Partie 47

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La vitesse était grisante. Les bras serrés autour de son professeur lui donnait un sentiment de sécurité. Même si Léo slamomait dangereusement entre les voitures qui roulaient à toute allure sur le périphérique, Sy souhaitait qu'il aille encore plus vite. Plus loin.

Le vrombissement de la moto se saccadait quand Léo s'engagea pour sortir de la rocade. Les virages serrés des ronds-points les firent se pencher sur la route humide.

Léo n'avait pas l'habitude de conduire avec quelqu'un derrière lui. Ce n'était jamais arrivé. Sy était la première à part lui à chevaucher sa moto. Elle était la première pour beaucoup de choses...

Il sentait le corps de son étudiante se tendre contre lui à chaque accélération. Il sentait ses cuisses se serrer contre lui à chaque virage. Il ne voulait pas s'arrêter.

Il prit la direction des quais. Il roulait sur des rues à contre sens, il s'engouffra dans une rue discrète qui menait aux berges pavées. La moto ralentit lorsqu'ils arrivèrent sous un pont voûté.

Il coupa le moteur et le silence sonna la fin de cette virée. Mais ils restèrent là, blottis l'un contre l'autre sur la moto immobile.

Ce n'est que quand Léo poussa la béquille que Sybille descendit et romput le lien. Sans un mot, le prof regarda la lycéenne retirer son casque et secouer ses cheveux.

Elle était à bout de souffle. Comme si ce moment l'avait bouleversé. Elle lui sourit comme elle seule savait le faire. Léo avait réussit à lui faire oublier. Son père, le lycée, sa vie entière. Il n'y avait qu'eux deux, coupé du monde sous ce pont en pierre.

Sy regarda les faibles lumières de la ville miroiter sur l'eau onduleuse du fleuve. Tout était calme, hormis les battements de son coeur quand elle entendit Léo s'approcher.

Elle se retourna et esquiva ses bras qui tentaient de la ramener contre lui. Sy plaqua son dos contre un pilier en pierre et sonda son professeur :

_Je t'en veux encore pour ce que tu as fait. Dit-elle faussement en colère.

_Quoi, dépouiller ton père ? Sourit Léo et s'approchant.

_Trois milles euros ? Je n'appelle pas ça le dépouiller...

En effet, son père était tout à fait capable de dépenser cette ridicule somme dans un restaurant ou pour une course en taxi.

_Alors où est le problème ? S'amusa Léo.

_Le problème. Le problème c'est que tu n'aurais jamais dû le défier ainsi. Maintenant il va croire que vous jouer dans la même catégorie. Et crois moi, ce n'est pas le cas.

_Je vois que le jeu est une tradition familiale. Sourit-il.

Léo pinça entre ses doigts une longue mèche de ses cheveux et la huma avec désir.

_Pas ce genre de jeu, professeur. Les hommes comme mon père sont manipulateurs, et ils ont le pouvoir de contrôler ta vie. Ne t'approches pas de lui.

_Je suis assez grand pour me défendre...

_Il est dangereux. Maintenant qu'il t'a rendu service, tu lui es redevable. Il contrôlera ta vie, tes fréquentations, tes attitudes et même tes sentiments. Sy cacha alors son visage dans sa paume et inspira une grande bouffée d'air. Il est cruel et antipathique. Cet homme te pourrira la vie temps qu'il ne t'aura pas pour lui tout seul...

_On parle toujours de ton père, là ?

Le ton tragique de Sy effraya Léo. Que se passait-il entre eux ? Pourquoi était-elle une autre quand son père était dans le coin ? Y avait-il une sorte de chantage affectif entre père et fille ? Ou pire ?

L'art de la Nudité {Terminé}Where stories live. Discover now