Chapitre 40

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Manoir, Angleterre

Dimanche 24 décembre

[Zayn]

J'ouvre les yeux d'un coup sans comprendre la cause de ce réveil brutal. Mon esprit met une demi-seconde à se souvenir du bordel qu'était la journée d'hier. Bon sang, j'aurais aimé que cela ne soit qu'un rêve.

Je jette un regard à Evy, emmitouflée dans les draps et profondément endormie. Au moins, me réveiller auprès d'elle est réel.

Je me lève, encore nu, et me dirige vers la fenêtre, près de mon bureau. Dehors, un manteau blanc couvre le paysage, dont le gros chêne près duquel j'allais jouer jadis. Je ne compte plus le nombre de bonhommes de neige que j'ai fait avec mes parents lorsque j'étais petit.

J'étais vachement plus social avant la perte de ma mère. C'était l'époque où j'avais encore toute mon innocence et où mon plus gros problème était de trouver deux chaussettes identiques dans mon tiroir.

Je chasse ces souvenirs lointains et attrape mes vêtements abandonnés au sol. Je prends un t-shirt dans mon sac de voyage et descends ensuite à la cuisine. Même en cuisinant, je rumine les événements de la veille.

*

Il est environ onze heures quand j'accompagne Evelyna à la caserne. Lorsque je suis remonté avec nos omelettes, elle était réveillée et trainait sur son téléphone. Nous nous sommes ensuite préparés pour aller revoir Anthony. Malgré mon humeur massacrante, elle n'a pas flanché. Elle refuse de changer d'avis. Je sais qu'elle ressent le besoin d'affronter ses traumatismes. C'est comme ça qu'elle fonctionne. Néanmoins, je ne comprends pas en quoi rencontrer une dernière fois cette ordure va l'aider. Je suis inquiet à l'idée que cette petite visite tourne au vinaigre. S'il la touche encore une fois, je ne répondrai plus de rien.

Tandis que nous marchons dans les couloirs, elle ne cesse de tripoter une mèche de ses longs cheveux noirs. Elle est nerveuse. Pourquoi se force-t-elle si elle appréhende ?

Je n'ai pas encore prévenu mon père. J'espère qu'il ne va pas péter un câble.

Nous découvrons ce dernier dans l'une des salles de réunions. Il analyse un dossier posé sur la table, son portable coincé entre son épaule et son oreille.

— Je te rappelle plus tard, lance-t-il à son interlocuteur quand il nous aperçoit. Bonjour, les enfants. Un problème ?

Je remarque que son regard glisse sur Evelyna sans s'y attarder. Comme je m'y attendais, il a du mal à la regarder. Si je n'avais pas appris la vérité hier, j'aurais mis son attitude sur le compte de la haine. Putain, je me suis bien fait avoir. Il m'a laissé la détester pour rien. Il m'a laissé être un vrai connard avec elle, au début.

— Bonjour, Monsieur Weston, répond Evy, bien moins mal à l'aise que lui. Je viens voir Anthony.

— Quoi ? Non.

Je l'aurais parié. Je suis curieux de voir comment elle va tenir tête à mon père.

— Avec tout mon respect, je ne demande pas votre approbation. En revanche, je vous laisse évidemment fixer les règles de cette rencontre. Je suis sous votre toit, après tout.

Il entrouvre la bouche et me jette une œillade qui laisse transparaître toute sa sidération. Je hausse les sourcils.

— Quelle audace. Pourquoi veux-tu le voir ? Zayn ne t'a-t-il rien dit ?

— Si, il m'a tout raconté. J'ai besoin de le regarder dans les yeux une dernière fois pour tourner la page. Je ne vous demande pas de le comprendre, juste de l'accepter.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Onde histórias criam vida. Descubra agora