PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]

Chapitre 28

Hillmore University, Angleterre

Dimanche 5 novembre

[Evelyna]

Concentrée, j'effectue mon enchaînement en frappant les gants de Zayn.

— Droite, gauche, crochet droit, uppercut gauche, dit-il pour me donner le rythme.

De temps en temps, il fait mine de me rendre un coup pour m'obliger à esquiver. C'est une manière de développer ses réflexes.

— Hey, les amoureux, je m'en vais, nous lance Tiago. Vous penserez à éteindre en sortant.

Nous nous arrêtons et Zayn lève les yeux au ciel. Les jours passent et notre relation est de plus en plus connue de tous. Il a fallu trois secondes à notre coach pour le remarquer.

Enfin, vous êtes sortis du déni ! s'était-il exclamé, comme un papa fier de ses poussins.

Sur le campus, les étudiants nous en jettent encore des œillades, mais elles diminuent. Tout le monde s'habitue. Après tout, ça fait un moment déjà que je traîne avec les Untouchables. Me voir tenir la main de l'un d'eux ne change pas grand-chose.

— Bon, je pense que nous pouvons nous arrêter pour aujourd'hui.

— Tu es sûr ? J'avais encore de l'énergie à revendre !

Zayn me lorgne des pieds à la tête. Mon débardeur trempé de sueur me colle au corps.

— Je suis ouvert à un tout autre type d'exercices sous la douche.

Je lui donne une petite sur l'épaule en prenant une expression indignée.

— On ne va pas faire l'amour dans les douches des vestiaires !

— Pourquoi pas ? Il ne reste que nous.

— Tu es incorrigible. Le round d'hier ne t'a pas suffi ? Ni celui d'avant-hier ?

Quasiment tous les soirs depuis notre réconciliation, nous finissons sans nos vêtements. Pour l'instant, j'ai toujours été au-dessus. Je ne veux pas changer de position, craignant que mon traumatisme revienne au galop. Je ne le laisserai pas perturber notre idylle. Cette décision ne semble pas déranger celui que je peux désormais qualifier comme étant mon petit-ami.

Il va me falloir un moment pour m'habituer à ce terme.

— Jamais, me répond-il en venant me mordiller le lobe d'oreille.

Je frémis tandis qu'il s'éloigne.

— Viens au moins prendre ta douche avec moi. Je te promets d'être sage.

Je secoue la tête avant de le suivre jusqu'aux vestiaires. Il tient parole et nous nous contentons de nous laver. Lorsque je me rhabille, je sens son regard peser sur mon dos.

— Quoi ?

Il termine d'enfiler son pull et me rejoint. D'un geste doux, il caresse ma chair meurtrie.

— Vas-y, pose-moi tes questions, dis-je dans un soupir.

— Comment ça ?

— Je sais que ça te brûle les lèvres de m'interroger à ce sujet.

Ça fait des jours que je l'ai remarqué, sans qu'il n'ose dire quoi que ce soit.

— Je ne veux pas t'obliger à en parler.

— Ce que j'ai subi est affreux, mais je t'assure que j'ai fait la paix avec ça.

Être torturée à l'âge de huit ans laisse des séquelles, c'est vrai. Cependant, on oublie que les enfants peuvent se montrer incroyablement résilients. Après deux années à faire des cauchemars, j'avais réussi à passer à autre chose. Enfin, presque.