The Last Kingdom: Daegan

Chapitre 18 : Un Fils Pour Une Fille

"Osferth! s'écria Daegan en remarquant la présence de ce dernier."

Le jeune moine, dont le rouge et la chaleur lui montaient cruellement aux joues, préféra grandement se retourner pour ne pas voir davantage que ce qu'il n'avait déjà vu. 

"Pardonnes-moi, je ne voulais pas te surprendre, je ne faisais que marcher, bafouilla Osferth."

Il ignorait si il devait rester ou partir, mais son instinct lui disait de ne pas bouger. Daegan voudrait sans aucun doute lui parler à cœur ouvert. Par ailleurs, il l'entendit sortir de l'eau et faire quelques pas dans la mousse qui bordait la rivière. Le neveu de Leofric ne disait mot, triturait ses doigts et maudissait sa balade en forêt. 

"Tu peux te retourner, dit timidement la voix de l'enfant d'Uhtred."

Avec lenteur, Osferth s'exécuta. Daegan n'était pas grandement habillée, seule sa chemise trônait sur ses épaules. Or, cela cachait l'essentiel pour l'instant. 

"Alors, tu es une fille? osa le jeune moine.

- Oui, dit t-elle en rabattant nerveusement une boucle ébène en arrière.

- Mon oncle le savait? 

- Non, tu es le premier à le découvrir. 

- Pourquoi? Pourquoi fais-tu croire à tout le monde que tu es un garçon? Le seigneur Uhtred pense que tu es son fils!"

Daegan soupira en tirant sur les manches de sa chemise, afin de se protéger un peu du froid de l'instant. Silencieusement, elle s'assit au bord de la rivière et y ramena ses genoux contre sa poitrine. Osferth, attendant ses réponses, se décida à prendre place à son coté. 

"Je n'ai pas eu le choix, commença la jeune fille d'une voix cassée."

Le jeune moine se fit la remarque que son timbre n'était pas le même. Son ton était plus doux, et plus aigu. Sans doute prenait t-elle une voix plus grave pour ne pas être démasquée. 

"Mère est morte lorsque j'étais très jeune, je me suis retrouvée à la rue, sans rien, continua t-elle. Je n'étais pas idiote, je savais bien ce qui arrivait aux filles qui se retrouvaient dans les allées des villes. Elles étaient violées, tuées facilement ou bien prise à l'auberge pour en faire des putains. J'ai dû me protéger de cet avenir. Les petits garçons de la rue sont bien souvent ignorés, alors je savais qu'il fallait que je devienne l'un d'eux. J'ai coupé mes cheveux, et mis de la terre poussiéreuse sur mon visage, j'ai troqué ma robe pour un pantalon et une chemise, puis j'ai essayée de survivre. Il a fallut que je fasse ma vie seule. Ensuite, j'ai rencontré Leofric qui m'a beaucoup aidé, qui a commencé à prendre soin de moi. Et après ça à été Uhtred. J'ai souvent voulu leurs dire qui j'étais réellement, mais je savais qu'en faisait cela, ils se sentiraient trahis d'avoir aimé un garçon qui n'existe pas et mes espoirs de devenir guerrier deviendraient vains. Alors j'ai préféré me taire et me dire que personne ne le découvrirait. Jusqu'à ce que tu arrives, Osferth.

- Je te comprends et ne te blâme pas, j'aurais sans doute fait pareil à ta place. Je te trouve vraiment courageuse d'avoir affronté ça seule, ça n'a pas du être facile tous les jours.

- Non, en effet, surtout que je commence à avoir le corps d'une femme. La tâche est plus difficile. Il me faut me bander la poitrine pour que l'on ne la distingue pas, même si je n'ai guère les seins d'une femme. 

- Maintenant que je te vois, tu as tous les traits d'une jeune fille.

- C'est pour cela que je mets de la poussière sur mon visage, ou que je prends une voix plus grave, autrement, mon secret aurait percé depuis longtemps. Osferth, je t'en prie, pour l'amour que tout deux portons à Leofric, ne dit rien aux autres. Personne ne doit savoir que je suis une fille.