout les deux. Ça pourrait vous faire du bien de parler et régler vos comptes une bonne fois pour toute... J'ai déjà discuté avec lui et je t'assure qu'il n'a rien d'une personne drogué.
- Il n'avait rien d'une personne drogué quand il est revenu nous voir aussi...grommelle t-il. Je me méfie Tini. Et je pense qu'on devrait tous s'en méfier...
- Écoute, j'ai signé un contrat. Je peux pas m'en défaire comme ça. Je comprends ton comportement, et l'inquiétude que tu peux ressentir mais je pense qu'on a tous le droit à une seconde chance...
Il se lève rageusement et va chercher sa veste en jean.
- Il l'a déjà eu y a sept ans. On lui a tendu une perche, il n'a pas su la saisir. Tu fais ce que tu veux Violetta. Je t'aurais prévenu. Mais je ne suis pas prêt à renouer avec lui. Pas après tout ce qu'il a pu nous faire.
Je reste silencieuse, plutôt en désaccord avec avec la decision qu'il a prise, même si ça pourrait se comprendre.
- Je vais prendre l'air.conclut il face à mon mutisme.
Sur ce, il sort rapidement de la maison prenant bien soin de claquer la porte d'entrée derrière lui. Moufle, allongée à mes pieds, sursaute. Ses grand yeux bruns me fixe avec inquiétude. Elle se met à couiner. Je me penche et la prend délicatement dans mes bras.
- Y a de quoi être inquiète...soufflé je.

Tini, Ma nouvelle vie ~ Tome 1 et 2Where stories live. Discover now