Chapitre 58.

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Obligée de force à laisser grandir mon inquiétude, j'erre de l'autre côté de ce qui me semble être une muraille infranchissable. Le sentiment d'impuissance tiraille mon être de sorte que je ne contrôle plus mon angoisse. Je tente malgré tout d'empoigner la porte et de la pousser mais en vain. Il semblerait qu'elle soit bloquée de l'intérieur. Soudain, les quelques marmonnements qui provenaient du bureau cessèrent, laissant place à un court silence palpable et inquiétant. Une idée des plus terribles me vint alors. Un faible bruit retenti de l'autre côté de la porte. Ma supposition était qu'il s'agissait d'une prise physique des deux hommes. Un deuxième bruit, puis un troisième. Il était désormais certain qu'ils étaient en train de se battre. Tout à coup, un faible fracas retenti. Puis, j'entendis un bruit. Je reconnu instinctivement et avec horreur qu'il provenait d'une arme à feu que l'on chargeait. À cet instant, tout mon être s'arrêta, comme paralysé. Mon attention n'avait jamais été aussi centrée sur quelque chose, que sur ce qu'il se passait de l'autre côté de cette porte. Je remarquai que je tremblais et que mon souffle, commençait à devenir difficile. Je réalisai que je faisais une crise d'angoisse. De l'autre côté, dans le bureau de mon ennemi, se trouvait l'homme que j'aime. Je ne savais dans quel état il était et ne voulais l'imaginer. Mais alors, dans le silence qui suivit le bruit singulier du chargement de l'arme, un dernier marmonnement survint. Et je reconnu le son paralysant d'un tir de revolver. Une larme coula lentement le long de ma joue. Mon regard était pétrifié, tout autant que mon cœur et que mon souffle. Une seconde après, la poignée de la porte du bureau se débloqua et s'ouvrit.

-D'ordinaire, le héros de l'histoire ne se fait pas tué par le méchant. Mais, voyez par vous-même très chère. prononça l'abominable personne devant moi, de son ton supérieur et moqueur.

-Jackson ! m'écriai-je, de ma voix étranglée.

Alors, mon regard se posa sur le corps meurtri de Jackson. Je pouvais, à ce moment précis, sentir mon cœur se fendre en morceaux et s'éteindre au creux de moi. La vision qui se trouvait sous mes yeux était insoutenable. Et mes mains tremblaient, et mon pouls s'affolait. Je me laissai tomber auprès du beau jeune homme qui gisait à terre, une vaste trace de sang qui se déversait sur son torse. Ma vue, brouillée par l'abondance de larmes, peinait à réaliser l'atroce idée en face de moi. Et ma voix, semblait comme partie, à l'instant où j'avais prononcé son prénom.

-Quel tragique tableau vous fêtes. déclara l'homme à la conscience inexistante, près de la porte. Cela me rappelle la scène finale dans la célèbre pièce de Shakespeare.

C'est à cet instant, que quelque chose de clair et d'évident se forma dans mon esprit. Ce personnage abominable qui se pense supérieur, a assassiné mon seul amour. Je savais très bien ce qu'il me restait à faire et ce genre de type, ne méritait en aucun cas ma compassion ou ma considération. Alors, me souvenant de l'existence du poignard que j'avais en ma possession, je me redressai doucement et me tournai vers ce prétentieux assassin. N'imaginant pas le moindre du monde l'idée que je puisse lui faire payer son crime, il s'était décidé à rassembler ses affaires et, sans doute aussi, à s'enfuir. Je remarquai que son revolver était bien trop loin placé de lui pour qu'il puisse s'en servir. Je décidai alors de m'en emparer et d'ensuite, le pointer exactement en face de lui. Il avait relevé la tête, et me fixait désormais d'un regard sombre, aussi sombre que lors de notre première rencontre. Il avait cesser ses activités et m'adressait une figure crispée et froide.

-Lâchez cela, pathétique petite idiote. répliqua-t-il, d'un ton dur et menaçant.

-Mauvaise idée d'insulter la personne qui tient le revolver, vous ne croyez pas ? rétorquai-je, d'un ton similaire.

Mon âme et mon corps étaient vides de sentiments à cet instant. Seul la présence d'une démesurée haine prenait place dans mon esprit. La haine qu'un être aussi puérile puisse m'enlever Jackson, puisse détruire toute ma vie, puisse me tuer le cœur. Il m'a tuée, à l'instant où il a tiré sur Jackson. Et c'est sans aucun doute cela qui me poussa à appuyer sur la détente du revolver pointé sur le Chef des Crips. L'impact de la balle lui valu une imposante tâche rougeâtre au creux de l'estomac. Il m'adressa un dernier regard sombre et, d'un geste, se laissa tomber à terre malgré lui.

-Dans mes histoires, tous les méchants meurent. prononçai-je, la voix dénuée de sentiment.

Aussitôt, j'abandonnai l'arme au sol et rejoignis le corps étendu de Jackson qui peinait à s'accrocher. Affolée et reprenant conscience de son état, je pouvais sentir de nouveau des brisements au creux de moi à l'idée de le perdre.

-Jackson, reste avec moi ! criai-je, d'un voix étranglée. Tu vas t'en sortir...

-Élie... marmonna Jackson, le souffle court.

Toute mon attention s'accrocha à cet appel inopiné. Je le fixais, comme la fois où il m'a demandé de l'épouser, et laissai couler quelques lourdes larmes le long de mes joues. La main de Jackson, au contact de ma peau, me fit lâcher un mince sourire d'amour. J'amenai mes mains à la sienne et appréciai sa présence près de la mienne. Mes yeux plongèrent dans les siens, dans ses beaux yeux, qui m'avaient séduite dès l'instant où je les avais vu. Et je me remémorai tous les instants partagés avec cet homme. Je réalisai alors, qu'il m'avait rendue heureuse. Soudain, je le vis sourire.

-Jackson, je ne veux pas te perdre et...

-Élie... Je t'aime. susurra Jackson, sa main délicate caressant mon visage trempé de larmes.

-Non ! Jackson ! S'il te plaît, ne me laisses pas... murmurai-je, entre deux sanglots affolé. Non, il y a sûrement quelque chose que je puisse... À l'aide ! S'il vous plait !

Un long et froid silence répondait à mes appels de détresse. Pas le moindre mouvement, pas le moindre bruit. Comme si, le monde qui m'entourait était mort avec lui.

Perfect Bad Boy. TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant