Occlumancie.

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- Tellement belle, tellement intelligente, tellement attrayante... Oh, Bella, tu es géniale, dit Bellatrix à son reflet dans la glace avant d'aller s'affaler sur son lit.

La sorcière venait de sortir du bain le plus long de sa vie, qu'elle avait amplement mérité après avoir été envoyée tuer un couple de moldus dans le Yorkshire. Comme à son habitude, la tueuse avait mêlé « efficacité et style » en laissant les deux cadavres pendus devant leur maison, la Marque des Ténèbres bien en évidence au-dessus du foyer.
Elle était enveloppée dans sa serviette de bain, ses cheveux bruns encore humides étalés autour d'elle comme une auréole, quand Voldemort fit son entrée dans la chambre. La mangemort se releva en sursaut, laissant tomber sa serviette dans l'action. Elle poussa un petit cri de surprise et se précipita pour la remettre en place. Le Seigneur des Ténèbres lui lança un regard amusé, mais ne se gêna pas pour s'installer à côté d'elle, sans lui laisser l'occasion d'aller s'habiller correctement.
Bellatrix était rouge écarlate, et fit une révérence maladroite à son Maître. Ce dernier avait retrouvé son air sérieux.

- Rufus Scrimgeour a remplacé Fudge au poste de Ministre de la Magie, dit-il d'une voix glaciale. Il essaye de faire bonne figure en procédant à des arrestations arbitraires de pauvres innocents. Tous les sorciers de Grande Bretagne vont apprendre à le détester.
- Je devine que c'est une bonne chose... mais, ne devions-nous pas placer l'un des nôtres à la tête du gouvernement ?
- Après mûre réflexion, j'ai conclu qu'il était encore tôt pour cela... Mon retour vient à peine de devenir notoriété publique, il est plus sage d'attendre que l'instabilité s'ancre plus profondément avant de tout renverser. Nous ne reconstruirons que plus efficacement la société magique après cela.
- Combien de temps devrons-nous attendre dans ce cas ?
- Tout dépend. À vrai dire, cela dépendra aussi et surtout du temps que met ton neveu à tuer Dumbledore...s'il y arrive.
- Il y arrivera, assura Bellatrix, l'air convaincue. Il a du sang Black.
- Oui, il a du sang Black, en effet, répondit doucement Lord Voldemort. Comme ton cousin, Sirius, traitre à son sang. Comme ton cousin Regulus, qui a tenté de s'enfuir. Comme ta sœur, Andromeda, qui a épousé un sang-de-bourbe et donné naissance à une sang-mêlée devenue auror.
- Ces gens là ne sont pas de ma famille, répliqua Bellatrix. Moi, moi, je suis une véritable Black. Je suis pure, et je sais ce qui est bon pour ma communauté. Moi, je vous suis fidèle depuis le début, et Draco prendra le même chemin.
- Il vaudrait mieux, Bella, répondit Voldemort, le visage sombre. Il va falloir que tu l'aides.
- Que je l'aide ? Il est impossible pour moi d'entrer à Poudlard, répondit la brune.

Le Seigneur des Ténèbres soupira. Faisait-elle exprès ?

- Je ne te demande pas d'entrer à Poudlard, répondit-il d'un ton exaspéré. Dumbledore est un puissant legilimens. S'il arrive à lire l'esprit de Draco, ton neveu ne parviendra jamais à accomplir sa mission.
- Vous voulez que je lui apprenne l'occlumancie.
- Le plus rapidement possible, répondit Lord Voldemort.
- Nous nous y mettrons dès demain, Maître.

Bellatrix remarqua qu'il la regardait maintenant avec une lueur étrange dans les yeux, et que son regard parcourait librement sa forme entière. Elle devint plus rouge encore, et se sentit soudain très embarrassée d'être dans une tenue aussi légère devant son Maître. Elle voulu bredouiller des excuses mais rien ne sortit de sa bouche, si ce n'est un gémissement étrange.

- Approche.

