Chapitre 2

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Hillmore University, Angleterre

Lundi 4 septembre

[Evelyna]

Je détaille la fille qui me fait face. Ses longs cheveux blonds sont attachés en une queue-de-cheval haute et soignée. Elle porte un pull blanc, rentré dans un pantalon beige très classe. Elle est très jolie.

À cette constatation, je me mords l'intérieur de la joue. Quand je croise une jolie femme, une pointe de jalousie naît dans ma poitrine et mon manque de confiance en ma propre beauté revient à la charge.

— Salut, dis-je.

Elle avance d'un pas et m'observe. Son regard s'attarde sans originalité sur mon visage.

— Mmmh, c'est vraiment vilain, lâche-t-elle en faisant la moue.

Je bats des cils, prise au dépourvu par sa réaction. Les personnes que je rencontre sont rarement aussi directes, d'autant plus qu'il n'y a aucune forme de jugement dans ses paroles. Elle exprime juste ce qu'elle pense. À ma grande surprise, je trouve sa spontanéité rafraichissante.

— Comment tu t'es fait ça ? reprend-elle en inspectant ma balafre de plus près.

Woaw. Personne n'avait eu le cran de me poser cette question aussi vite lors d'une première conversation. D'habitude, les gens essayent de faire comme s'ils ne voient pas cette énorme ligne qui barre ma joue et me perfore l'œil, même si leur regard dit toujours le contraire.

— Accident de voiture. Je n'avais pas ma ceinture, alors je suis passée à travers le pare-brise, lui réponds-je.

Bien sûr, c'est faux. Cependant, je ne la connais pas assez pour lui confier ce qu'il m'est arrivé lors de l'incident. C'est l'explication que je fournis toujours aux petits curieux et la plupart du temps, ça leur suffit.

— Oh, je vois. En tout cas, je t'admire. Je ne supporterai pas de vivre avec une telle chose sur la figure.

Elle accompagne ses paroles d'un geste et caresse sa pommette. Je remarque que ses ongles sont longs et parfaitement manucurés. Elle rejette sa queue-de-cheval en arrière et me lance :

— Enfin, bref, je m'appelle Shirley Goodwin !

Elle me tend la main. Je la lui serre et me présente à mon tour.

— Evelyna Bailey.

— Super ! Maintenant que les présentations sont faites, on va pouvoir t'installer.

On ?

Je suis ses prunelles qui se posent sur ma valise et mon sac de voyage, arrivés dans ma chambre avant moi. J'aperçois ensuite plusieurs uniformes soigneusement pliés sur mon lit ainsi qu'une enveloppe. Je m'avance pour la saisir et y sors divers documents, comme un plan d'évacuation d'urgence et un certificat officiel d'inscription. Dessus, un post-it « à conserver » y est collé. Mes doigts frôlent un objet bien plus épais que du papier. Une clé.

Celle de notre chambre, je suppose.

— Alors, dis-moi, d'où viens-tu ? me questionne Shirley.

Je reporte mon attention sur elle et découvre qu'elle est agenouillée au sol en train d'ouvrir ma valise.

Je veux lui intimer de me laisser faire, mais son attitude me déconcerte tellement que je ne parviens pas à formuler ma pensée. Shirley a tout de la pétasse numéro un de l'université. Je l'imagine très bien au sommet de la pyramide de la popularité avec une petite troupe de filles à sa suite et un tas de mecs à ses pieds.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Where stories live. Discover now