Quelques semaines après mon malaise, je recevais mon ensemble fait par Dolce & Co. Il fallait avouer qu'il était très bon.
Mais cela ne changeait pas le fait qu'il soit un abominable suceur de sang. Et sûrement un suceur d'oxygène car comment aurait-il pu être autrement après l'incident s'étant produit dans l'arrière-boutique ? Encore des semaines après, je n'arrivais pas à expliquer ça.
Je me rappellerai toute ma vie de la sensation étrange que j'ai ressenti. J'ai été pris d'une grande bouffée de chaleur qui m'a presque étouffé, il m'était incapable de remplir mes poumons alors le manque d'air m'a causé un malaise. Je m'étais vidé de mes forces à ce moment-là et puis plus rien.
Je n'avais plus jamais revu Vince Dolce après ça. (Un nom très spécial, si vous me demandez mon avis.) Et tant mieux. Je pensais sérieusement que mon malaise était dû à sa présence trop imposante autour de moi.
De ce fait, je m'étais juré de le sortir de ma tête afin de me concentrer pleinement sur les préparatifs de ma liaison et sur ma fiancée. D'ailleurs, à propos d'elle, je la sentais soudainement plus timide et assez mal à l'aise autour de moi.
Je veux dire, je suis son fiancé donc des petites caresses et des innocents baisers sont des choses normales à faire entre nous. Alors pourquoi elle me repoussait à chaque fois que j'en réclamais ? Malgré que j'en voulais davantage, je ne voulais pas me montrer pressant avant le mariage mais de là à me priver de baisers, c'en était frustrant.
« - Était-ce aussi pénible avec toi et Lottie avant votre union ? » me plaignis-je à Andy une fois, après qu'Elle m'ait implicitement repoussé.
Je passai ma main sur mon visage, soufflant. J'en avais marre de cette situation. Je ne voulais point paraître comme un connard ou que la seule chose qui m'intéressait était le sexe mais je suis un homme après tout.
Mon ami rit nerveusement, ne sachant pas quoi répondre. Il avala une gorgée de bière, les yeux toujours fixés sur l'écran de télévision. D'habitude, j'étais fan de football et chaque match qui passait à la télé était bon à regarder mais pas cette fois-là, j'étais bien trop préoccupé.
« - T'es au courant que tu veux que je te dévoile la vie sexuelle de ton beau-frère donc celle de ta petite sœur ? Et qui plus est, tu parles de ma petite sœur là, également ! C'est inapproprié. » il rit.
Et je savais qu'il avait raison. C'était effectivement et indéniablement inapproprié. Mais il me fallait quelqu'un sur qui reposer mes problèmes.
Je soufflai, fermant les yeux. Durant quelques minutes, lourdes de silence, je restai comme ça, les yeux plongés dans l'obscurité total derrière mes paupières pensant à comment je ne m'ennuierais pas si je n'étais pas encore fiancé. Peut-être que cette pimbêche d'Ornella ou Ophelia m'aurait calmé les nerfs. Ou j'aurais pu me défouler sur le Vince. Il était assez marrant et tellement chiant que faire l'effort de ne pas l'insulter vulgairement suffisait à me faire perdre des centaines de calories.
Soudainement, je fus prit de vertige. La sensation ne m'était que très familière.
Une situation que j'avais vécu il y a à peine quelques semaines.
Je me redressai du canapé et essayai de reprendre une respiration régulière en inhalant le plus d'air que possible. Mes paupières pressées entre elles et mon cœur battant la chamade, je réussis à reprendre peu à peu mon souffle.
C'est là que je me rendis compte que mes oreilles avaient dû se boucher également car Andy était debout devant moi, le regard inquiet et hésitant pour aller chercher quelqu'un. Ses lèvres bougeaient mais je ne l'entendais pas.
« - Hé, Jamie, mon pote, ça va ? » après un fin bourdonnement, je pus entendre ces paroles.
Je hochai rapidement de la tête pour lui signaler que oui. J'allais bien à présent. C'était simplement un étourdissement.
« - T'es sûr ? » insista-t-il, toujours me lançant son regard typiquement inquiet.
Je levai les yeux au ciel avant de me lever moi-même ensuite.
« - Je vais juste aller fumer puis je reviens. » je soufflai en retournant vers ma chambre.
Depuis peu, nous étions rentrés de nos pseudos vacances et maintenant, nous étions tous installés à la résidence des Carter. J'allais y rester jusqu'à ce que les préparatifs du mariage soient terminés car le mariage allait se dérouler chez ma future épouse, souhait venant d'elle et franchement, je m'en fichais pas mal, peu m'importait que cela se déroule là-bas, chez moi ou dans un grand château. Cela resterait un mariage.
Ma chambre - temporaire - était simple mais assez intime. Nous n'avions pas droit, Elle et moi, de partager le même lit avant la lune de miel alors je l'occupais à moi tout seul.
J'attrapai rapidement ma veste en jean, mes clés de voiture et le colis fraîchement déposé par Lottie quelques semaines plus tôt avant d'enfiler mes chaussures ainsi qu'une casquette. Mes cheveux étaient parfois un grand désastre alors essayer de les discipliner était une perte de temps, sérieusement donc la meilleure solution était toujours de les enfermés sous une casquette ou une capuche.
