Chapitre 24

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Je finis sans doute par m'endormir puisque je me réveillais au moment où la voiture s'arrêta définitivement. Nous étions dans un parking souterrain désert. Si je n'avais pas été en compagnie d'un membre des forces de l'ordre, j'aurais probablement paniqué. Heureusement pour moi, j'étais sous bonne escorte.

Mes idées s'éclaircissaient au fur et à mesure que les secondes défilaient. Je n'avais pas la moindre idée d'où je me trouvais. Je n'avais pas demandé à Ronan le lieu où je devrais être enfermée. Une erreur. Mais d'un autre côté, je n'étais pas certaine qu'il m'aurait donné l'information. Comme tout le reste, il l'aurait sans doute gardée pour lui.

Il nous attendait visiblement puisqu'il m'ouvrit la porte. Je pris le sac à main, seul objet personnel que j'avais eu le droit d'amener. J'avais un immense sac, ce qui m'avait permis de prendre quelques livres et autres effets personnels. Mon ami me donna un téléphone avec lequel je devais prévenir mes proches de mon absence. Il avait entendu mon coup de téléphone à Del bien sûr, et il savait ce que je lui avais dit, mais il voulait quand même que je recommence avec elle, ainsi que plusieurs autres personnes.

Je fis ça de manière très courte et discrète. En fait, je ne passais que trois coups de téléphone : à Del, à Hugo et à Éric. Aux trois je donnais la même excuse bidon : j'avais réservé un séjour loin de notre ville pour me ressaisir. Je rendis le portable à Ronan qui le donna à mon chauffeur anonyme.

L'excuse que j'avais dû donner m'avait été fournie par les forces de police. Il était certain que Del n'en croirait pas un mot après mon message du matin. C'était donc un peu idiot. Mais je devais suivre les règles que Ronan m'imposait.

En plus de lui, je constatais la présence de quatre autres officiers dans le parking. Ils pensaient vraiment que nous allions être attaqués ici ? Alors que personne ne savait que nous avions quitté mon appartement ? Je levais les yeux au ciel et soupirait. Ils me dévisagèrent. Ronan semblait suivre le cours de mes pensées et comprendre ce à quoi je pensais.

Je lui jetais un regard noir, il n'avait pas le droit de savoir me lire aussi bien. Et je me renfermais pour qu'il ne puisse plus savoir quoi que ce soit en me regardant. Je baissais la tête, me plongeant dans une observation minutieuse de toutes les chaussures que je voyais, tout en suivant, vaguement, les baskets noirs de Ronan.

Il me conduisit ensuite dans un appartement au dernier étage de l'immeuble. C'était un duplex immense avec une pièce consacrée à une bibliothèque murale splendide, trois chambres sur un modèle de suite parentale, un vrai salon et une vraie salle à manger d'après ce que m'expliquait Ronan.

Il y avait un bar qui faisait séparation entre l'entrée et la cuisine. C'était un lieu tellement propice à une belle vie de famille je ne pouvais pas concevoir que j'allais rester enfermée ici pendant des semaines.

C'était bien loin de ce que je m'étais imaginé. Je ne pensais pas que la police disposait de ce genre d'appartement pour les gens comme moi. C'était presque criminel de tenir inoccupé un tel espace alors qu'il y a des personnes qui n'avaient pas de maison. Mais au moins, j'aurais des endroits où fuir Ronan quand il me taperait sur le système.

- Est-ce que c'est toi qui reste durant tout le temps où je devrais être ici ? Ou il va y avoir des rotations de 'gardes du corps' ?

Ma question était sortie toute seule. Elle semblait un peu idiote à la réflexion : le moindre mouvement des policiers devaient être scrutés, alors il y avait des risques si Ronan bougeait.

- Ce sera moi tout le temps Tegan. Je pourrais solliciter l'assistance de ces messieurs si je sens qu'il y a un danger. Mais sinon, ce sera juste nous deux.

Génial...

Deux des mecs qui nous suivaient m'arrêtèrent avant que j'ai pu entrer dans le salon.

