Chapitre 57.

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Affolée de toute part suite à mon crime, je pu cependant discerner une série de gémissements et de cris. J'étais proche de la grande salle centrale lorsque je compris qu'un véritable combat s'y déroulait. Un infime côté de mon esprit m'assura de ne pas intervenir mais ma volonté à aider et sauver mes amis prit le dessus et j'entrai. C'était comme dans un de ces films d'actions complètement hallucinants, sauf que j'étais pleinement consciente qu'il s'agissait de la réalité. Mon attention peinait à se concentrer sur un point du tableau en particulier. Et je ne pourrai dire d'où provenait la singulière odeur que je distinguais dans l'air. Tout à coup, ma vue fut terrible. Je ne croyais pas ce que j'avais sous les yeux. Un peu plus loin à ma gauche, se tenait Dylan des Strongers à terre, une profonde lame à moitié plongée dans son buste. Consciente du risque de me faire attaquer à mon tour par l'un des Crips, je m'aventurai malgré tout dans la direction de Dylan. Son corps presque immobile gisait sur le sol sali du combat. Son regard m'aperçu, me reconnu et s'abandonna sur ma personne qui s'approchait de lui tandis qu'un amas d'atrocités nous environnaient.

-Él...Élie... bredouilla-t-il, de sa bouche déjà pâteuse.

-Oui, c'est moi. Je suis là. Je vais t'aider, d'accord ?

-N...Non, c'est trop...tard. dit-il alors, détruisant l'infime lueur d'espoir que je lui apportais.

-Non, non, ce n'est pas trop tard. Tu vas voir, je vais t'aider... persistai-je, malgré tout.

De mes mains fébriles, j'entrepris de le redresser pour ensuite que je puisse m'occuper de lui loin des combats, mais en vain. A chaque essaie de redressement, Dylan lâchait une série de gémissements qui me dissuadaient de continuer.

-Dylan, il faut que l'on parte de cette salle si tu veux survivre. déclarai-je, avec l'intention de le convaincre à dépasser la douleur.

-Laisse-moi là... marmonna-t-il, avec difficulté.

-Non ! Je ne t'abandonnerai pas, d'accord ? répétai-je, ferme et déterminée.

Ses yeux révélaient une telle conviction à l'idée d'en finir que mon cœur eut un pincement.

-Tu vas serrer les dents dans ce tissus et je vais te redresser. déclarai-je, un bout de tissus à la main que je venais d'arracher de mon t-shirt.

Il ne dit rien et exécute mes propos. De par une nouvelle tentative de bouger Dylan, un gémissement comme bouché s'éleva de sa bouche. Je maintenais la force dans mes bras pour le redresser et espérais pour que l'on arrive jusqu'à l'entrée de la grande salle centrale sans encombre. C'est avec simplicité que nous traversons le champ de bataille et atteignons l'entrée. Là, dans le couloir désert en contraste avec l'intérieure de la salle bondée, je déposai avec minutie le corps meurtri de mon ami. Il se laissa tomber contre la pierre froide qu'était le mur et ferma les yeux. Je reprenais à peine mon souffle et tentais de clarifier la situation lorsque mon regard se posa sur la blessure de Dylan et lui, semblant inconscient.

-Dylan ! Eh ! Ne t'endors pas, garde les yeux ouverts. m'esclaffai-je, en m'agenouillant auprès de lui.

Ses yeux peinant à resté ouverts, j'entrepris de le dévêtir de son haut pour mieux distinguer la profondeur de la blessure. Une imposante couleur rougeâtre avait déjà taché son haut et entourait ainsi l'endroit où la lame disparaissait dans sa chaire. L'arme semblait avoir été plongée qu'à quatre centimètres dans son buste, ce qui était une assez bonne chose. Je pensais alors pouvoir aisément essayer de la retirer sans dommage et m'exécutai.

-Je vais retirer la lame, d'accord ? dis-je à Dylan, frôlant l'inconscience.

De mes poignes maintenant vigoureuses, je m'emparai de la poignée de l'arme avec l'intention de la dégager de mon ami.

-Oh mon Dieu ! soufflai-je, suite à mon exploit. Dylan ! Dylan ?

Lui, les yeux clos, semblait sur le point d'en finir malgré la réussite de mon intervention. Je répétais mes appels tandis que j'enveloppais sa blessure d'un large tissus provenant d'un rideaux proche.

-Dylan ! persistai-je.

Et dans un élan de désespoir et sans doute, de panique, je levai ma main en l'air, prête à le gifler. C'est vraisemblablement grâce à mon geste grotesque et violent qu'il reprit vainement conscience.

-Oh mon Dieu... Ça va ? Tu m'as fait peur. bredouillai-je, soulagée.

-J'ai...J'ai mal... marmonna-t-il, tout en essayant de se redresser.

-Non, ne bouge pas. Reste ici, pendant que je vais chercher Jackson. déclarai-je, l'esprit désormais centré sur ce dernier.

Mon regard fit une pause circulaire autour de nous, suivit de mes pensées désespérées quant à la possibilité qu'on puisse le tuer.

-Jackson ? ... Tu cherches Jack...son ? s'éleva soudain la voix pâteuse de Dylan près de moi.

-Attends, tu sais où il est ? m'enquis-je, prise d'une vive lueur à l'évocation de son prénom.

D'un mouvement, il acquiesça et affirma dans mon esprit une chose inouïe. Je pouvais sentir mon pouls s'accélérer et mon cœur tambouriner dans ma poitrine.

-Où est-il ? demandai-je alors.

-Avec... le Chef... des Crips. réussit-il à prononcer, malgré la fatigue présente.

-Oh mon Dieu, non... soufflai-je, terrifiée.

Il ne fallait pas attendre une seconde de plus. Alors, je me redressai et m'emparai de la lame qui avait servi à blesser Dylan. Et dans un élan  de détermination, je m'élançai en direction de l'endroit où se trouvait la seule personne sans laquelle je ne peux imaginer ma vie. Il ne me fallut pas cinq minutes pour atteindre la pièce en question. Désormais devant la porte du bureau du Chef de mes ennemis, l'arme à la main, une curieuse impression m'envahie alors. Aussi, je cru distinguer certains bruits singuliers de l'autre côté de la porte. Des marmonnements, des bruits de pas, un rire grinçant. Mon cœur risquait d'imploser si l'angoisse que je nourrissais n'était pas vite anéantie. D'un geste simplement difficile, j'empoignai la porte et la poussai. Le souffle que je retenais jusque-là s'évapora alors dans la discussion dores et déjà entamée.

-...Il est vrai que notre enseigne s'est toujours confrontée à la vôtre... commença le Chef des Crips, d'un ton hautain.

-Votre enseigne, comme vous dîtes, ne s'est manifestée que grâce à la nôtre et vous le savez très bien. rétorqua Jackson, ferme et confiant.

Subitement, l'attention des deux dialogueurs abandonna la conversation pour se poser sur une tierce personne qui se trouvait sur le seuil de la porte.

-Élie ? s'esclaffa Jackson, ahuri. Qu'est-ce que tu fais ici ?

-Ne serait-ce pas le renfort dont tout justicier a besoin face au grand méchant ? s'enquit le Chef des Crips, moqueur.

-Jackson... Je...

-Élie, tu dois partir. prononça Jackson, d'un ton grave.

-Mais...

-Non, Élie s'il te plaît... Ne reste pas ici. déclara-t-il, d'un sincère désespoir. Je t'en prie.

-Tant d'amour, tant d'affection et de sentiments... Je peine mon âme pour n'avoir connu cela. répliqua le Chef des Crips, toujours sur le même ton mêlé de mépris et de moquerie.

-Élie je t'aime, mais tu dois partir. persista Jackson, sa main délicate posée sur ma joue.

-Jackson, je ne peux pas te laisser... Je...

-Il le faut. prononça Jackson, doucereux et solennel, avant de me pousser d'un pas vers l'arrière.

Et il referma la porte, me forçant à rester de l'autre côté, impuissante.


Perfect Bad Boy. TOME 2Where stories live. Discover now