Espoir.

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20 mars 1998, Manoir Malefoy, Wiltshire.


Le Seigneur des Ténèbres n'avait pas été très présent au Manoir ces derniers temps. Depuis plusieurs mois déjà, il était à la recherche de quelque chose. Bellatrix ignorait quoi. Tout ce qu'elle savait, c'était que cette chose obsédait son Maître.
Pour compenser son absence, peut-être, il avait ordonné à Queudver de servir les Malefoy. L'homme s'occupait principalement des prisonniers qui s'accumulaient dans les cachots. Il y avait eu Ollivander d'abord, puis la gamine Lovegood, dont le père dirigeait le journal Le Chicaneur qui avait tenu des propos bien trop insultants à l'égard du Seigneur des Ténèbres. Enfin, il y avait ce gobelin, Gripsec, qui avait été capturé il y a peu.
Bellatrix soupira. Tous ces détenus, et pas une seule trace d'Harry Potter.

La mangemort sentait bien que tout cela n'était que le calme avant la tempête. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de réelle mission. Mais elle savait pertinemment que cela ne saurait tarder. Bientôt, elle aurait regagné l'estime et la confiance de son Maître, et elle assurerait les missions de la plus haute importance, comme elle l'avait fait autrefois. Ce n'était qu'une question de temps avant que Potter soit trouvé, et éliminé.

Tout en continuant d'aiguiser sa dague, elle jeta un coup d'œil au berceau à côté d'elle. Delphini dormait paisiblement. Soudain, du bruit à l'étage d'en dessous attira l'attention de la sorcière. Machinalement, elle saisit sa baguette et coinça sa dague la large ceinture de cuir qui enveloppait sa taille, et sortit de la pièce. Plus elle s'approchait du salon, plus les voix lui parvenaient de façon distincte.

- Dans ce cas, celui-là est le jeune Weasley ! Ce sont eux, ce sont les amis de Potter... Draco, regarde-le, c'est bien le fils d'Arthur Weasley ? Comment s'appelle-t-il déjà ?

C'était la voix trainante de Lucius.

- Oui, c'est possible, répondit la voix éteinte de Draco.

Le cœur battant, Bellatrix ouvrit les grandes portes du salon et se figea net devant le spectacle. Un groupe de rafleur mené par Fenrir Greyback tenait fermement trois prisonniers. Elle s'en approcha à pas furtifs, lançant un coup d'œil rapide à sa sœur qui se tenait légèrement en retrait, aux côtés de Draco.

- Qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce qu'il s'est passé, Cissy ?

La brune tourna lentement autour des prisonniers, les scrutant de son regard acéré. Puis, elle s'arrêta devant la seule fille du trio et ses yeux s'agrandirent. La fille. Elle l'avait déjà vue. Sa tête était mise à prix, affichée dans toutes les rues de Grande Bretagne. C'était cette sale gamine qui avait été au Ministère avec Potter il y a deux ans.

- Ma parole, dit-elle à mi-voix. C'est elle ? C'est la Sang-de-Bourbe ? C'est Granger ?
- Oui, oui, c'est Granger ! s'exclama Lucius. Et à côté d'elle, on pense que c'est Potter ! Potter et ses amis enfin capturés !
- Potter ?

Bellatrix fit volte face, croyant que son cœur allait exploser tout à coup. Elle recula d'un pas pour mieux examiner le garçon aux cheveux bruns et au visage étrangement déformé à côté de la fille.

- Vous êtes sûrs ? Dans ce cas, le Seigneur des Ténèbres doit immédiatement en être informé ! dit-elle d'une voix perçante en remontant sa manche gauche, dévoilant sa Marque des Ténèbres imprimée au fer rouge dans sa chair.

Enfin, pensa-t-elle. Je vais livrer Potter à mon Maître bien-aimé, et il saura alors que je suis et que j'ai toujours été son plus loyal et meilleur lieutenant. Tout va s'arranger. Je vais...

- J'étais sur le point de l'appeler ! protesta Lucius en refermant sa main sur le poignet de Bellatrix, l'empêchant de toucher sa Marque.

La brune lui lança un regard assassin, mais n'eut pas le temps de rétorquer que l'homme continuait déjà.

- Je vais m'en occuper moi-même, Bella. Potter a été amené dans ma maison, il est donc placé sous mon autorité.
- Ton autorité ! répliqua Bellatrix avec mépris en essayant de dégager son bras. Tu as perdu toute autorité quand tu as perdu ta baguette, Lucius ! Comment oses-tu ? Lâche-moi !
- Tu n'as rien à voir, ce n'est pas toi qui l'as capturé...

Un petit raclement de gorge se fit entendre, et Greyback fit un pas en avant.

- Je vous demande pardon, monsieur Malefoy, mais c'est nous qui avons attrapé Potter et c'est nous qui allons réclamer l'or...
- L'or ! s'esclaffa Bellatrix, qui s'efforçait toujours de libérer son poignet, sa main libre tâtonnant dans sa poche pour attraper sa baguette. Prends donc ton or, immonde charognard, qu'ai-je à faire d'un peu d'or ? Je ne cherche que l'honneur de sa... de...

Bellatrix cessa alors de se débattre, son regard sombre fixé sur un objet qu'un des Rafleurs tenait fièrement entre ses doigts. Ravi de la voir capituler, Lucius remonta sa propre manche et s'apprêtait à poser ses doigts sur sa Marque quand sa belle-sœur le coupa dans son élan dans un hurlement.

- ARRÊTE ! N'y touche pas, nous allons tous périr si le Seigneur des Ténèbres arrive maintenant !

Lucius se figea, et Bellatrix marcha dangereusement en direction du Rafleur qu'elle n'avait pas quitté du regard.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? siffla-t-elle.
- Une épée, grogna l'homme.
- Donnez-la-moi.
- C'est pas à vous, m'dame, c'est à moi, c'est moi qui l'ai trouvée.

Le rafleur se prit le sortilège de stupéfixtion de Bellatrix en pleine figure et s'écroula à terre sous le rugissement de fureur de ses compères. L'un d'entre eux, un dénommé Scabior, porta la main à sa baguette et grogna en direction de la sorcière :

- À quoi jouez-vous ma p'tite dame ?
- Stupéfix ! hurla Bellatrix en retour, envoyant son adversaire à l'autre bout de la pièce. Stupéfix !

Même à quatre contre une, aucun n'était de taille à résister aux dons prodigieux de Bellatrix. Sous la rage, et sous la peur, la sorcière était plus dangereuse que jamais. Elle attrapa à la volée l'épée de Gryffondor, et força Greyback à se mettre à genoux devant elle sans même prononcer d'incantation. D'une démarche féline, elle s'approcha du loup garou et s'accroupit devant lui.

- Où as-tu pris cette épée ? murmura-t-elle en lui arrachant sa baguette sans qu'il puisse opposer de résistance.
- Comment osez-vous ? gronda-t-il, sa bouche restant la seule partie de son corps encore mobile. Relâchez-moi ma p'tite dame !
- Où as-tu trouvé cette épée ? répéta-t-elle en la brandissant sous son nez. Elle était censée être dans ma chambre-forte à Gringotts !
- Elle était dans leur tente, grogna Greyback de sa voix râpeuse. Je vous ai dit de me relâcher !

Elle donna un coup de baguette et il se releva d'un bond mais semblait trop méfiant pour l'approcher. Il alla se réfugier derrière un fauteuil, ses ongles crasseux et recourbés s'enfonçant dans le dossier.

- Draco, fiche-moi cette vermine dehors, lança Bellatrix en indiquant les compagnons inconscients de Greyback. Si tu n'as pas assez de courage pour les achever, laisse-les-moi dans le jardin.
- Ne parle pas à Draco sur ce... protesta Narcissa, furieuse.
- Tais-toi ! La situation est plus grave que ce que tu ne peux l'imaginer, Cissy ! Nous avons un problème sérieux !

Haletant légèrement, elle resta debout à contempler l'épée, examinant sa poignée. Les instructions que lui avait donné le Seigneur des Ténèbres des décennies plus tôt résonnaient encore dans son esprit. « Il est primordial que personne ne puisse l'approcher, tu comprends ? ». Lord Voldemort lui avait commandé de déposer un objet qui lui était précieux dans son coffre-fort. Il lui avait commandé de placer une coupe en sécurité, à Gringotts. « S'il arrivait quelque chose à cette coupe, si tu échouais à la placer en sécurité, je veux que tu saches que je te tuerai de mes propres mains et que tu connaitras une souffrance dont tu ne soupçonnais même pas l'existence ».
Si le Seigneur des Ténèbres voyait que l'épée de Gryffondor n'était plus dans le coffre, alors il saurait que quelqu'un s'était approché de la coupe. Il saurait que Bellatrix avait failli à sa mission, et il la tuerait. Il les tuerait tous.

La sorcière se tourna lentement vers les prisonniers silencieux.

- Si c'est vraiment Potter, il ne faut lui faire aucun mal, marmonna-t-elle, plus pour elle même que pour les autres. Le Seigneur des Ténèbres souhaite s'en débarrasser lui-même... Mais s'il découvre... Il faut... il faut que je sache...

Bellatrix regarda à nouveau sa sœur.

- Enfermez les prisonniers dans la cave pendant que je réfléchis à la façon dont il convient d'agir !
- Nous sommes dans ma maison, Bella, tu n'as pas d'ordre à donner dans ma...
- FAITES CE QUE JE VOUS DIS ! Vous n'avez aucune idée du danger que nous courons ! hurla Bellatrix, faisant jaillir un mince filet de feu de sa baguette qui brûla le tapis en y laissant un trou.

Narcissa hésita un instant, puis s'adressa à Fenrir :

- Emmenez ces prisonniers à la cave, Greyback.
- Attends, coupa sèchement Bellatrix qui souriait désormais avec malveillance. Tous, sauf la Sang-de-Bourbe...

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingWhere stories live. Discover now