Début d'une hécatombe

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*HAWKEYE*

    Comme tout les matins, je vais m'entraîner, courant pendant une heure ou deux suivant mes envies, mon moral, et ma nuit. Il y a des jours où je pourrais gravir une montagne, d'autres où je ne serais bonne qu'à deux kilomètres de courses.
    Je survis, face à ma défaillance mentale.
    Je ne peux pas dire que je vis, je n'arrive plus à me dire que je suis pilote. Je suis incapable de regarder un avion sans avoir peur et les larmes aux yeux. L'incident avec mon rafale me reste constamment en tête, et même quand Phoenix, Bob et Payback me rendent visite, me parle des recrus, ou même de leur dernières sessions, je tremble et j'ai mal au cœur.
    Je suis devenue professionnelle dans l'art de la discrétion, dissimulant le tremblement de mes mains en les calant entre mes cuisses, qui les écrasent. Grâce à la course à pied, j'arrive à maîtriser l'accélération de mon rythme cardiaque lorsque je stress, et ainsi pouvoir le dissimuler encore plus. Mais au fond de moi, c'est le chaos. Les images défilent, toujours les mêmes. L'AV-8B, le F-18, le cockpit de mon Rafale, et ce putain de missile qui est mis à feu.     

    Avec mon père, c'est vraiment pas la joie. Il me force à remonter dans un cockpit, et les deux fois où j'ai essayé, j'ai fais un malaise du au stress. Je n'ai pas réessayé, même avec Phœnix. Avec Personne. Car la seule personne qui pourrait certainement être le plus à même de me faire réussir, n'est pas là.
    Bradley ne sait rien, je n'ai rien dis. Je ne veux pas qu'il se préoccupe de moi a l'autre bout de la terre. Il a d'autres choses à penser, il doit réussir sa mission. Je l'ai eu au téléphone comme tout les matins, il lui tarde de revenir aux Etats-Unis pour pourvoir me retrouver. Je dois admettre qu'il me manque énormément. Lui comprendrait ma réaction, comprendrait mon refus de monter dans un avion, comprendrait pourquoi je lui ai caché la vérité.
    Je reçois un message sur mon téléphone, le lisant tout en courant. Natasha. Elle me donne rendez vous pour un verre sur la plage devant chez Penny.
    Deux avions viennent de décoller de North Island. Deux F-18, un bi-place et un solo. Il s'agit sans hésitation de Phoenix, Bob et Payback. On s'était donné rendez vous sur le tarmac pour une session de vol, et encore une fois, je leur ai posé un lapin. Ils ne m'en veulent pas. Enfin du moins.... Je ne les vois plus donc ils ne peuvent rien me dire. Ce soir, je vais ramasser, je le sens.
    Plus que deux petites semaines à tenir sans Rooster, et après, j'essaierais peut-être de remonter dans un putain d'avion.
    Nouveau message sur mon téléphone. Bradley. Il me demande ce que je fais. C'est sens hésitation que je lui mens, en lui disant que je prend part à une session de vol. Je sais que je ne devrais pas, j'ai des chances de le vexer quand il apprendra la vérité. Mais je pense que Brad comprendra. J'en suis même sur.

