The Last Kingdom: Daegan

Chapitre 10 : Ragnar Le Jeune

Saison 2 - Episode 3

Son dos reposait contre la rugueuse écorce d'un arbre. Ses bras resserraient ses genoux contre lui. De légers gémissement secouaient son corps et perturbaient le calme de la forêt. Des pleurs d'enfant. Au centre du bois, sous le ciel nocturne, Daegan était seul. Lui, qui avait cru avoir trouvé, famille, foyer et amour, s'était tout fait voler par Guhtred. 

"Maudit ! Maudit soit t-il ! crachait l'enfant."

Il avait froid, il avait peur, il était haineux. Le garçon n'avait de cesse de penser à Uhtred et Halig ainsi qu'au sort qui leur était réservé. Esclave. Terrible avenir que celui-ci. Dagean ne parvenait à s'imaginer que jamais plus il ne reverrait les deux guerriers. Les malheureux mourraient de fatigue, de froid ou par le travail. Aucun esclave ne survivait bien longtemps. Séchant ses larmes d'un revers de la main, l'enfant songea qu'un petit feu serait de bonne augure, surtout si il était désireux de survivre une nuit de plus. Pour la suite, il verrait quel chemin se présenterait à lui.

Avec frénésie et belle application, Daegan frictionna du bois. Il y eut d'abord une drôle d'odeur, puis rien. Il recommença en refusant de s'avouer vaincu. La fumée s'invita cette fois, mais rien d'autre. Or, à force de persévérance, son travail paya. Un peu feu naquit. Le garçon l'alimenta et sentit son cœur se réchauffer. Uhtred aurait été fière de voir cette réussite. Il se remémora le jour où ils avaient rencontré Hild, deux années plus tôt, lorsque lui, le Danois, Leofric et Iseult, avaient fuit Winchester. Il se souvint ce grand feu qui avait été allumé. Rien à voir avec ses misérables flammes qui peinaient à le réchauffer en cet instant. Le garçon s'assit en tailleur et posa son menton sur sa main droite. Comme il aurait aimé que les beaux jours continuent. Et Sihtric? Où était t-il en cet instant? Et Hild? Et Dame Gisela? Il avait dû fuir si vite, qu'il ne s'était guère préoccuper d'autrui. Or, il ne pouvait pas rebrousser chemin, si les soldats de Guthred l'attrapaient, il sera fait esclave. Son unique espoir était de retrouver le chemin de Winchester et de retourner se nicher dans sa maison de fortune, au dessus de la taverne. Tel devait être son destin sans doute.

"Malheur! souffla t-il alors."

Son petit feu venait de s'éteindre. Se résignant, Daegan s'allongea dans les feuilles des arbres. L'automne s'approchait. Il remonta ses genoux contre son torse et enroula ses bras autour. Cette nuit, il dormirait dans le froid.

Durant dix jours, l'enfant erra sans grand but. Il se nourrissait des fruits que lui offraient les quelques buissons forestiers. Il ne pouvait chasser, sa dague étant restée à Eoferwic. Il était parvenu au matin du quatrième jour à faire un feu convenable mais qui ne dura pas la nuit entière. Il longeait les chemins sans les emprunter et sursautait au moindre bruit. 

Et ce matin là ne changea guère des autres. Il était encore seul. Manquant de lac et de rivière, Daegan plongea sa main dans une flaque d'eau qui se tenait sur le bord d'un chemin. Grand bien lui fit, elle était peu boueuse. Or, cette eau se mit alors à trembler. Des légers cercles se formaient en son creux et s'étendaient comme une bourrasque de vent. A sa gauche les cailloux commencèrent à sautiller avec joie. Le garçon posa son oreille contre le sol, comme le lui avait apprit Uhtred. Un bruit sourd et étouffé frappait la terre. Comme si une créature dormait dans les profondeurs. L'enfant ne comprit que trop tard qu'il s'agissait là d'une cavalerie. 

Il se retourna et les aperçus. Ils devaient être une dizaine tout au plus. Ne cherchant aucunement à connaître leur camp, Daegan sauta sur ses pieds et se mit à fuir à grandes enjambées. Il ne put se jeter dans les bords, ceux-ci étant épris de ronces. Comme une proie de chasseur, il courrait droit devant sur ce sentier qu'il avait tant évité. Les chevaux le talonnaient. L'enfant pouvait entendre leurs narines souffler et sentir l'odeur de leur cavalier. Ce fut après un léger virage que le garçon chuta. Son pied gauche avait glissé sur une pierre lisse et de tout son long, il était tombé. Les destriers l'entouraient. Craignant qu'on lui marche sur le corps, l'enfant se recroquevilla sur lui-même et attendit son sort s'annoncer.