- Tu vas devoir retirer tes vêtements.
Lorsque Vince a lancé ces paroles comme si elles s'agissaient d'une arme mortelle, j'ai brusquement reculé comme s'il venait de libérer des centaines de volt entre nous.
Je le regardais de la même manière dont on regarderait un alien. Il se contenta de me relancer mon regard en retour.
- Non, je finis par répondre catégoriquement au bout de quelques secondes à le fixer.
C'est pas du harcèlement sexuel, ça ?
Il soupira et croisa ses bras sur son torse.
- Quoi ? Tu as quelque chose à cacher ? rit Vince sournoisement et je sus qu'il voulait se prouver quelque chose.
Ou me prouver quelque chose à moi ? Je n'en savais rien et je ne voulais pas savoir. Je n'allais pas retirer mes vêtements, pas après les regards dégoûtants qu'il n'avait pas arrêté de me lancer depuis notre rencontre. Cet homme était mauvais et je ne voulais plus m'attarder autour de lui.
Je veux dire : ami de Lottie ou pas, il y avait quelque chose qui clochait à propos de lui - pas seulement le fait qu'il était un putain de suceur de sang -. Et s'il en profitait pour me vider de mon sang et cacher mon corps dans un de ses dressings flippants ?
J'imitai son geste mais en lui portant un regard hautain. Non mais pour qui il se prend. Mes bras croisés sur mon torse, le menton levé. Il leva un sourcil, un rictus ornant ses lèvres roses et pulpeuses. Je me redonnai contenance en soufflant.
- Non, je ne vais certainement pas me déshabiller devant une sangsue de ton espèce. Je m'en vais, je pestai.
- Jamie, je ne vais pas te manger, rit-il, comme si j'étais un putain de spectacle humoristique.
Heureusement que non. Je roulai mes yeux. C'est James, pour toi.
- Et puis, t'es un Alpha comme moi, de quoi as-tu peur ? il rajouta, levant les yeux, élargissant son sourire.
Je devins rouge. J'avais raison, il me prenait pour un Omega et là, il était ouvertement en train de se foutre de moi. Moi, Jamie Wilson, futur Grand-Alpha des Loups.
- Qu'est-ce-que tu insinues, là ? Que je suis un Omega caché ? je lâchai un de ces rires dont j'étais le seul à en connaître le secret, dédaigneux et affreusement provocateur.
Il haussa ses épaules.
- Peut-être que t'es bel et bien un Omega, et que tout ça, il déplaça son regard de ma tête à mes pieds avant de refaire le geste dans le sens inverse. Tout ça c'est du cinéma pour te protéger des grands méchants Alphas comme moi, il argumenta, semblant fier de lui-même, tellement qu'il leva fièrement son menton tel que je l'avais fait plus tôt, agissant comme s'il venait de me révéler plus que ce que je savais déjà.
Un long et lourd silence occupa la pièce avant que je n'éclate de rire sous son nez.
- T'es sérieux ? je riais toujours, presque plié sur moi-même. Je suis un Premier-Fils, tête de nigaud, et pour ta gouverne, les Omegas hommes n'existent pas !
Il renifla, visiblement énervé que je me foute de lui.
- Si, ça existe, cracha-t-il et je repris mon sérieux, le regardant de travers.
Cette conversation, surtout cette situation, était totalement inutile et n'arrêtait pas de tourner en rond. Or, je voulais rentrer chez moi, je priais pour sortir de cette boutique et ne plus jamais entendre parler ou revoir Vince Dolce. (Déjà, c'est quoi ce nom ? Dolce ? Sérieusement ? Je ne suis pas un expert en italien mais je suis certain qu'il est tout sauf dolce.)
- Si tu veux, ciao, je roulais des yeux, ne voulant pas m'éterniser.
Je tournai rapidement mes talons, ne le laissant pas en placer une.
Une fois ayant retrouvé la porte qui donnait sur la boutique - cet enseigne était un putain d'énorme labyrinthe, heureusement que j'avais un bon flaire pour tracer l'odeur de Lottie -, je retrouvai ma sœur qui discutait avec les deux vendeuses à la caisse. Logique.
Des rires emplissaient la pièce.
Je m'approchai d'elles, adoptant un sourire faux.
- Désolé de vous déranger, belles créatures, mais aussi intéressante que cette conversation devait-elle être, je me dois de vous interrompre, je lançai, pas du tout sincère, plutôt de manière ironique si vous voulez mon avis.
Celles qui devaient être Kelly et Miranda - ou Sherry et Marina, peu importe - me sourient hypocritement.
- Oh mais sans problème, répondit la brune d'une haute voix perchée et je faillis en perdre mes tympans tant elle était désagréable à l'ouïe.
- J'espère que vous allez revenir très vite, ajouta l'autre sur le même ton mais sans le sourire, seulement ses yeux étaient étincelants.
Les humains étaient trop étranges. Voilà pourquoi je ne les portais pas spécialement dans mon cœur ; même si je ne les haïssais pas autant que les vampires, ils restaient étranges.
Et maintenant, je détestais encore plus la race vampirique après les propos déplacés dont Vince avait fait preuve.
Cela faisait déjà près d'une semaine entière depuis notre visite chez Dolce & Co. Une semaine que ma sœur me boudait.
Après être rentrés à notre résidence vacancière, elle avait explosé sur moi, me hurlant que j'étais ingrat car j'avais décliné l'aide et le talent de Vince.
- Tu sais combien de temps j'ai dû supplier Vince pour qu'il puisse accepter de faire ta tenue ? avait-elle hurlé et je n'avais rien répondu car elle était déjà assez remontée pour que je puisse en ajouter davantage. Deux semaines ! Je l'ai supplié pendant deux semaines non-stop, Andy a même commencé à penser que j'avais une liaison tant que mon portable n'arrêtait pas de vibrer par les messages de refus de Vince ! Et quand il m'a dit qu'il me laissait une chance de m'aider, j'ai trouvé ça génial parce qu'il est putain de talentueux et il les fait bien, ses créations ! Et toi, au lieu d'être reconnaissant et d'accepter son aide, tu lui as déversé ton racisme immature à la figure et tu lui as fait faux bond, merci beaucoup.
Je n'avais rien à dire. J'étais pas mal ennuyé face à l'attitude de ma sœur. Lottie dramatisait toujours tout. Ce Vince devait même être reconnaissant de mon geste ; il semblait aussi ennuyé de m'habiller que je l'étais de le laisser mesurer mon corps à peine vêtu. Et puis, c'est quel genre de métier, ça ? Pervers ?
- Écoute, j'avais soupiré en me jetant dans une chaise de la cuisine. Merci beaucoup, Mini Moi, mais il y a des dizaines de créateurs tous plus doués les uns que les autres et beaucoup sont loups. Vince n'est pas la perle rare alors arrête d'en faire tout un plat.
Elle me fixa pendant quelques secondes avant de siffler :
- T'es qu'un idiot ingrat.
Je l'avais laissé faire, ne comprenant pas la réaction excessive de ma sœur.
Après, elle avait décidé de s'enfermer dans le mutisme afin de me faire culpabiliser.
Mais ça ne marchait pas ; je ne m'étais pas laissé influencer. J'avais donc été poussé à contacter maman pour lui demander son aide. Parce que malgré ma prétention à propos des dizaines de créateurs Loups, ce n'étaient que des paroles en l'air ; je ne connaissais aucun créateur.
- Hey, maman, j'avais soupiré au téléphone après que ma mère ait décroché.
- Oh, Mimi ? avait-elle soufflé, surprise. Ça va bien ? Comment avancent les préparatifs du côté de ta sœur ? Vous vous en sortez bien, là-bas ? Vous allez rentr-.
- Ma ! Tout va bien, j'avais sifflé, exaspéré. Je t'ai juste appelé pour te demander ton aide sur un truc.
- Oui, oui, bien-sûr, mon chéri, elle avait répondu.
Je lui avais donc demander de me refiler des noms et coordonnées de gens pouvant s'occuper de mon habillage pour le grand jour. Et comme c'était ma mère, elle avait voulu savoir pourquoi je lui demandais ça alors que Lottie devait se charger de me trouver un styliste. Et puis, j'ai fini par lui raconter à propos de Vince-le-vampire-étrange-et-détestable.
Contre toute attente, elle s'était rangée du côté de Lottie :
- Ta sœur s'est donnée du mal et tu sais comment est Lottie, si elle ne réussit pas ce qu'elle entreprend, elle se sent très mal. Tu devrais mettre ta fierté et ta grande gueule de côté et accepter de retourner chez Vince & Co car Lottie y tient.
Et Lottie ci, Lottie ça. Et puis, c'est Dolce & Co, mais je ne l'ai pas rectifié. A quoi bon ?
Pas étonnant que Lottie soit comme ça, avec une mère l'encourageant dans chaque caprice qu'elle entreprenait et un père plein aux as ainsi qu'un Alpha pouvant satisfaite chacune de ses demandes. Je levai les yeux au ciel. Quelle gamine pourrie gâtée, elle faisait.
Malgré tout, elle était ma sœur et elle avait des bons côtés. Et puis, je savais pertinemment que maman avait raison. Lottie avait vraiment l'air de s'être donnée du mal et si Vince était un connard voulant se faire désirer, ce n'était pas de sa faute.
Alors j'avais dû ranger ma grande gueule - les mots de ma mère - et aller annoncer à ma petite sœur que je voulais retourner chez Dolce & Co et le laisser prendre ces fichus mesures pour me confectionner ma tenue du mariage.