    Je continue de trottiner, regagnant gentiment le chemin de Miramar. Je connais la route par cœur depuis maintenant trois semaines, depuis qu'on m'a sorti ce plâtre. J'étais déjà endurante, je le suis plus encore. Mais ça ne me sert absolument plus à rien.
    Je ne sers dorénavant plus à rien.
    Au loin, je peux voir un 4x4 garé devant chez mon père. J'ai du mal à reconnaître le véhicule, jusqu'à ce que le conducteur en sorte. Rooster. Dans un t-shirt noir et un treillis militaire. Je ralentis l'allure, jusqu'à m'arrêter, comprenant qu'à cette instant précis, je suis dans la merde. Je viens de dire à Bradley que je suis sensé être dans les airs, alors que je suis au sol, en basket, short et brassière, entrain de courir. Mais mon euphorie prend le dessus, je suis heureuse de le revoir, de retrouver l'homme de ma vie. Surtout dans cette tenue, ultra badass, qui met ses muscles en valeur. Je me remet à courir pour le rejoindre, voulant lui sauter dans les bras. Qu'il me fasse la surprise d'être rentré plus tôt me rend joyeuse, me rendant mon sourire.
    Mais quand je m'approche de lui, je me rends compte qu'il tire la gueule. Je tente quand même de me blottir contre lui, mais il me repousse sans ménagement, de toute ses forces.
    Le sang qui occupe mon corps semble s'être évaporé, j'ai des sueurs froides, je me sens mal. Je ne m'attendais certainement pas à ce qu'il me repousse de la sorte, des deux mains, m'éloignant de lui par les épaules. Mon monde s'écroule soudainement, me rendant compte qu'il doit savoir la vérité pour réagir comme ça.
    -Bradley ? Qu'est ce que tu fais là ?
    Il enlève les lunettes qui lui couvraient les yeux, et me regarde, d'un œil noir. Je déglutis, visiblement, mes mensonges ne lui ont pas plus.
    -Je te parlerais quand tu auras reposer le cul dans le F-18 qui t'attends et que tu seras dans les airs.
    Il est furieux, il vient de me hurler dessus, sans retenue, ce qui me provoque un recul. Je suis choquée qu'il puisse me gueuler dessus comme ça. Je suis encore plus pétrifiée.
    -Tu n'es pas sérieux ?
    -Si, complètement.
    -Tu comptes vraiment qu'on se retrouve comme ça après presque deux mois sans se voir ?
    -Et toi ? Tu préfères me mentir sans une once de remord et faire comme si tout allait bien ? T'es pas croyable Alex.
    Intérieurement, je sens la rage me monter, se bloquer dans ma gorge. Visiblement, il est comme tout les autres, il ne comprend pas. Ma peur du crash n'est donc que du flanc pour eux. Mon père, Phoenix, Bob, Payback et Rooster. Personne n'arrive à comprendre ce que je ressens.
    -Tu crois que c'est facile toi de piloter de nouveau, comme si de rien était ?
    -Visiblement, c'est plus simple de mentir ! Tu me devais la vérité Alex, c'est ce qu'on s'était dit !
    J'ai du mal à soutenir son regard tellement il est dur. La boule qui occupe ma gorge a tellement grossi que j'ai du mal à parler, je n'y arrive quasiment plus. Mes mains tremblent. C'est pire qu'avec les souvenirs du crash, je me rends compte que d'avoir voulu épargné Bradley de mon mal-être, je viens de le perdre. Je sens qu'il s'impatiente, alors que sa mâchoire se contraire à plusieurs reprise.
    -Tu n'as rien à me répondre ?
    Je maintiens son regard comme je le peux, serrant les dents pour ne pas éclater en sanglots devant lui. Je ne peux pas lui faire ce privilège. Si je lui ai menti, c'était pour lui, et pas pour moi. Je voulais l'épargner de mes galères. Je ne peux pas être la petite fille épleurée qui se confonds en excuse, je n'ai pas d'excuses à donner. Je me triture les mains, pour essayer de calmer mes tremblements, mais rien y fait. J'ai du mal à respirer, mon corps est bloqué.
    -Bye Alex, reviens me voir quand tu piloteras un F-18.
    Je le regarde monter dans sa voiture, sans pouvoir rien faire, la colère, la rage, la peur et le stress me paralysant. Je ne peux pas le retenir, je n'y arrive pas. Je me contente de serrer les poings, de le regarder partir, de ne rien faire. Rooster, l'homme de ma vie, l'homme qui m'a permis de retrouver ma liberté, vient de me laisser comme une pauvre merde. Lorsque qu'il a tournée au bout de la rue, je me laisse tomber sur les genoux, la pression retombant d'un coup, les larmes avec.
    -BRADLEY !!!
    Je me met à hurler, espérant que mon cri le fasse revenir. Mais le pilote est déjà loin, il ne réapparaîtra pas. Au loin, j'entends deux F-18 passer à vive allure. Putain d'avions de merde !

    Je suis resté enfermé dans ma chambre, Tomcat couché à mes pieds, jouant avec la petite réplique du F-14 que mon père m'a donné. J'ai merdé sur toute la ligne, complètement. A la finalité, j'ai perdu mon équipe, j'ai perdu mon père, et j'ai surtout perdu Bradley. Je soupire, j'ai jamais autant échoué de ma vie. Jamais.
    Je regarde ma montre, il est largement l'heure que je rejoigne tout le monde sur la plage. Je n'ai pas très envie. Je sais qu'il y aura Brad, et je vais passer un sale moment si il décide de m'ignorer comme il l'a dis. Je me change, enfilant un short en jean et un croc top beige. Rien de compliqué, j'ai envie de rien, hormis rester seul.

