Partie 9

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La maison de Sy n'était qu'à quelques minutes de marche du lycée. La jeune-fille tapa le code sur le petit boîtier collé à un grand portail en alu blanc. Le portique s'ouvrit lentement après une sonnerie de sécurité. Sy fouilla dans son sac et trouva un chewing-gum mentholé. Elle glissa le bonbon dans sa bouche et commença à mâcher.

Sybille traversa le grand jardin qui entourait la maison bourgeoise que ses parents venaient d'acheter. Dans la pénombre, le jardin était éclairé par quelques lampadaires solaires. Un petit tas de feuilles desséchées se trouvait près des marches de la terrasse.

Sybille vérifia son haleine avant de franchir la porte d'entrée. Elle poussa la poignée à tête de lion et entra dans la bâtisse haussmannienne. Elle déposa son sac sur la première marche des escaliers et retira ses chaussures inconfortables. Sy traversa le vaste hall qui distribuait l'ensemble des pièces du rez-de-chaussé.

La jeune-fille avait encore du mal à se repérer dans cette grande maison de plus de trois-cent mètres carrés. Une nuit, alors qu'elle cherchait la cuisine pour se servir un verre d'eau, Sy se perdit pendant de longues minutes et atterrit dans le cellier à vin.

Mais ce soir, Sy n'était pas pressée.Elle devait d'ailleurs prendre au maximum son temps pour ne pas patienter jusqu'à dix heure. Elle s'attarda donc à observer les moulures au plafond, à étudier la complexité de la ferronnerie du garde-corps des escaliers. Sy pénétra dans la cuisine. Les plans de travail en marbre blanc illuminaient la pièce ouverte sur la véranda. De majestueuses vitrines exposaient une vaisselle précieuse et une magnifique table arborait un linge de maison raffiné. Un somptueux bouquet de dahlias oranges et jaunes ornait le cente de la table et son parfum enivrait la pièce. La cuisine respirait le calme. Sybille se servit un verre de limonade et fut heurter par tout ce calme. La maison était trop silencieuse.

L'adolescente vit alors un trench de femme posé sur l'un des six tabourets du bar, un trousseau de clés et un boîtier de lunettes sur l'assise. Sybille attrapa son verre et partit chercher sa mère. Elle passa dans la salle à manger puis dans le bureau mais ne vit personne. Lorsqu'elle entra dans la bibliothèque, elle entendit la voix d'une femme. Des grognements répétés provenaient du salon. Le pouls de Sy s'accéléra et elle s'agrippa encore plus fort à son verre. Allait-elle encore être témoin d'une scène qu'elle aurait préféré ignorer ? Elle avala son bonbon et toussa d'embarras. Sy posa sa main tremblante sur la porte de bois et la poussa discrètement. Il était certain qu'elle ne s'attendait pas à voir cette chose improbable :

Sybille découvrit Martine au beau milieu d'un match de tennis virtuel.

Martine avait été engagée deux semaines plus tôt par les parents de Sybille. Chargée du ménage et du bon fonctionnement de la maison, la quinquagénaire se battait de toutes ses forces contre un jeux vidéo sportif. Ses gémissements, tantôt angoissants, devinrent très comiques aux yeux de Sybille. L'adolescente enjamba le dossier d'un canapé et s'assit. Elle scruta les ébats de son employée à son insu. Lorsque l'ordinateur indiqua la défaite de Martine, celle-ci râla et se tamponna le front avec sa manche.

_ Allez... Une dernière et j'arrête. S'encouragea Martine.

_ Où sont mes parents, Martine ? Intervint Sy.

L'intervention de la jeune-fille fit sursauté la domestique. Martine porta sa main à sa poitrine et se retourna vers Sybille. Sa respiration sollicitée, Martine bafouilla des excuses tout en éteignant le jeux vidéo. Elle finit par retrouver son souffle et revêtit son tablier :

_ Mademoiselle... Je vous croyais avec eux.

_ Où sont-ils ?

_ Eh bien, ils m'ont dit qu'ils s'absentaient, qu'ils remontaient à Paris pour le week-end. J'ai pensé que vous iriez avec eux...

L'art de la Nudité {Terminé}Where stories live. Discover now