Chapitre 12

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Hillmore University, Angleterre

Mercredi 4 octobre

[Zayn]

Il est deux heures du matin. J'ai quitté ma chambre en abandonnant Soren, endormi. Nous avons joué à la console sur ma petite télévision et comme d'habitude, nous n'avons pas vu le temps passer. Il s'est assoupi comme une masse dans mon lit.

Incapable de trouver le sommeil, j'ai décidé de prendre mon linge sale et d'aller le laver. Il n'y a jamais personne à la buanderie au beau milieu de la nuit et je ne suis pas d'humeur à croiser des gens. Lorsque j'arrive dans la pièce, je découvre une silhouette assise sur le banc en face des machines. Cette personne n'est autre que celle qui me tient éveillé.

Evy.

Le regard vide, elle fixe le hublot transparent derrière lequel tourne le tambour. Seul le bruit de celui-ci interrompt le silence qui règne dans les lieux. Ce n'est que lorsque je commence à fourrer mes chemises dans l'une des machines à laver qu'elle prend conscience qu'elle n'est plus seule.

— Zayn ?

Je lui jette une œillade, ne parvenant pas à l'ignorer. Elle semble fatiguée.

Elle devrait dormir, à cette heure-ci.

Je ne lui réponds pas, me redresse et lance l'appareil. Je m'assieds ensuite sur le banc, à un mètre d'elle.

— Qu'est-ce que tu fais ici si tard ? ajoute-t-elle.

— Je pourrais te poser la même question.

Elle ouvre la bouche, mais la referme aussitôt. Ses iris reviennent fixer le sol et elle affiche un air pensif. Tandis que son esprit divague, j'en profite pour la détailler. Elle porte un t-shirt qui laisse entrevoir les courbes de sa poitrine malgré qu'il soit trop large pour elle. Elle porte un pantalon de jogging en coton noir qui s'accorde avec sa chevelure relevé en un chignon haut. Elle donne l'impression de sortir du lit.

— Il faut qu'on parle, lâche-t-elle soudainement.

Je déteste cette phrase. Elle est toujours suivie d'une conversation déplaisante.

Elle agrippe le rebord du banc avec ses doigts et lève enfin la tête dans ma direction. Ses pupilles se plantent dans les miennes et ne me laissent aucune échappatoire.

L'image de son visage après son orgasme dans la bibliothèque resurgit. Les rayons de la lune éclairaient ses joues rosies et son regard brillait d'une lueur ardente. Ses lèvres charnues et entrouvertes appelaient à la pire des débauches.

Si Soren n'était pas arrivé, j'ignore ce qui aurait pu se passer sur cette table. Parce qu'on était seuls, parce qu'il faisait noir, j'ai cru que personne ne nous regarderait, pas même ma propre conscience. J'ai accepté d'entrer dans son jeu provocateur parce que ce moment me semblait hors du temps. L'apparition soudaine de mon ami m'a ramené à la réalité avec une brutalité qui a blessé mon ego. Ma propre haine fusait dans mes veines et me brûlait la peau. Qu'est-ce que j'avais fait ?

C'était il y a presque deux jours et pourtant, je ne parviens pas à passer à autre chose. Son goût, sa façon de se tordre sous ma langue, ses gémissements étouffés, ses cuisses autour de ma tête. Je n'arrive pas à occulter cet instant de mon esprit. La raison de mes insomnies n'est pas le regret, au contraire. J'ai adoré et je suis incapable de le regretter.

Mon père voulait que je la surveille de loin... s'il apprenait ce que j'ai fait, il m'étriperait. Quant à ma mère, m'en voudrait-elle ?

Tu sais que mélanger haine et sexe ne peut mener qu'à deux choses. L'amour ou la mort, m'avait dit Soren.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Where stories live. Discover now