- Veuillez rester ici Mademoiselle. Nous devons vérifier que la résidence est sécurisée.

Encore ?! Je n'ouvris pas la bouche, me conformant à leur demande. Mais, l'appartement avait dû être vérifié avant mon arrivée, non ? Je restais seule, avec un des gardes du corps. Je n'essayais même pas d'ouvrir la bouche, je n'étais pas certaine de ce qui aurait pu en sortir. Je n'étais pas d'humeur à avoir une conversation polie.

Je me sentais nerveuse. Mes deux mains s'emmêlaient entre elles, mes doigts jouaient entre eux.

J'entendais les autres marcher à l'étage. Je me demandais ce qu'ils faisaient. Il me semblait qu'ils étaient partis depuis une éternité. Mes jambes commençaient à s'agiter alors que ma nervosité augmentait.

Enfin, Ronan revint vers moi. Les autres partirent sans m'adresser la parole, informant simplement Ronan qu'ils se tenaient à sa disposition en cas de besoin. Ronan ferma la porte à clé.

- Une petite visite ? me demanda Ronan.

Je le suivis alors qu'il me montrait la cuisine, très moderne. Le salon était très confortable, avec un canapé, deux fauteuils. A l'étage, il y avait deux chambres avec salles de bains attenantes. Les pièces étaient plutôt impersonnelles, comme une pièce d'un appartement témoin. Je ne me sentais pas à l'aise dans cette résidence. J'avais besoin de voir des choses familières mais il n'y avait rien de tout cela ici. Mêmes les couleurs ne me ressemblaient pas. Tout était dans des tons très classiques, bruns, gris... Ce n'était pas vivant.

La seule pièce qui trouva grâce à mes yeux fut la bibliothèque. Elle était immense, avec des murs couverts de livres. Le sol était recouvert de moquette. Il y avait des poufs.

J'entrais dans la pièce, tournant sur moi-même pour tout observer. Je me retournais vers Ronan, qui semblait soulagé de me voir sourire, pour la première fois depuis qu'il me connaissait, sincèrement. Je sautillais tout en me rendant vers les livres.

- Tu pourras t'installer dans une des chambres à l'étage et je prendrais celle du rez-de-chaussée d'accord ? Comme ça tu auras l'étage pour toi, je sais que tu aimes avoir ta petite tranquillité.

Sa voix brisa ma petite bulle de joie en un instant. Si j'avais presque réussie à oublier que j'étais prisonnière ici, il venait de me le rappeler. Je haussais les épaules et sortie de la pièce. Je laissais tomber mon sac dans la première chambre que je pu atteindre.

- Bon choix, on n'aura pas à déménager les vêtements du dressing.

Interloquée par sa phrase, j'ouvris la porte et tombait face à des vêtements à ma taille, à priori. Ils étaient plutôt basiques, ressemblant à ceux que je portais habituellement.

- Ils ont été livrés ce matin, avant notre arrivée, m'appris Ronan.

Je ne trouvais pas cela très normal, mais je laissais faire. Je préférais choisir mes combats plutôt que devoir râler après tout. Je n'étais pas du tout en train de m'assagir, simplement, j'étais épuisée. Je n'en pouvais plus de tout ça. J'espérais vraiment que cette affaire allait vite se terminée. Je voulais retourner à ma vie d'avant. Non, cela n'était pas vraiment possible en fait...

Alors, je voulais pouvoir bâtir une nouvelle vie pour le futur. Je n'avais plus de père, mais il allait falloir que je sois forte et que je remonte la pente. Tout cela était sans doute trop récent pour que je puisse envisager ma vie sans Pap's, mais je savais que j'allais y arriver. J'allais me battre et réussir, comme mon père, je serais quelqu'un d'épanouie. Je voulais y croire, je n'avais plus que cela pour m'accrocher. J'avais besoin d'un espoir pour parvenir à être forte. Il y aurait un après à cette affaire. Un futur que je devais me préparer à vivre. Je n'allais pas avoir Ronan derrière moi à chaque pas que je ferais. Après cette affaire, il disparaîtrait probablement de ma vie.

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Tegan, fille de flicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant