Chapitre 48 : Le Pouvoir D'Edward

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Aethelstan avait peiné à dormir. Dans la petite demeure qu'il occupait avec les guerriers d'Uhtred, il avait ressentit le froid et une crainte indescriptible naissante entre ses tripes. La veille il s'en était allé voir son père, le Roi Edward, or les retrouvailles n'avaient guère été chaleureuses. Mais le garçon ne s'attendait pas à davantage, tout deux étaient de parfait inconnus. Cependant, cette rencontre avec le souverain du Wessex, la mort de Dame Aethelflaed, le chagrin de Daegan, avaient torturés ses pensées sans relâche. Ne tenant plus le lit, le jeune homme décida d'aller prendre l'air avant de retourner se coucher. Avec silence, pour ne point réveiller ses camarades, il ouvrit la porte mais ne put empêcher l'affreux grincement qu'elle chanta. Se frottant les yeux de fatigue, Aethelstan fut cependant happé par un étrange et curieux mouvement dans la ville endormie.

"Fermes la porte, je me gèle les miches, grogna Sihtric en remontant sa couverture."

Le garçon écouta l'ordre et referma aussitôt la porte, mais il ne put s'empêcher de parler de son profond ressentit et du mouvement peu habituel qui se produisait.

" Il se trame quelque chose, murmura t-il.

- Au lit ! insista le bâtard de Kjartan avec le ton ferme d'un père.

- Reposes-toi, Uhtred aura besoin de nous, marmonna Osferth avec le timbre de voix rauque par l'endormissement."

Fronçant les sourcils, le bâtard d'Edward s'apprêta à capituler et retourner sur sa couche lorsque, devant les fenêtres, des soldats avec des torches enflammées pressaient le pas. 

" Là ! Vous avez vu ça ? Debout ! hâta le garçon en secouant Sihtric.

- Non, c'est la bière qui te joue des tours, grommela ce dernier.

- Je t'assures que non, il y a des soldats.

- Va donc réveiller Daegan et laisses-moi dormir.

- Elle n'est pas encore rentrée, debout Sihtric !"

La main sur le pommeau de son épée, Aethelstan s'extirpa du petit foyer tandis que le bâtard de Kjartan capitula et daigna de se lever pour voir ce qu'il en était. Il aurait grandement préféré que sa sœur soit présente, car elle savait bien mieux gérer le jeune homme que lui. Frottant ses yeux, Sihtric sortit à son tour. D'un pas lent et trainant, il arriva sur le pas de la porte et observa le garçon regarder avec grand intérêt dans la rue. S'approchant doucement, il fit prendre peur à Aethelstan qui se retourna vivement vers lui en pointant sa lame dans sa direction.

" Attention à qui tu menaces ! répliqua le frère de Daegan en chassant l'épée d'un geste de la main.

- Des soldats, là ! montra le garçon en pointant du doigt une direction."

Il y avait effectivement une étrange dizaine de soldats qui arpentaient anormalement les rues à une heure bien trop matinale.

" C'est une attaque ? Le Roi est ici sans défense, dit le bâtard d'Edward."

Frottant ses mains sur son visage, Sihtric poussa un grand soupire avant d'observer les alentours. 

"Et merde, pesta t-il. Va prévenir Uhtred, je me charges des autres et ne joue pas au héros. Daegan me botterait le cul si il t'arrivait malheur. Tu as compris ? 

- Oui."

Le bâtard de Kjartan disparu dans le foyer, tandis qu'Aethelstan décida de n'en faire qu'à son idée. Reprenant fermement son épée dans sa main, il se décida à courir à la suite des soldats. Il ignorait encore si il allait les attaquer ou simplement les espionner. Remontant la rue en courant à pleine jambe, il remarqua que le jour commençait à se lever et que sa vision n'était plus obstrué par un voile sombre et désagréable. S'engouffrant dans une allée, il se trompa et ne tomba que sur un endroit sans issue. Jurant et rebroussant chemin, il finit par retrouver la trace qu'avait laissé le passage des soldats. Des piétinements étaient plus aisées à suivre que les traces d'un sanglier. Redoublant d'effort, il prit le tournant d'une rue et tomba face aux seigneurs de Mercie. Vêtu de cape et l'air soucieux, les hommes marchaient la tête baissée. Cependant, Aethelstan tressaillit en voyant que des hommes encapuchonné les prenaient à revers et les plantaient de leur fer. L'un de ces assassins se tourna auprès du bâtard d'Edward. Prit au piège, et ne s'attendant guère à se battre dans la minute, on lui attrapa le col avant de le plaquer contre un mur d'une maison pour lui presser une main sur la bouche, avant de le dépouiller de son épée. Au final, ce n'était pas lui qui avait trouvé le combat, mais le combat qui l'avait trouvé.

The Last Kingdom: DaeganWhere stories live. Discover now