La mangemort avala difficilement sa salive, et eut l'impression que tout son corps s'était engourdi d'un coup quand elle réduisit la distance qui la séparait de Lord Voldemort à quelques centimètres. D'un geste de la tête, il l'invita à s'asseoir sur ses genoux. Bellatrix passa une jambe de chaque côté de ses cuisses, et se retrouva à califourchon sur lui, haletante. D'un geste de la main, Voldemort fit disparaître sa serviette de bain dans le néant, sous le regard stupéfait de sa servante qui tenta tant bien que mal de cacher son corps. Voldemort repoussa doucement les bras qu'elle avait ramenés contre elle et l'observa en silence. Il passa lentement sa main dans ses cheveux, puis sur sa nuque, et enfin sur sa poitrine.

- J'ai pensé à quelque chose ces derniers temps, dit-il à mi-voix, parcourant toujours le corps de Bellatrix de son regard pourpre. Un sujet...complexe...

Bellatrix, les yeux à moitié clos, ne répondit rien, trop occupée à ressentir chacune des caresses de son Maître. Les mains de ce dernier descendirent jusqu'au bas de son dos, allèrent sur ses hanches.

- Je suis l'héritier de Salazar Serpentard, continua le mage noir.

Cette fois, Bellatrix avait prêté attention, et ne voyait pas du tout où Voldemort voulait en venir. Elle haussa un sourcil, montrant son incompréhension. Voldemort plongea son regard dans le sien, et passa le bout de sa langue sur ses lèvres.

- Peu importe, dit-il enfin, chassant ses pensées d'un geste de la main.

Bellatrix sentit alors quelque chose de dur en dessous d'elle, et ses yeux s'écarquillèrent quand elle réalisa ce que c'était. Voldemort su ce qui avait traversé l'esprit de sa servante sans même avoir eu à lire ses pensées, et un sourire narquois se dessina sur ses lèvres.

- Oui, j'en ai une, et oui ; elle marche.

Bellatrix eut aussitôt l'impression que tout son corps était en feu, et avant même qu'elle puisse empêcher les mots de s'échapper d'entre ses lèvres, elle dit à son Maître :

- Prouvez-le.


****


Narcissa avait remarqué que Bellatrix était particulièrement rayonnante ce matin là. La brune s'était levée de bonne heure et avait préparé le petit-déjeuner de tout le monde en chantonnant dans la cuisine. Sa petite sœur, elle, s'était levée sans un mot et avait erré dans le Manoir comme un zombie, sans aucune activité pour la distraire. Finalement, elle s'était assise à table et Bellatrix lui avait servit un bol de porridge.

- Tu prenais tout le temps ça quand tu étais petite, dit la mangemort. J'espère que tu aimes encore.

Narcissa ne prenait plus de porridge depuis des années.

- Oui, merci.
- J'ai coupé des pommes pour Draco, mais il n'est pas descendu je crois. Il part quand chez les Parkinson déjà ?
- Dans trois jours.
- Ah. Il va falloir annuler, dit Bellatrix en haussant les épaules.
- Quoi ? s'offusqua Narcissa. Pourquoi cela ?
- J'ai des trucs à lui apprendre.
- Des trucs ? répéta Narcissa les dents serrées.
- Hmm.
- Et bien, qu'est-ce ? s'impatienta la blonde.
- Ce ne sont pas tes affaires, répliqua la brune.
- C'EST MON FILS ! hurla Narcissa.

Bellatrix eut un mouvement de recul, surprise par la soudaine agressivité de sa petite sœur.

- C'est bon, détend-toi. Il ne va rien lui arriver.
- Je vais aller voir Rogue, dit soudain Narcissa d'une voix blanche.
- Ce sale rat ? Pour quoi faire ? demanda Bellatrix avec une grimace indignée.
- Il est chef de maison, il protègera Draco, murmura Narcissa.
- Il ne protègera rien du tout, siffla Bellatrix. Draco n'a pas besoin de tant d'aide, et encore moins de l'aide d'un sale traitre comme Rogue.
- Ce n'est pas un traitre, c'est un agent double, tu le sais très bien.
- Nous avons déjà eu cette conversation cent fois, Cissy, tu sais pertinemment ce que je pense de lui. On ne peut pas lui faire confiance. Et puis, le Seigneur des Ténèbres nous a interdit de parler du plan à qui que ce soit.
- Tu sais que ma famille passe avant tout, Bella, siffla Narcissa. Dis ce que tu veux, j'irai voir Rogue, avec ou sans toi.
- Par Merlin, Cissy, tu as perdu la tête ! s'écria Bellatrix.

