PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]

Chapitre 36

Hillmore University, Angleterre

Vendredi 22 décembre

[Zayn]

La main d'Evelyna dans la mienne, je pénètre dans la salle de théâtre aménagée pour le gala. Une brusque chaleur et un brouhaha ambiant attaquent mes sens. L'endroit grouille de gens : étudiants, parents, professeurs.

Heureusement, certains de mes pairs sont déjà rentrés chez eux pour les vacances et tous les parents d'élèves ne viennent pas. Tout ce beau monde ne rentrerait pas dans cette pièce pourtant très vaste.

Pour moi, c'est déjà trop.

Nous jouons des coudes pour avancer, ce qui m'arrache des marmonnements. À mes côtés, Evy ne semble pas plus à l'aise. Toutefois, je doute que ce soit pour les mêmes raisons que moi.

— Toutes ces personnes vont m'écouter chanter ?

— Oui et elles découvriront que tu es incroyable.

Nous poursuivons notre route quand soudain, une voix interpelle ma belle :

— Evelyna, ma chériiiiie !

Nous nous tournons vers celle-ci et découvrons Esther, sa tante. Elle s'approche de nous. Sur son passage, les gens s'écartent et la détaillent de la tête aux pieds. Rien d'étonnant avec le charisme naturel qu'elle dégage et le tailleur noir à paillette qu'elle porte. Un verre de champagne à la main, elle nous sourit.

— Vous êtes beaux, tous les deux, continue-t-elle.

Nous portons une chemise blanche et un pantalon noir, rien de bien différent de nos uniformes scolaires. À l'exception près qu'Evy ne porte pas de jupe.

— Merci, répond sa nièce. Je ne savais pas que tu venais. Hier encore tu m'as dit que...

Elle la coupe d'un geste.

— Oui, je sais. Mais j'ai appris ce matin que mon rendez-vous a été annulé. Dans d'autres circonstances, j'aurais étripé mon collaborateur, mais je vais l'épargner pour cette fois. Je suis heureuse de pouvoir venir te voir chanter. Tu n'as jamais osé me montrer ce talent, alors que ton père me le vantait tant.

Je lance une œillade à la concernée. Elle affiche une moue timide, mais je vois une lueur d'impatience danser dans ses prunelles. J'espère que notre petit tour d'avant-hier lors de la répétition générale l'aura aidée à prendre confiance en elle. De mon côté, je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle va tout déchirer.

Le regard d'Esther s'arrête ensuite sur nos doigts enlacés. Je sais qu'Evy se confie beaucoup à elle. Elle est donc au courant de l'évolution de notre relation.

— Comment a réagi ton père ? me demande-t-elle sans quitter nos mains des yeux.

— Comment j'ai réagi à quoi ?

Je me fige quand j'aperçois une large silhouette derrière la femme d'affaires. Le nouvel arrivant se décale et je découvre mon père. Bon sang, ça fait des années que je ne l'avais plus vu porter un costume. J'ai presque du mal à le reconnaître. Ça change de ses t-shirts noirs et de ses pantalons gris aux motifs militaires.

Esther lève son verre dans sa direction. Quant à moi, je le dévisage, sous le choc.

Que fait-il ici ? Je ne lui ai même pas parlé du gala.

Je comptais l'appeler ce soir pour lui demander qu'Evy vienne à la maison durant les vacances.

— Alan ! Quelle surprise de te voir ici !