-Quoi ? De qui tu parles ? demandé-je, ignorante.
Il prend une brève inspiration mais ne se tourne pas vers moi pour autant.
-Élie, j'ai déjà eu des petites amies avant toi tu le sais n'est-ce pas ? s'enquit-il, légèrement dubitatif en jetant un bref coup d'œil dans ma direction.
J'acquiesce et le laisse poursuivre.
-Il n'y en a qu'une qui a vraiment compté jusqu'à toi. Nous sommes restés deux ans ensemble. se confie-t-il, d'une voix étonnement neutre.
Je reste hébétée par ce qu'il vient de m'avouer. Deux années avec une même fille, ce n'est pas rien. Pourquoi se sont-ils séparés ?
-Tu voudrais savoir pourquoi ça n'a duré que deux ans j'imagine ? m'interroge-t-il, comme s'il avait lu dans mes pensées.
-Je ne veux pas te forcer tu sais. répondis-je, d'une petite voix.
Il m'adresse un mince sourire et reporte son regard sur l'horizon.
-Nous nous étions disputés la veille de sa mission. Nous ne nous étions pas dis au revoir avant qu'elle parte le lendemain matin, alors que nous le faisions pour chaque mission et je pense que tu connais la suite. conte-t-il, ses muscles se crispent d'un simple mouvement. Je regrette tellement... Je sais, tu vas me dire que ce n'est pas ma faute mais je ne m'empêcher de me dire que si j'étais venu m'excuser après la dispute, elle n'aurait pas été tuée. dit-il enfin, quelque chose résonnait comme brisé dans sa voix.
Je ne sais pas ce que je dois ressentir à cet instant. De la tristesse par rapport à cette perte si importante pour lui ? De la jalousie même si cette fille n'est plus parmi nous ? Je ne ressens rien d'autre qu' une profonde envie de prendre soin de Jackson, de le protéger et de lui donner tout l'amour qu'il a perdu à partir du moment où il l'a perdue. Cet être, à l'apparence froid et dur, est en réalité un jeune homme brisé qui ne souhaite pas inquiéter ses amis.
Je m'approche doucement de lui et l'enroule difficilement de mes bras. Je pose ma tête contre son torse et, malgré moi, laisse couler quelques larmes. Cependant, elles ne sont pas totalement faîte de tristesse, il y a de la colère envers moi-même pour l'avoir jugé comme insensible. Il est la personne la plus forte que je connaisse. Je sens qu'il resserre mon étreinte et pose un tendre baiser sur le haut de mon front. J'entends les battements de son cœur cogner contre sa poitrine et son torse se soulever au rythme de sa respiration saccadée. Il doit sûrement ce retenir de pleurer, me dis-je.
Je décide de me détacher délicatement de lui, il comprend ce que je veux faire et me laisse me diriger silencieusement vers la porte. Lorsque je la referme dernière moi, je sais qu'il est en train de lâcher ce qu'il a sur le cœur et je sais qu'il en a besoin.
Je décide d'aller dans mon ancienne chambre. Je remarque que cela fait longtemps que je n'y ai pas mis les pieds. Cependant, rien a changé. Le lit, le bureau, les rideaux, la salle de bain, le dressing, tout y est. J'ouvre la fenêtre et m'avance sur le balcon. L'air glacé de la nuit me prouve belle et bien que nous sommes en hiver. Je jette malgré moi un coup d'œil vers le balcon de gauche et, remarque qu'il n'y a personne. Je me dis qu'il doit sûrement être retourné à l'intérieur et reporte mon attention vers le paysage qui s'étend devant moi. La nuit est sombre et froide, ce qui contraste sublimement bien avec les centaines d'étoiles dans les cieux qui elles, brillent de mille feu. Un souffle de rafale m'ébouriffe les cheveux et me donne la chair de poule. Je serre plus fort mon pull contre mon corps rafraîchi et adosse mes coudes sur la pierre pour admirer l'horizon quand soudain, un bruit sourd résonne d'entre les murs et provoque un léger tremblement. Je me redresse et regarde autour de moi, mais rien d'alertant.
Qu'est-ce que c'était ? je songe.
Tout à coup, le même bruit singulier retenti une seconde fois. Il semble s'être amplifié par rapport au précédant. Je commence à penser qu'il se passe quelque chose d'anormal.
Immédiatement, l'idée que les Crips aient choisit de nous attaquer ce soir me frappe de pleins fouet. Je me ressaisis et sors en trombe de ma chambre. Arrivée dans le couloir, il n'y a pas la moindre trace des Crips mais à la place, la quasi totalité des Bloods ont accourus et sont dans le même état paniqué que moi. On se regarde mutuellement les uns les autres quand brusquement, le bruit se reproduit une nouvelle fois. Cela ressemble à un marteau frappé contre un mur et tout le monde est rassemblé dans le couloir. Non, pas tout le monde.
-Jackson ! m'écrié-je, prise d'une peur sans nom.
Tout le groupe me regarde avec incompréhension tandis que je me rue vers la chambre de Jackson. Je l'ouvre à la volée tandis que les membres du gang tante de comprendre où je veux en venir. La vision qui se trouve devant moi me prend d'effroi. Une flaque de sang erre sur le sol tandis que le poing de Jackson s'acharne contre le mur. Son carnage provoque de faibles tremblements mais assez pour tous nous affoler. J'arrive quasiment à apercevoir les os entre la chair et le sang sur le dos de sa main. J'essaye de rester calme et m'avance progressivement vers lui pour l'arrêter avant qu'il ne détruise tous les os de sa main.
-Jackson ? fis-je, de ma voix la plus contrôlée possible.
Il semble enfin s'être rendu compte de notre présence et réalise ce qu'il se passe. Il regarde autour de lui, comme s'il ne se souvenait pas avoir fait ce massacre et repose son regard sur moi.
-Él.. Élie? dit-il, l'air troublé et dérouté.
Je remarque quelques larmes encore fraîches sur ses joues et commence à comprendre. C'est sa manière à lui d'exprimer sa tristesse. Il fallait qu'il se défoule. Je me tourne vers le reste du groupe qui assiste à la scène, et ne comprend toujours pas. Je leur fais signe de la main que tout va bien et Liam s'approche, accompagné de Harry.
-Alors mon vieux, on veut taper dans quelque chose ? Tu sais qu'on a une salle de boxe pour ça. lui dit-il, sur un ton rieur pour détendre l'atmosphère.
-Non attends, je sais ce qu'il te ferait du bien; un petit moment entre potes à se saouler. s'esclaffe Harry, en le prenant par les épaules et en le dirigeant vers la porte.
Il se laisse entraîné sans corrompre et, à l'instant même où ils ne sont plus dans notre champ de vision, les filles accourent jusqu'à moi, l'air interdit.
-Élie, tu sais ce qu'il vient de ce passé ? s'enquit Sydney, encore sidérée.
-Pourquoi Jackson était en train de frappé dans le mur au juste ? Excuse-nous hein, nous savions qu'il était violent et colérique mais qu'est-ce qu'y a pu le mettre dans cet état ? me questionne Maëlle, effarée.
-Nous avons parlé de son ex petite amie, ça lui a fait remémorer des souvenirs et je suppose qu'il avait besoin de se défouler pour exprimer sa peine. avoué-je, pennée pour Jackson.
-Oh... D'accord, je comprends. lâche Océane, en baissant le regard.
-C'est vrai qu'ils étaient ensemble depuis deux ans ? Comment est-elle décédée ? Si ce n'est pas trop indiscret. demandé-je, voulant découvrir plus d'informations sur cette pauvre fille.
-Oui, ils s'aimaient. À tel point que tout le monde croyait qu'ils allaient passé le reste de leurs vies ensemble. Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour te répondre car je n'étais pas là lors de la mission. Sydney, raconte, tu y étais je crois. confie Océane, bouleversée.
Je jette un coup d'œil vers Sydney mais cette dernière semble ailleurs. Océane lui donne un coup de coude et elle se ressaisit.
-Euh, oui désolée. Elle.. Elle a été tuée par le Boss des Crips. lâche-t-elle, son regard s'égarant dans le lointain.
Toute cette colère prenait enfin un sens. Jackson voulait la mort du Boss des Crips pour venger son amour perdu. Mais continuera-t-il jusque mort s'en suive ? Il m'a confié qu'il ne voulait pas me perdre comme il l'avait perdue, mais, une question reste en suspens dans ma tête. A-t-il passé à autre chose maintenant qu'il m'a rencontré ou suis-je qu'une simple petite amie comme toutes celles qui ne l'ont pas marqué ? D'ailleurs, je n'ignore comment elle s'appelait.
-Et comment s'appelait-elle ? demandé-je, subitement.
Elles s'échangent des regards douteux puis, une voix s'élève et brise le silence.
-Elle s'appelait Élia. C'est dingue, une seule lettre et tu lui ressemblais. répondit la voix glaciale et moqueuse de Sarah se tenant sur le seuil de la porte.