À ce moment là, un raclement de gorge se fit entendre derrière les deux sœurs qui se retournèrent en même temps. Draco était descendu.

- Ah ! Mon neveu, dit Bellatrix avec un grand sourire. Prends un petit déjeuner solide, et retrouve-moi dans ma suite, veux-tu ? J'ai quelque chose à te montrer.
- D'accord.

Satisfaite, Bellatrix lança un regard hautain à sa sœur, et se rendit dans ses appartements. Draco ne tarda pas à la rejoindre.

- Ah, tu es là, dit-elle en allant vers lui. Tiens, assieds-toi. Là.

Draco prit place dans un fauteuil, l'air de ne pas savoir quoi faire.

- Tu voulais me montrer quelque chose ? demanda-t-il.
- Oui, enfin ; je voulais plutôt te partager quelques...connaissances.
- Ah.
- As-tu déjà entendu parler de l'occlumancie, Draco ?
- Je ne suis pas débile, railla le garçon.
- Ah oui ? Et bien, puisque tu sembles tout savoir, voyons si tu arriveras à fermer ton esprit à ta tante préférée, dit Bellatrix avec un sourire effrayant, en levant sa baguette vers son neveu. Legilimens.

Tout à coup, des dizaines d'images parvinrent à la sorcière. Elle vit Lucius et Narcissa qui offraient des cadeaux à leur fils, Poudlard, la Salle Commune de Serpentard, deux garçons à l'air ahuri, Pansy Parkinson qui se moquait d'un groupe de Poufsouffle, une jolie fille dans une robe de bal rose, Harry qui attrapait un vif d'or. Elle vit aussi Draco qui se battait avec un rouquin, Pansy qui hurlait sur Draco, et Harry qui défiait Draco dans un duel. Elle vit Draco qui pleurait en apprenant ce qui était arrivé à son père, et décida qu'elle en avait assez vu.

- Pour un legilimens comme Dumbledore, ton esprit est un livre ouvert, déclara la mangemort.

Draco semblait épuisé, nauséeux.

- Si tu veux fermer ton esprit aux intrusions, il faut que tu apprennes à effacer toutes tes émotions. Il faut faire le vide à l'intérieur de toi même. Tu ne dois plus rien ressentir. Tu peux faire ça, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Alors essaie. Imagine... un océan noir, sans aucune vague, sans aucune brise, sans aucun bruit. Je ne veux voir que cela lorsque j'entrerai à nouveaux dans ton esprit.
- D'accord, répondit Draco qui semblait déterminé.
- Prêt ?
- Prêt.


****


Bellatrix et Draco passèrent des heures à s'entrainer. L'adolescent faisait des progrès, et sa tante devait avouer qu'il avait des prédispositions en la matière. À vrai dire, peut-être même qu'elle n'aurait pas besoin de le réquisitionner une semaine durant, après tout. Draco avançait vite, il était doué pour l'occlumancie. Cela dit, il avait un bon professeur. Bellatrix avait maîtrisé cette forme de magie en une seule soirée, lorsque Lord Voldemort l'avait formée à devenir mangemort. C'était un honneur et une fierté pour elle de transmettre ce savoir au fils de Narcissa, surtout lorsqu'elle savait que c'était ce même savoir qui allait être mis au service du Seigneur des Ténèbres afin de tuer Albus Dumbledore.
Bellatrix n'avait jamais aimé Dumbledore. Elle le haïssait, même. Elle était contente que ce soit Draco qui ait été choisi pour l'éliminer une bonne fois pour toute.


De l'autre côté du Manoir, Narcissa angoissait. Seule dans son immense salon, juste accompagnée d'une bouteille de vin rouge, elle ruminait. Lucius en prison. Draco en mission suicide. Bellatrix qui refusait d'entendre la vérité. Elle n'avait pas le choix.

Elle devait désobéir au plus grand mage noir de tous les temps.


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Bonsoir,

Je vous préviens : le prochain chapitre existe déjà dans les Harry Potter. Je vais être obligée de faire des copié-collés dans ce tome. J'espère que ce sera pas redondant, perso j'apprécie relire les passages avec Bellatrix ou Narcissa.

Bonne lecture,
Altaïr.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingWhere stories live. Discover now