Chapitre 17

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Hillmore University, Angleterre

Samedi 14 octobre

[Evelyna]

Mon sac de voyage accroché à l'épaule, je guette au pied du grand escalier du bâtiment principal l'arrivée de ma tante. Elle m'a envoyé un message il y a une demi-heure pour m'avertir qu'elle arrivait. Elle a précisé qu'elle espérait que mon petit-ami avait accepté son invitation. J'ai levé les yeux au ciel sans lui répondre. Ça ne sert à rien de débattre avec elle, encore moins par message.

Pour briser le silence qui s'est installé entre Zayn et moi, je lui ai fait part du contenu du texto. Il a soufflé d'exaspération avant de se renfrogner. Je n'arrive pas à le cerner. Il y a une heure encore, nous étions ensemble dans la salle de musique. Me remémorer cet instant de complicité me donne des frissons. J'ignore ce qu'il m'a pris, mais lorsque je l'ai entendu jouer l'air de cette chanson que j'ai si souvent écouté, une part de mon être s'est enflammée. C'est comme si par le chant et la musique, nos âmes s'étaient répondues mutuellement. C'est la première fois que j'échange une si belle discussion avec quelqu'un par un autre moyen que le dialogue.

Ça faisait si longtemps que le chant ne m'avait plus autant fait vibrer.

Ensuite, il s'est refermé comme une huître. Je ne comprends pas pourquoi il s'obstine à faire deux pas en arrière lorsque notre relation en fait un en avant. Mon père a blessé sa famille, je comprends qu'il ait pu me détester les premiers jours, mais avec la semaine que nous venons de passer ensemble, je pensais qu'il commencerait à changer de point de vue à mon sujet.

En fait, je crois que c'est le cas, mais qu'il est simplement tiraillé par la loyauté qui le lie à sa famille. Il se fait sans un doute un devoir de me détester pour eux.

Alors, pourquoi avoir accepté si facilement de m'accompagner chez ma tante ? Certes, elle l'aurait traîné par la peau des fesses pour qu'il nous suive. On ne décline pas une invitation d'Esther Robert. Cependant, je m'attendais à ce qu'il se batte plus que ça.

J'avoue être méfiante à son égard. Je suis certaine qu'il doit avoir des raisons intéressées. Espère-t-il en apprendre plus sur moi ? En tout cas, de mon côté, je suis assez curieuse de creuser les nouvelles facettes de sa personnalité découvertes lors de cette semaine. Et dire que j'ai traîné avec lui et Soren comme si nous étions amis depuis des années. Les étudiants me lorgnaient avec stupéfaction ou jalousie. Plus personne n'a osé s'en prendre à moi. Leur réputation a repoussé la mienne. Même si je n'ai besoin de personne pour me défendre – ça fait longtemps que j'ai arrêté de compter sur les autres – j'accueille cette tranquillité avec bienvenue.

Shirley adore me taquiner à ce propos. Elle dit que je suis devenue une Untouchable et qu'elle va pouvoir se la péter d'être ma coloc. Franchement, ces histoires de popularités et de clans au sein du campus me dépassent.

Je reporte mon attention sur Zayn. Il fait rouler un cure-dent entre ses lèvres avec nervosité. Je me demande quelle somme ces trucs lui coûte par an.

— Tout va bien se passer, lui dis-je.

Il me lance un regard en coin.

— De quoi ?

— Tu m'as l'air nerveux. Alors, je te rassure en disant que tout va bien se passer.

Un bref rire s'échappe de sa gorge. Je suis hypnotisée par sa pomme d'Adam qui roule de haut en bas.

— Je ne me tracasse pas.

— Vraiment ?

— Ouais, répond-il en attrapant son cure-dent et en le jetant dans la petite poubelle près de lui.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Where stories live. Discover now