    Tomcat et moi descendons de la voiture, sans trop d'entrain pour moi, avec euphorie pour lui, il adore aller nager et se rouler dans le sable. Au loin, je peux voir le petit groupe de quatre personnes, sirotant des bières. J'hésite à m'approcher d'eux. Ils ont l'air tellement bien sans moi, et je sais que mon arrivée va plomber l'ambiance. J'ai déçu l'ensemble des personnes ici présentes. Bradley doit être entrain de leur raconter ses exploits en Afghanistan. Lorsqu'il me voit, il s'arrête de parler, laissant les autres se retourner.
    -Ah tient, une revenante permis nous !
    -Salut ...
    Je lâche Tomcat, le laissant aller dire bonjour à l'assemblée. Il est moins timide que moi, et n'aura pas de remontage de bretelle, lui ! Je m'assoie entre Natasha et Bradley, saisissant une bière qui traine dans le bas à glaçon. Je pensais que Bradley allait avoir un geste vers moi, mais il reste stoïque, les bras croisés sur la table, regardant le bois. Ca me fait mal, mais je ne peux rien dire, je ne suis pas du genre à taper un esclandre devant tout le monde.
    -Bon, tu en es à combien de paire de chaussures ?
    -Pardon ?
    La question de Nat me déstabilise. Je ne vois pas de quoi elle parle.
    -Je te vois tout les jours quand je décolle, courir comme une débile. Tu ne préférerais pas voler plutôt ?
    -Commence pas, s'il te plait, je ne suis pas venu ici pour me prendre la tête.
    Gros blanc dans l'assemblée. Je crois que j'aurais encore dû fermer ma gueule et m'abstenir de venir. Je bois une gorgée de ma bière, observant tout les pilotes autours de moi. Il me dévisage, tous, à l'exception de Bradley, qui fixe toujours la table, d'un regard neutre.
    -Quoi ? Y a un truc qui va pas ?
    -Oui Alex, c'est toi qui ne va pas.
    Je soupire. Ce que j'appréhendais cinq minutes avant de partir de chez moi est entrain d'arrivée. Je vais me faire engueuler par l'assemblée. Je bois de nouveau une longue gorgée, essayant de me donner du courage pour la suite.
    -Je comprend mieux. Vous m'avez invité ici pour faire mon procès, c'est ça ?
    -Alex, ça fait trois semaines que tu aurais du remonter dans le F-18, et tu préfères aller courir. On ne te reconnaît plus.
    Ma jambe se met à bouger de stress, mes mains aussi, que j'essaie de bloquer entre mes cuisses. J'en peux plus de réagir comme ça. Avant, je restais stoïque à tout et n'importe quoi. Une bombe aurait pu me pêter à la gueule, je n'aurais rien fait.
    -Vous avez tous décidé de me faire chier ? Vous allez tous me passer un savon ? C'est ça ?
    Je me retourne vers Bradley, qui n'a pas bouger de sa position. Je peux voir sa mâchoire se contracter à mesure que je me met à gueuler. Je suis obligé de lui balancer une pique dans la gueule, je ne peux plus rester sans rien dire, et supporter leurs complaintes, leurs aides. C'est super sympa de leur part, mais il ne comprenne pas mon mal-être.
    -Vous savez très bien que je suis bloqué, que personne arrivera à me faire piloter . Enfin, si, mais toi, toi tu as décidé de me faire la gueule !
    Brad soupire. Je m'attends à ce qu'il me réponde un truc mais non, il ne dit rien, ce contentant de soupirer. Je pose mes mains sur la table, remarquant qu'elles tremblent encore, bien plus qu'avant. Je sers les poings, essayant de calmer mes nerfs, mais rien y fait. Je me lève de la table, repartant vers ma voiture. Je ne peux pas rester là, je ne peux plus supporter leur conseils pour reprendre le vol. Je n'y arriverais pas, stop !
    -Tomcat, on y va.
    -Alex, reste la.
    Pour la première fois de la soirée, Bob vient de parler. Je continue de marcher, ne cherchant même pas à me retourner.
    -Tu crois que c'est simple pour nous de te voir comme ça ? On dirait un Zombie.
    Je me retourne vers le pilote, le dévisageant. Bob n'a jamais été méchant avec moi, il a toujours chercher à me rassurer, et a me dire que j'arriverais à piloter quand mon cerveau acceptera ce qu'il s'est passé.
    Je ne sais pas quoi lui répondre, la boule qui s'était formée dans ma gorge le matin même refaisant surface. Ce qui me fait le plus mal dans tout cela, c'est l'absence de réaction de Bradley, il s'en fout de ma gueule. Clairement. Il n'a pas cherché à parler, rien, ni a me toucher. Je fais demi tour, continuant sur ma lancée, celle pour retrouver ma voiture, et ma solitude.
    -TOMCAT ! AU PIED !
    Même mon chien a décidé de m'ignorer.

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