PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]

Chapitre 22

AVERTISSEMENT : Traumatisme lié à une agression sexuelle

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Hillmore University, Angleterre

Samedi 21 octobre

[Evelyna]

C'était en première année, il y a trois ans. Au deuxième semestre, un garçon s'est assis à côté de moi dans l'amphithéâtre. Comme toujours, j'étais installée dans le bloc le plus à droite, près de la porte, au bout de la rangée pour pouvoir m'échapper facilement en cas de problème. Il y avait toujours minimum deux sièges vides entre moi et la personne la plus proche. Ça ne me dérangeait pas. Au moins, j'avais la paix.

Puis un jour, ce garçon est venu prendre place à mes côtés. Durant le cours, il m'a écrit un « salut :) » sur un bloc de feuille. Comme au collège, nous avons parlé de cette manière à plusieurs reprises. Venir à ce cours, discuter avec lui, c'était une pause dans mon quotidien de solitude. Il me complimentait sur ma tenue, sur mes cheveux. Avec lui, je me sentais belle.

Un jour, il m'a invité à prendre un café. On a enfin discuté à voix haute. J'étais gênée. C'était plus facile par écrit. Pourtant, il faisait tout pour me mettre à l'aise. On a enchaîné les petits rendez-vous discrets. J'aimais beaucoup la sensation que cela me procurait. J'avais l'impression d'être importante. Puis, il m'a proposé de venir chez lui. On est monté dans sa chambre et il m'a embrassée. J'en avais envie, alors je le lui ai rendu. Tout est allé très vite. On s'est retrouvés nus tous les deux. Il m'a demandé s'il pouvait me toucher et j'ai dit oui. Cependant, j'appréhendais et j'allais lui partager mes craintes, lui confier que c'était la première fois que je faisais ça. Mais il ne m'a même pas laissé parler. Il m'a fait pivoter, puis il m'a poussée sur le matelas, la face dans les oreillers.

Il a écarté mes jambes et quand il m'a pénétrée, je me souviens avoir poussé un cri de douleur. La sensation de ses va-et-vient était intenable. Je l'ai supplié d'arrêter, mais il ne m'écoutait même pas. Il continuait à tripoter mes fesses et se servir de moi pour son propre plaisir.

Les larmes me sont vite montées aux yeux. Je pouvais agir, je pouvais bouger, le frapper et m'enfouir. J'en avais les capacités, mais je ne l'ai pas fait. J'étais tétanisée, figée. J'en ai tellement honte. C'est ma faute.

Lorsqu'il a eu fini, il a précisé que j'étais bonne sans même m'accorder un regard. J'ai alors réalisé qu'il ne m'avait jamais vraiment regardée. Il avait toujours complimenté ma morphologie, mon style, ma coiffure mais jamais mon visage. Il esquivait sans cesse ma balafre. Il voulait mon corps, mais pas moi. Et comme une idiote, je le lui ai donné.

Je suis partie sans dire un mot. Mon esprit à tout cadenassé : la douleur, la honte, le dégoût. Il a modifié mes souvenirs pour que cette expérience devienne une simple première fois ratée avec un con.

Seulement, dès le moment où Zayn s'est enfoncé en moi, le cadenas a sauté. Le traumatisme a quitté mon inconscient pour me faucher telle une vague déchaînée.

Tous mes membres tremblent. Je suis roulée en boule. Je ne contrôle plus rien.

— Evy !?

La voix inquiète de Zayn me parvient aux oreilles. M'a-t-il déjà appelée avant ? Je l'ignore. La transe horrible dans laquelle je me trouve semble durer depuis une éternité.

— Tout va bien ?

Il me tourne vers lui, je ne lève même pas les yeux dans sa direction. Je n'y arrive pas.