Chapitre 10

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Hillmore University, Angleterre

Vendredi 29 septembre

[Zayn]

J'achève mon paragraphe et quitte enfin mon écran des yeux pour observer les lieux. La bibliothèque s'est vidée de moitié depuis que je suis arrivé, preuve que je suis assis à cette table depuis un moment à avancer sur notre devoir.

J'ai été productif, tant mieux.

Je range mes affaires et sors de la grande pièce. Mon sac pendu à mon épaule, je traverse les couloirs de l'université et me dirige ensuite vers la Ashen House. Tandis que je marche, je ressasse mon entraînement d'hier, avec Evy. Elle m'a retourné au sol comme si j'étais une simple lavette, cette fille me déconcerte. Toutefois, ce n'est pas ce coup à mon ego qui tourne en boucle dans ma tête, ce sont ses paroles.

Il a encaissé les premiers billets parce qu'il m'a embrassée, m'a-t-elle avoué alors qu'elle était assise sur ma bite.

J'ai vu rouge, voire noir. J'ignore exactement ce qu'il s'est passé à l'intérieur de mon être, mais quelque chose a fusé. Le constat de ma possessivité m'a tenu éveillé une bonne partie de la nuit.

Je suis obsédé et possessif. De mieux en mieux.

L'un va rarement sans l'autre, me souffle une voix.

Mouais. C'est Soren qui va encore m'emmerder avec ça.

Je pénètre dans l'internat et essuie mes pieds sur le paillasson. Nous ne sommes même pas encore en octobre que les premières feuilles tombent déjà. Je passe une main dans mes cheveux humidifiés par la fine pluie et soupire.

J'avance jusqu'à l'escalier, quand soudain je croise celle que je veux fuir autant que je désire. Elle est dans un coin avec Isaac. Ce dernier fait de grands gestes en parlant, tandis qu'elle l'écoute d'un regard absent.

Je ferme un instant les paupières pour refouler mon envie d'aller lui casser la gueule. Elle lui a déjà dit hier qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui. Je l'ai entendue quand ce crétin l'attendait devant notre salle de cours.

J'allais reprendre ma route quand mon téléphone vibre dans ma poche. Lorsque j'aperçois le nom de mon père sur l'écran, je me recule afin d'être plus isolé.

— Papa, dis-je de but en blanc.

— Zayn, tu peux m'expliquer pourquoi j'ai surpris Steve en train d'effectuer des recherches sur l'accident de la fille de Jake Robert ?

Je peste silencieusement. Merde !

— Je me renseigne sur elle. J'ai vu son corps. Elle a des cicatrices sur les cuisses et les épaules. Et crois-moi, elles sont aussi terribles que celle sur son visage. Cette fille ne s'est pas fait ça dans un accident de voiture.

— Tu as vu son corps ? répète-t-il.

Son ton est neutre, mais je sais exactement la tête qu'il tire. Ce que je viens de laisser sous-entendre malgré moi le rend furieux. Je m'oblige donc à rectifier :

— Ce n'est pas ce que tu crois. Bref, ça n'a aucune importance. Cette nana cache quelque chose.

— On s'en fiche, fiston. Son passé n'a aucune importance, ce qui m'intéresse, c'est le présent, ce qu'elle sait à l'heure d'aujourd'hui.

— Mais...

— Il n'y a pas de « mais ». Contente-toi de la surveiller de loin et arrête de mandater Steve.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Where stories live. Discover now