Confronté au passé

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*MAVERICK*


Je dois dire que ma petite impasse au règlement en faisant décoller le DarkStar et en le faisant exploser a marqué les esprits. Mais au moins, j'ai la fierté d'avoir prouvé que les hommes sont encore capables de voler à Mach 10... 10,3 même.
La convocation avec l'amiral Cain n'a pas été de tout repos. Insubordination, désobéissance, refus d'exécuter un ordre, vol d'un avion de l'état... Bla-bla-bla... Rien de bien étonnant quand on s'appelle Pete Mitchell. Même si j'approche de la soixantaine, je reste accroché à la montée d'adrénaline que me provoque l'aviation. Et surtout le fait de repousser les limites comme je le fais.
Je souris alors que je me dirige vers le bureau du vice-amiral Simpson. On ne s'est jamais véritablement apprécié lui et moi. Il a toujours cherché à me mettre au trou, et je lui ai toujours échappé... grâce à Iceman, je dois le dire.
Toquant à la porte, je suis accueilli non pas que part Simpson, mais aussi par son acolyte, le contre-amiral Bates. Tous deux me regardent comme si je sortais de nulle part. Je vois en Bates un allier contre les attaques de Simpson. Je suis vite déboussolé en constatant que ce n'est pas le cas.
Il me projette sur un écran un lieu, avec une typographie parfaite des environs. Les différents points de défenses, les difficultés, les avantages. Je dois leur exposer un plan, rapide, et efficace, ou l'on ne sera pas détecté pour aller éliminer un entrepôt ennemi en création. De l'uranium... pourquoi pas.
Je réfléchis, rapidement, me remettant en vision les capacités du F-18. Attaquer vite et bien, à raz le sol, et réussir à se sortir d'un cul-de-sac arrêter par une montagne à flan quasi vertical. Soit une sortie à environ 10G.
Il faut avoir une sacrée paire de .... Pour tenter l'aventure. Et trouver des pilotes qui en soient capables.... Aïe.
-Je ferais deux équipes de deux avions, un solo et un duo Pilote-RIO. Le RIO en charge de fixer le tir sur la petite aération du complexe qui est juste là. Soit une grille de deux mètres, sur deux mètres. Un tir complexe.
Je pointe un petit cube qui sort du sol, pas plus gros qu'une cage d'escalier.
-Pour atteindre la cible, il faudra voler à moins de 300 pieds pendant deux bonnes minutes, en suivant le cours d'eau qui sillonne la montagne, afin d'éviter les missiles sol-air qui protègent le complexe. Un peu au-dessus de 300 pieds, et on est cuit.
Je montre le parcours du doigt, slalomant parmi le relief, imaginant l'avion pendant ses courbes qu'il faudra prendre à plus de 300 noeuds. Ça va être rude.
-Une fois le slalom terminé, il faudra monter à pic après une grande ligne droite, provoquer un basculement sur le dos de l'avion, pour rester collé le plus possible à la montagne, et ainsi pouvoir se retourner rapidement afin d'être dans l'axe de tir. Les sens du pilote vont être secoués, il n'aura que quelques secondes pour se remettre en place et assurer son tir. Le RIO devra avoir calibré au millimètre prêt son radar.
Simpson et Bates me regardent comme si j'étais fou. Il n'y a malheureusement pas d'autres solutions pour atteindre l'entrepôt et le détruire. Et surtout ramener les hommes en vie.
-Une fois le tir assuré, il faudra remonter à flanc de montagne, tirant sur le manche à toute vitesse, et encaisser une force quasi égale à 10G, dix fois son poids. Un coffin Corner. On sera écrasé, il y aura un risque de perte de connaissance.
Je me retourne vers le vice-amiral et son contre. À leur tête, je comprends que mon plan est le meilleur qu'il ait pu avoir, mais aussi le pire. Il va falloir qu'ils trouvent les meilleurs pilotes des États-Unis pour assurer.
-Le problème, c'est que je n'ai pas piloté de F-18 depuis de nombreuses années, Monsieur.
-Nous n'avons jamais dit que c'était vous qui alliez exécuter la mission. Vous allez par contre les entraîner.
-Qui, Monsieur ?
Simpson appuie sur le bouton du rétroprojecteur, faisant défiler l'image pour me présenter une vingtaine de pilotes. Tous de très bons chasseurs, efficace et redoutable. Je parcours les visages de mes futurs élèves quand mon regard s'arrête sur deux d'entre eux. Le lieutenant Bradley Bradshaw, le fils de Goose. Mon cœur manque un premier battement. J'ai tous fait pour qu'il ne devienne pas pilote, et qu'il ne soit pas confronté au même risque que son père. Le deuxième, est un pilote français, plutôt une pilote. Que je ne connais que trop bien. La Commandante Alexandra Lefebvre. Je fixe son visage, reconnaissant parfaitement les traits de sa mère. Son regard est par contre le même que son père, déterminé et vorace. Elle veut la gagne.
-La France, Monsieur ?
-Ce sont des ennemis communs, et le chef des armées a tenu à ce que leur meilleur élément intègre nos rangs. En plus, bénéficiant de la double nationalité, c'est une véritable aubaine. Il faudra juste lui rappeler qu'elle n'a ici qu'une place d'officier, et non de commandant comme en France.
-Vous risquez de la vexer, Monsieur.
Il sourit. Mais je ne peux pas accepter cette mission. Il y a trop d'enjeux, trop de risques. Je ne peux pas mettre ses hommes, surtout les deux derniers, en danger.
-Je ne peux pas, Monsieur.
-Vous n'avez pas le choix, Maverick. C'est soit cela, soit une mise à pied.


J'observe le tarmac de la base, regardant les avions décoller avec une vitesse vertigineuse. Comment accepter ? Comment risquer la vie de deux personnes que l'on connaît ? Et qui nous sont chers ? J'envoie un message à Iceman, mon meilleur ami depuis la mort de Goose, et surtout le Chef des Armées du Pacifique. Sa réponse est claire, et immédiate. Il était au courant et il est bien clair, sans compromis. Je suis obligé d'accepter. Sinon c'est une interdiction définitive de vol, il n'a pas le choix.

On devrait toujours avoir le choix...

TOP GUN: LEGACYWhere stories live. Discover now