- Oh, Jamie ! Je t'adore, tu le sais ça ? m'avait-t-elle hurlé en sautant dans mes bras.
Alors, nous voilà, une semaine après, Lottie et moi, dans la pièce ridiculement affreusement décorée, en compagnie de Vince. À la demande de Lottie, j'avais dû m'excuser auprès de Vince de l'avoir traiter de «putain de sangsue» ou «suceur de sang» ou encore une autre merde qui aurait pu s'échapper de ma bouche en sa présence - sachant que j'ai pensé pire.
- Donc, tu es prêt à te mettre à poil devant moi ? avait-il rit.
Je pouvais très bien voir dans ses yeux qu'il pensait fort que j'étais un Omega, une erreur de la nature. Et ça me rendait furieux. Mais à chaque fois qu'une bonne et blessante insulte traversait ma pensée jusqu'à être prête à franchir mes lèvres, brûlant ma gorge, je me souvenais des paroles de ma sœur et je me taisais.
Et puis, il fallait vraiment inspecté cet homme. C'est réellement du harcèlement sexuel et de l'abus de pouvoir.
Mais, je suis un Alpha alors peu importe. Je peux le laisser regarder mon gros sexe, ça ne dérangerait pas au final.
- Ouais mais peu importe, fais ça vite, s'il-te-plait et évite de trop me toucher aussi, j'avais dit calmement, prenant sur moi pour ne pas laisser échapper un mot de plus.
Lottie me sourit, semblant me dire « ah bah voilà, quand tu le veux ! » et Vince était visiblement surpris de ma réaction quand je commençai rapidement à me dévêtir.
- Si tu veux prendre mes mesures, je suis bien obligé de me dévêtir devant toi, je haussai les épaules.
- Je vois que tout va bien, donc j'attends là-bas, tout comme la dernière fois, Lottie me sourit et sortit précipitamment.
Mais cette fois, je n'engageai pas la conversation avec Vince, évitant plutôt de croiser son regard.
Il sortit son long mètre - ou peu importe son vrai nom - et me demanda sourdement de lever les bras en l'air.
Pendant qu'il enroula le ruban autour de mon estomac, en dessous de mes épaules, je tentai d'ignorer le frisson traversant ma colonne vertébrale à cause de ses doigts longs et froids contre ma peau nue.
- Retourne toi et mets-toi de profil, me dicta-t-il d'une voix rauque et lointaine.
Et j'obtempérai, me laissant faire en ignorant son souffle contre mes cheveux.
Il fit ce qu'il avait à faire, pendant que j'étais concentré à contrôler mes sens, bloquant parfois ma respiration à cause de l'air étouffant qui m'empêchait de correctement alimenter mes poumons d'oxygène.
- C'est fini, j'ai tout ce qu'il me faut pour ce que j'ai à faire, avait-il soufflé, me fixant.
Je commençais peu à peu à cerner le personnage. Taquin mais inoffensif. S'il avait eu ses actes à la même page que ses paroles moqueuses, il aurait sûrement essayé de me toucher de manière inappropriée. Mais la prise de mesures s'était faite très efficacement et avec autant de professionnalisme possible.
Le problème, c'était en réalité moi.
J'avais en quelques sortes fini par être gêné par son touché bref mais nécessaire pour me mesurer. Les battements de mon cœur s'étaient accéléré, ma respiration était devenue haletante et mes jambes tremblantes. Ma peau me brûlait, la brûlure semblant être décuplée aux endroits où s'étaient attardés ses doigts.
Je ne me sentais plus du tout bien et je me demandais à quel moment tout avait vraiment pris cette tournure.
Brusquement, je me sentis faible et je fus pris de vertiges d'un coup alors que je me reculai, sous les yeux et les sourcils maintenant froncés de Vince.
- Jamie, ça va ? demanda-t-il, son regard étant passé à inquiet.
James, je voulus le corriger mais, non , ça n'allait pas du tout. Je sentais que j'allais tomber à tout moment mais j'étais bien trop fier pour l'avouer à Vince, alors je secouai positivement la tête en clignant des yeux, tentant de rétablir ma vue. Mais, lorsque j'ouvris mes yeux, elle fut pire. Vince semblait s'être multiplié par deux alors que mes jambes me lâchèrent.
Le sol était froid mais il devait être creux sous moi car je me sentis tomber mais jamais atterrir.
La voix grave et inquiète de Vince me parvint puis plus rien, le vide et l'obscurité m'enveloppèrent brusquement, coupant ma respiration et me laissant inconscient sur le carrelage froid de la pièce chaude.
NOTE:
Que pensez vous de la relation entre Vince et Jamie ?
(Personnellement, Jamie me tape sur les nerfs. Mais bon, faut qu'il soit détestable pour la suite.)