36. Discussion (Stella)

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Mais qu'est-ce que c'est que cette pièce : un magasin ?

J'avance, un peu perdue, au milieu des étagères où s'alignent par couleurs des dizaines de paires de chaussures.

Qui peut bien arriver à marcher sur des talons aussi hauts, je m'étonne.

Comment courir ou sauter avec de tels souliers ? C'est une prison pour pieds, ces trucs. Il y a aussi des portants débordants d'habits de tous les styles. Incroyables... La voisine n'est pas adepte du minimalisme vestimentaire, de toute évidence.

« Bonjour ! As-tu trouvé tout ce qu'il te fallait à la salle de bains ?

Je me retourne surprise pas l'apparition de Roxanne dont les cheveux blonds cendrés sont retenus en chignon lâche. Je serre le peignoir que j'ai enfilé après ma douche rapide. Roxanne a même trouvé des sous-vêtements pour moi et proposé tout une gamme de protections intimes.

Elle me détaille de la tête aux pieds en réfléchissant.

— Nous ne faisons pas la même taille, annonce-telle à haute voix.

Je hoche la tête, incertaine de la réponse à donner. Ses yeux bleu ciel et son gentil sourire me la font apparaître comme un soleil. Du haut de mon mètre cinquante-sept, je confirme que nous ne faisons évidemment pas la même taille de vêtements car elle a au moins trois têtes de plus que moi.

— Quel style souhaites-tu : romantique, bohème, rock, classique, sportif ?

Je reste atone.

— Pour que je te prête des habits, c'est bien pour cela que Jay t'a amenée ici, non ?

— Oui, euh... un style passe partout, je réponds. Merci de m'aider.

— J'adore jouer les bonnes fées, elle rit. Et puis, les vêtements sont faits pour être portés autant que tu en profites aussi. J'ai créé ceux-ci l'année dernière, mais je les ai cousus à mes mesures. Je peux t'en faire d'autres cette semaine, laisse-moi prendre tes mensurations.

— Les créer ? C'est vous qui avez fait tout ça ?

— Je rêvais d'être styliste avant, maintenant je dessine des chaussures mais depuis l'époque du lycée, je m'amusais à inventer mes propres tenues. On peut se tutoyer, j'ai l'âge de Matthias, tu sais.

— Impossible, je m'exclame, psychologiquement il a au moins cent ans.

Son rire claire résonne dans la pièce :

— Tu as parfaitement raison, on dirait parfois un vieil ermite aigri.

— Il a quand même de bons côté, quand il ne fait pas la morale, je tente de me rattraper de peur qu'elle ne lui rapporte ce que j'ai dit.

— Si tu le dis...

Elle soupire, comme si parler de lui était douloureux. C'est pourtant elle qui a abordé le sujet.

— J'ai peut-être les vêtements que je portais au collège dans un carton, ils devraient être à ta taille, attends... Ce sont des basiques donc ça ne devrait pas être démodé.

— Bof, moi la mode...

Je la vois fouiller dans le fond de son placard et sortir une caisse transparente.

— C'est un peu lourd, tu m'aides ?

Je ne me fais pas prier pour enfin sortir de mon état léthargique. Je préfère agir que de rester immobile. A deux, nous parvenons à trainer la caisse vers le centre de la pièce. Quand Roxanne l'ouvre, elle me tend avec une joie non dissimulée des jeans, des robes et plein de tops très colorés.

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