Je n'étais pas sûr de ce que j'étais sur le point de faire ni pourquoi je le faisais mais la seule chose que je pouvais dire est qu'une chose au fond de moi - sans doute ma stupidité ou mon esprit chieur - me forçait à le faire.
Je ne savais pas si je devais m'enfiler les cigarettes avant de conduire jusqu'à ma destination ou de le faire qu'une fois arrivé à destination.
Très vite, je pris la décision de le faire dans l'endroit même. Ce serait plus drôle ainsi.
Bien-sûr, lorsque j'arrivai devant le bâtiment assez imposant et moderne que je semblais connaître comme la prunelle de mes yeux maintenant, je fus pris d'hésitation. Et si c'était plus bête que prévu ?
Il était près de 7h du soir et il faisait assez sombre alors il était facile pour moi de distinguer les lumières élégantes et discrètes qui étaient allumées à l'intérieur de la boutique. Pourquoi veillait-il aussi tard ? Les boutiques et tout le reste ne fermaient-ils pas tous à 6h du soir tapante ?
Je me résignai finalement à entrer, faisant retentir l'abominable tintement que je détestais tant, me mettant bien dans l'humeur que j'avais l'intention d'aborder.
Sauf que ni Helena ni Kelsey n'étaient là. Une pensée assez trash me passa à la tête... Et si le gars - Vince -, les avait vidées de leur sang ?
« - Elles sont rentrées, leur service pour la journée est terminé depuis déjà deux heures. » une voix me fit sursauter, je déposai ma main sur ma poitrine dans un geste assez sur joué.
Je me retournai, Vince était là, ne semblant pas du tout surpris de me voir dans son satané Dolce & Co.
« - A cette heure-ci, je ne prends mes clients que sur rendez-vous ou pour des essayages, ajouta Vince. As-tu pris rendez-vous ? »
Je soufflai d'agacement puis roulai dramatiquement mes yeux. Tout pour me faire sortir de mes gants.
« - Non, je n'ai pas de rendez-vous, » commençai-je en levant les yeux au ciel. « Mais je viens pour te rendre ton costume car j'ai l'impression qu'il ne me met pas assez en valeur... Je pense que tu l'as pas fini. »
Ce qui n'est pas totalement faux mais tout de même, j'aurais pu faire avec.
Alors, attendant sa réaction, je le fixai. Pendant une seconde, ses yeux me semblaient plus sombre mais lorsqu'il cligna ses paupières, ils brillaient.
Il sourit - bien trop sincèrement à mon avis pour qu'il soit justement sincère - en s'avançant vers moi.
« - J'aurais dû me douter que sans les mensurations de ta taille, la coupe aurait été raté. » rit-il mais je ne ris pas en retour parce que merde qu'est-ce qu'il y avait-il de drôle là-dedans.
Quelques secondes plus tard, nous nous retrouvions encore dans la pièce que je commençai finalement à apprécier à sa juste valeur.
La pièce ne sentait plus trop le renfermé, les motifs du papier peint était disons artistiques et puis la pièce était plus lumineuse.
Peut-être que l'arrière-boutique changeait par rapport à l'humeur de son propriétaire, qui sait ? Car Vince semblait plus épanouie que la dernière fois que j'étais passé. Ce qui était dommage, je n'étais sûrement pas venu pour le voir sourire tel un niais.
« - Pourquoi t'es aussi heureux ? » Je l'interrogeai une fois qu'il me demanda - avec un grand sourire lumineux - de me déshabiller comme la dernière fois.
Il haussa rapidement ses épaules. Il fredonnait également et la situation commençait à devenir vraiment étrange.
Un vampire souriant et fredonnait telle une sirène, n'est-ce pas flippant ?
« - Pourquoi je te dirais la raison de mon bonheur ?, il se contenta de répliquer.
- J'ai fait d'énormes efforts afin d'être poli envers toi, tu sais. » j'avançai.
Il se tourna dans ma direction et me détailla du regard.
« - Eh bien, tu pourrais également arrêter de prétendre que tu es un Alpha alors que tu es visiblement un Omega. Tu ne pourras pas garder ça secret plus longtemps, tu sais. »
Face à mon silence, il n'ajouta plus rien et retourna à ses occupations.
Je ne savais même pas ce qu'il fichait. Tout ce qu'il avait à faire était de reprendre mes mesures afin de les comparer avec celles qu'il avait déjà puis de vérifier la coupe de ma veste, rien de bien méchant. Alors pourquoi farfouillait-il dans ses placards.
« - Qu'est-ce-que tu cherches, en fait ?
- L'instrument qui me sert à prendre tes mensurations. Mais n'essaie pas de changer de sujet. »
Il me tapait sérieusement sur les nerfs.
« - Je ne suis pas un Omega. Ça n'existe pas, les Omegas mâles.
- T'en es la preuve vivante. Tu sens la petite femelle. »
Je soufflai de frustration. Le pire dans tout ça c'est que j'avais réussi à me débarrasser de lui mais je ne sais quel esprit m'a poussé à aller le retrouver.
Peut-être que fallait-il que j'en finisse une bonne fois pour toutes ?
« - Je t'invite à mon mariage. »
Pourquoi ai-je dit ça, sérieusement ?