Chapitre 35

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Hillmore University, Angleterre

Mercredi 20 décembre

[Evelyna]

Je n'arrive plus à respirer. L'eau s'infiltre dans mes narines et noie mes poumons. Sa froideur me mord la peau du visage sans aucune pitié. Je me débats, je lutte pour me libérer, mais une main agrippe fermement mon crâne et me maintient sous la surface. Je hurle, formant des bulles. Sans succès, seul un bruit étouffé par le liquide me parvient aux oreilles.

Soudain, je suis délivrée de cet enfer. Le souffle court, je redresse la tête. Il n'y a rien autour de moi. Je suis dans un lieu sombre dont la seule source de lumière est un cercle blanc à mes pieds, comme si un spot invisible avait été dressé au-dessus de moi pour m'éclairer. Je suis la lanterne dans l'obscurité et à tout moment, les monstres dissimulés dans les ombres peuvent être attirés dans ma direction, tels des papillons nocturnes attirés par l'éclairage d'un lampadaire.

Je me déplace, à la recherche d'une sortie. La lumière se déplace avec moi, ne cessant jamais de rappeler aux ténèbres que je suis là. Je suis pointée du doigt, mise au-devant de la scène. L'angoisse d'être le centre de tout me submerge.

— Il y a quelqu'un ? Au secours !

Personne ne me répond, pas même ma propre voix. Je suis coincée ici, condamnée à ne jamais pouvoir disparaître.

Un rire dément finit par éclater. Le cœur battant, je tourne sur moi-même, cherchant le propriétaire de ce ricanement. Impossible de déterminer son origine, il provient de partout à la fois.

Démunie, je plaque mes mains sur mes oreilles. Je ferme les paupières et espère qu'en les rouvrant, je me réveillerai. Lorsque j'ose ouvrir un œil, un homme avec un masque de Fantômas me fait face, un fusil à la main.

Je fais un bond en arrière, terrifiée. Je pivote pour courir dans la direction opposée, mais des serpents anéantissent mes espoirs de fuite. Les écailles rouge vif et les yeux jaunes, ils rampent vers moi en dévoilant leurs crocs acérés. Je recule, les jambes tremblantes, et trébuche. Je tombe lourdement sur les fesses et les bestioles rampent sur moi. Je crie, je gigote pour les faire déguerpir. Dans un ultime élan de désespoir, j'implore quelqu'un de m'aider.

À ma supplication des rires me répondent. Cette fois, ils sont plus nombreux. Ces railleries, je les ai déjà bien trop entendues quand je passais dans les couloirs.

Les serpents disparaissent et je me relève d'un bond. Je cherche des yeux la silhouette de mes camarades qui ne cessent de chuchoter. Plusieurs insultes murmurées me parviennent et me perforent la poitrine comme des aiguilles.

— Arrêtez...

Ma demande produit l'effet inverse et les rires repartent de plus belle. Un jet de lumière m'oblige à protéger mon regard de mon bras. Lorsque mes pupilles se sont habituées, ou du moins celle de mon œil valide, je me rends compte que je suis sur une scène et que des gens avec des masques me regardent.

Un sentiment horrible perce mes entrailles. Celui de la honte. Je n'ai encore rien fait, mais j'ai la sensation de m'être ridiculisée, comme si je venais de chanter et que tout le monde trouvait ça affreux.

Je fais demi-tour pour tourner le dos au public et face à moi, un miroir me renvoie mon reflet. Une fille défigurée, voilà ce que je vois.

Ma respiration se coupe. Mon être n'est plus qu'un ramassis d'angoisses et de peurs profondément enfouies.

Tout s'évapore. Je me retrouve seule, dans le noir et dans le silence. Il ne reste plus rien que cette impression que du goudron m'enveloppe et j'ai une nouvelle fois la sensation de me noyer. C'est un cercle sans fin.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें