Chapitre 38

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Manoir, Angleterre

Samedi 23 décembre

[Zayn]

Evelyna perd connaissance dans mes bras. Bon sang, qu'est-ce qu'il lui a pris ?

Elle s'est transformée en bête sauvage en une demi-seconde, dès qu'elle a aperçu le visage de ce timbré. Elle est plus petite que moi et je dois peser presque trente kilos de plus qu'elle, mais la maîtriser a été éprouvant. Le type, qui a jadis décrété que les femmes étaient plus faibles que les hommes, n'a jamais dû empêcher une nana ceinture noire de judo et boxeuse aguerrie de commettre un meurtre.

Si l'un des hommes de mon père ne lui avait pas injecté ce sédatif – sûrement destiné au fou qu'ils escortent, en cas de pépin – je m'en serais sorti avec des bleus.

Tandis que je le soutiens dans mes bras, mon père la détaille avec tristesse.

— Conduis-la à l'infirmerie, me lance-t-il.

Je glisse un bras sous ses aisselles et l'autre sous ses genoux et l'installe correctement contre mon torse. Sa tête pend en arrière, telle une poupée de chiffon.

— Ouais, et après tu vas m'expliquer ce qu'il se passe, car je vois à ton regard que tu sais exactement pourquoi elle a réagi comme ça.

Il crispe la mâchoire, mais ne rétorque rien.

— Ok, rejoins-moi à la salle d'isolement.

Sur ce, il attrape le fou par le coude et se remet en marche d'un pas nerveux.

— Cha va être fun ! se marre le mec dont je ne connais toujours pas l'identité, malgré son bâillon en bouche.

Ils finissent par disparaître de mon champ de vision. Je marmonne un juron et prends le chemin opposé. Après quelques bifurcations, je me retrouve devant la porte de l'infirmerie que je pousse avec mon pied.

J'entre et découvre Alicia en train de récurer son flingue devant la pharmacie.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je soigne mon bébé, répond-elle en caressant son arme.

J'arque un sourcil. Elle se fout de moi ?

— Tu sais qu'on a une armurerie pour ça ?

— Ouais, mais ça empeste la testostérone là-bas. Les mecs me gonflent, alors je suis venue ici.

Je me désintéresse d'elle et pars déposer Evy dans l'un des lits. Je prends soin de dégager ses cheveux sur le côté et déroule doucement la couverture sur elle.

— Il lui est arrivé quoi, à ta belle au bois dormant ?

Agacé, je grommelle :

— Longue histoire.

L'histoire n'est pas si longue que ça, mais je ne rêve que d'une chose : courir jusqu'à la salle d'isolement et attraper mon père par le col pour lui faire cracher le morceau.

— Mmh.

Elle s'approche et observe Evelyna. Je fais de même et ma contrariété se mue en tendresse. Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, princesse ?

Instinctivement, mes doigts viennent effleurer sa joue abîmée. Est-ce lui le responsable de cette cicatrice ? Bien sûr, ça ne peut-être que ça.

Ce qui signifie que mon paternel a de sérieux comptes à me rendre. La colère revient faire frémir mes sens et je me tourne vers Alicia.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant