Tegan, fille de flic

Chapitre 33

Elle posa son bras sur mon épaule.

- T'inquiète pas Tegan, on trouvera une solution. Je te promets qu'on n'ira pas chez moi. Peu importe si Ronan est mort d'inquiétude, je suis sûre que ce qu'il a fait est terrible.

Je souris à Del. Cela faisait du bien de se sentir soutenue.

Je fermais les yeux et sombrais presque immédiatement dans le sommeil. J'étais bien. Certes le siège n'était pas un lit confortable, mais j'étais au chaud, grâce à la couette. Et surtout, j'étais avec Del, ce qui arrangeait tout.

L'inconvénient de dormir dans une voiture, c'était la luminosité le matin. Et oui, comme on ne pouvait pas faire de nuit dans l'habitacle, autant Del que moi avons été réveillés vers sept heure du matin. Ce n'était pas forcément une mauvaise chose parce qu'il fallait qu'on trouve une solution à notre problème. Mais je savais que, elle autant que moi, aurions bien voulu dormir un peu plus. Mais ce sommeil était rattrapable, plus tard. Ce n'était pas la chose la plus grave, pour le moment.

Finalement, nous retournâmes dans le café de la veille. Nous prîmes une formule petit-déjeuner, qui incluait le café, le jus d'orange et des viennoiseries à volonté. N'étant du matin ni l'un ni l'autre, nous n'ouvrîmes pas la bouche autrement que pour manger durant la première demi-heure.

Il fallut attendre que la caféine fasse effet pour que nous commencions à chercher des idées et à se les exposer. Mais au départ, ni l'une ni l'autre n'étions très sérieuses. Là encore, nous étions toutes les deux, nous nous sentions invincibles. Et nous nous retrouvions, alors aborder les sujets graves, ce n'était pas trop notre truc...

- Au pire, tu emménages dans ma voiture et je t'enferme dans mon garage. Il ne te trouvera jamais.

J'explosais de rire.

- Mais Del, tu réfléchis. Tu vas bien se douter que tu n'emmènes pas à manger à ta voiture.

Elle admit que je n'étais pas si bête que ça.

En fait il fallait que je n'atteigne jamais ni l'appart de Del, ni le mien, sinon il me trouverait. Et puis, il fallait aussi faire en sorte que je reste en sécurité et que les méchants ne me trouvent pas. Mais comment ces derniers auraient pu retrouver ma trace ? Je n'avais pas de carte bleue, pas de portable et j'étais partie d'un endroit où ils n'auraient jamais pu me retrouver.

Bref, nous étions à court d'idée quand nous bûmes notre troisième café. La serveuse nous l'avait offert. D'un autre côté, entre hier et aujourd'hui, nous allions leur laisser une sacré recette.

C'est à ce moment-là que j'eus l'idée du siècle. Comme quoi, même si certains disent que la caféine est mauvaise pour la santé, elle m'avait permis d'avoir notre première idée viable pour me protéger.

- Del, il faut que je prenne une chambre d'hôtel. C'est le seul moyen.

Et comme ça, je n'étais pas obligé de me retrouver dans un village perdu. Je pouvais prendre une chambre dans un Formule 1 de notre ville.

- Mais... Objecta ma meilleure amie, il ne faut pas que tu paies avec ta carte bleue parce que tu peux être sûre qu'il te retrouve dans la minute qui suit la transaction.

- Del ! Ma carte bleue est restée avec Ronan. Je n'ai rien sur moi...

Je me sentais minable... J'avais une idée potable mais il était impossible de la mettre en place... J'étais à deux doigts de me mettre à pleurer tellement je me sentais mal... C'était bien la peine de prendre la fuite pour ne pas arriver à s'en sortir ensuite...

- Teg, je peux retirer du liquide sur la carte que mes parents m'ont offert. Je m'en sers jamais. Et je te donne le tout. Mais il faudra aussi réserver sous un faux nom. Ronan est du genre têtu, il est capable d'appeler tous les hôtels jusqu'à ce qu'un lui dise qu'ils ont bien une réservation à ton nom. Ensuite il débarquera...

J'étais soulagée. Nous avions enfin une porte de sortie. Je n'allais pas me retrouver face à Ronan dans l'immédiat. Mais je tremblais quand même un peu. J'avais l'impression d'être en fuite et cela ne me rassurait pas... Et si les méchants étaient vraiment des personnes affreuses et qu'ils me trouvaient ? Qu'allait-il m'arriver ?

Mais je ne me dégonflerais pas. J'avais joué la rebelle jusqu'à présent, surtout devant Ronan et je ne comptais pas changer d'un iota. C'était trop simple de râler quand j'étais sûre d'être sous protection si, ensuite, je n'assumais pas ! Je serais forte.

Quand nous sortîmes du café, j'aperçu un distributeur automatique que je montrais à ma meilleure amie. Elle s'en servi pour retirer une grosse somme d'argent qu'elle me confia. Et nous reprîmes la route aussitôt.

Il y avait une trace numérique de notre passage, mais elle ne servirait à rien à quiconque voudrait nous pister puisque nous n'étions plus là.